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A démontré aux instituteurs M. Pouilloux

Le syndicat départemental de l’Enseignement a pris dans les personnes de ses dirigeants le bâton de pèlerin pour informer ses membres de la crise syndicale actuelle et faire entendre la voix de l’unité.

Jeudi matin, dans la salle de la Mairie de Montmorillon, M. Pouilloux, secrétaire de cet organisme, a longuement et simplement tenu devant une vingtaine d’institutrices et instituteurs le langage propre à un vieux syndicaliste cent pour cent. Après avoir excusé M. Vigier, secrétaire de l’Union départementale des syndicats CGT de la Vienne qui a le droit, statutairement et le devoir, de veiller à la bonne marche de ces syndicats. M. Pouilloux ajouta qu’il y avait d’ailleurs tout à gagner à un contact entre ouvriers et enseignants. Ne sont-ils pas, eux aussi, des ouvriers ? Nous vivons, poursuivit-il, la période la plus grave que pour ma part j’ai vécue, le vote à émettre sur l’unité ou la scission est le plus grave.

Pourquoi sommes-nous à la veille de nous séparer ? Nos traitements dépendent des salaires en vigueur dans la métallurgie de la région parisienne. Nos intérêts matériels sont par conséquent étroitement liés à ceux de tous les travailleurs. Nous avons besoin de tous les républicains, de tous les démocrates, pour défendre nos libertés, la laïcité, la République.

Ayant rappelé l’article 1 de la centrale syndicale qui vise la disparition du salariat par une révolution qui n’a pas besoin de tout mettre à feu et à sang, il constata que la IVe République, étape sur cette voie, est menacée.

Le grand obstacle à la menace de guerre, c’était la CGT. Le seul moyen d’enlever cet obstacle c’est la scission dont l’idée vient de l’étranger.

M. Pouilloux considéra que certainement des gens sont achetés, que dans cette scission il y aura des (?) et en grand nombre des braves gens.

Il en vint ensuite à la critique principale, le reproche fait à la CGT de subir des influences politiques, pour répondre « oui, peut-être c’est mon sentiment. N’ayant jamais appartenu à un parti politique, je le regrette, mais je n’ai jamais « songé à quitter la CGT. Il constate d’ailleurs que ceux qui se réclament d’un syndicalisme indépendant sont membres d’un parti politique. Leur action est hypocrite et criminelle.

Selon l’orateur, ceux qui sont partisans de « Force Ouvrière » acceptent de se maintenir à la CGT si une majorité se prononce pour. L’expression de leur tendance au sein de ce syndicat unique serait conforme à la démocratie. Si une grande assemblée pouvait être tenue à Poitiers, M. Pouilloux est bien sûr que les uns et les autres seraient bien prêts d’être d’accord. Il fait l’impossible pour que la scission qui ne soit pas faite ne se fasse pas. L’unité n’est possible que dans la CGT et c’est la seule solution qui soit conforme à nos intérêts.

A son défaut, l’autonomie syndicale qui compte trois sortes de partisans serait un moindre mal mais un grand mal et un échec.

En terminant le représentant syndical recommande en conséquence l’unité fédérale, l’obéissance non plus au cœur mais à la froide raison. Il se déclare convaincu que l’immense majorité est sincère et restera à la CGT. Nous devons échapper à l’emprise des partis politiques, ne pas céder à leur pression, nous voulons une politique syndicale décidée démocratiquement.

La secrétaire du syndicat des instituteurs fit à son tour une amicale causerie au cours de laquelle elle démolit certains arguments fallacieux et fit remarquer que la CGT renforce ses troupes et forme d’autres syndicats. L’autonomie, dit-elle, ne présage pas des lendemains qui chantent et je ne vois pas pourquoi nous y penserions, ce serait un recul et un manque de franchise. Les instituteurs ne vont pas à « Force Ouvrière », il faut que la CGT continue à vivre dans l’enseignement.