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0030222/05/1904POITIERS

Grève des ménaciens - position des ouvriers

UNE GRÈVE À POITIERS

Nous avons reçu la lettre suivante :

"Monsieur le Directeur,

"Dans une lettre qu'il vous adresse M. Wells prétend que ce n'est que pour des motifs futiles et que pour obéir à des prétendus meneurs, que nous aurions cessé le travail chez lui depuis lundi.

"Nous devons protester et tout le monde comprendra qu'il nous a fallu de graves motifs pour que tous à l'exception du contremaître et des apprentis, que travaillant pour la plupart depuis plus de vingt ans chez M. Wells, nous avons pris spontanément la décision de cesser le travail.

"Nous n'avons jamais contesté à M. Wells la liberté de faire travailler qui bon lui semble mais d'un autre côté, nous qui sommes ses collaborateurs depuis de longues années et à qui il ne peut faire et n'a jamais fait aucun reproche, contre lesquels il ne peut avoir aucun grief, qui ne lui avons jamais, en toutes circonstances, ménagé notre dévouement, nous voyons notre stabilité compromise ainsi que la paix à l'atelier, ce que nous tenons le plus, quand nous savons qu'avec cet homme nous ne pourrons plus accomplir notre travail consciencieusement comme nous l'avons fait jusqu'à ce jour, nous avons bien le droit de protester contre cette situation en cessant le travail.

.../...

M. Wells sait mieux que personne dans quelles conditions M. Delhomme a dû quitter son atelier, les vexations sans nombre que ses ouvriers avaient à subir et dont il fut lui-même victime, il sait également dans quelles conditions il dut quitter les ateliers des chemins de fer à Saintes et fut envoyé en disgrâce, il sait aussi les raisons qui le firent partir de l'usine de tramways électriques de Poitiers où les ouvriers durent menacer de cesser le travail à cause de ses agissements et que la direction leur donna raison et envoya M. Delhomme à Saint-Quentin où il voulut essayer de recommencer ses exploits, ce qui le fit remercier par la direction.

M. Wells ne peut nier qu'à plusieurs reprises et dans diverses circonstances il a déclaré à bon nombre d'entre nous qu'il ne voudrait à aucun prix le reprendre dans ses ateliers. Nous ne voulons pas approfondir les motifs qui ont fait changer M. Wells d'avis. Nous constatons qu'à des hommes qui, pour la plupart sont des collaborateurs depuis plus de vingt ans, qui lui ont toujours été dévoués il préfère un homme avec lequel il nous est impossible de pouvoir travailler consciencieusement.

C'est avec regret que nous avons vu M. Wells prendre cette détermination sur laquelle, nous l'espérons, il reviendra et alors, comme par le passé, nous reprendrons notre travail avec conscience et dévouement en oubliant cet incident qui, un instant, a troublé les bonnes relations que nous avons toujours eues avec M. Wells.

.../...

Adopté en réunion générale le samedi 21 mai. La commission.

 

 

le 13/02/2020 à 18:41

Source : L'Avenir de la Vienne

syndicat, métaux, ferblantiers, grève, mécaniciens

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