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0306725/11/1947CHATELLERAULT

OUI LA MANUFACTURE D’ARMES EST RENTABLE

L’atelier central de la Manufacture comprend trois sections (Mécanique générale, outillage et précision). Quel est leur activité ?

Une partie importante de ces sections est consacrée à l’entretien des fabrications de série, néanmoins on exécute aussi des commandes assez importantes pour la SNCF, les sociétés aéronautiques, l’industrie automobile, etc. La section outillage effectue aussi la fabrication en série de tarauds et filières.

L’atelier de réparation automobile a d’avril à septembre 1947 effectué la remise en état complète de 105 camions et 5 motocyclettes ainsi que la réparation de 40 systèmes de freinage « Lokheed Hydrowac », cette dernière opération s’effectue d’ailleurs maintenant en série.

Une émotion justifiée

Possibilités importantes telles pourraient se résumer les lignes qui précèdent. Pour ce, on a cherché à développer le secteur production en faisant rentrer dans ce secteur depuis janvier 1944, 139 ouvriers improductifs.

Mais ceci ne s’avéra pas suffisant et l’on envisagea même l’embauchage de 200 ouvriers.

On comprend avec quelle stupéfaction et quelle émotion tout à la fois, fut accueillie l’éventualité de mesures restrictives.

La manufacture est rentable

La rentabilité des Établissements d’État et partant de la Manufacture semblait de ce fait être mise en doute, elle le fut même dans certains organes de presse.

Est-il exact que la Manufacture ne soit pas rentable ? Le premier bilan de la commande des 100 premières mortaiseuses Guillet, fait apparaître un bénéfice approximatif de 15.000 fr par machine. En ce qui concerne le fusil de chasse M.A.C., tous frais généraux et bénéfice compris, le prix de revient est de 8.258 fr alors qu’il est vendu 15.900 fr aux particuliers et 13.515 fr aux armuriers.

En défalquant les diverses taxes versées normalement par l’industrie privée nous arrivons à un super bénéfice pour l’État de 3.381 fr dans le premier des cas et de 1.743 fr dans le second.

L’énoncé de ces simples chiffres est assez éloquent, la Manufacture Nationale d’Armes de Châtellerault est rentable. Une compression du personnel irait donc à l’encontre des intérêts tant de l’État que de la ville de Châtellerault. Souhaitons qu’en haut lieu on soit revenu à des conceptions plus justes que celles qui se sont fait jour des derniers mois. Il semblerait que les avis qualifiés qui se sont manifestés aient été pris en considération.

D’espoir ceci, espérons-le, deviendra bientôt une certitude. Ainsi notre Manufacture, délivrée des menaces qui ont été suspendues sur elle, pourra continuer donc son effort en faveur du rééquipement national pour le plus grand bien du pays et de la ville de Châtellerault, dont le développement et l’existence même sont intimement liés à sa prospérité.

P. Renaud

N.D.L.R. - Après que cet article eut été écrit nous sont parvenues deux nouvelles risquant d’avoir une incidence sur l’avenir de la Manufacture : l’un sur le plan local, la création par le syndicat général de la M.A.C. d’un Comité de défense de l’Industrie Nationale et de la République et l’autre sur le plan national : le remaniement du Ministère. Le premier fait vient confirmer la motion adoptée au mois d’octobre et dans laquelle le personnel s’était déclaré hostile à toute atteinte portée à notre établissement national. Les concours ne manqueront pas pour défendre son indépendance et empêché qu’il soit aliéné par le capital privé. Quant aux conséquences du second fait elles sont encore imprévisibles. La nouvelle formation gouvernementale reconsidérera-t-elle sa politique vis à vis des établissements nationaux ? On ne saurait encore le dire. Gardons néanmoins confiance, mais soyons vigilants.

 

 

le 25/11/2020 à 11:48

Source : Le Libre Poitou

activité, métallurgie, comité de défense

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