0325503/05/1948POITIERS
La CGT-FO a tenu un meeting samedi matin 1er mai à 10 heures à la Maison du peuple, à l’occasion de la fête du travail.
Mme Rivereau présida la séance entourée de M. Micheau, du syndicat des Cheminots et M. Robinet, en qualité d’assesseur. Le président de séance était en outre assisté de M. Mellé, conseiller juridique de la CGT-FO, de M. Paulet, secrétaire de l’Union départementale des syndicats et M. Roux, de l’Union locale.
Un bon nombre de vieux militants syndicaliste était dans la salle. Le premier, M. Paulet, secrétaire de l’UD, s’adressa aux syndicalistes et exposa les revendications de la CGT-FO.
Un long exposé fut ensuite fait par M. Mellé qui, après avoir retracé l’historique et magnifié le symbole du 1er mai et des journées glorieuses de 1848, mettant en valeur les Louis Blanc et Albert, rappela les points acquis par les ouvriers de l’époque : Le droit d’association, la suppression de l’esclavage et l’abaissement de la durée du travail.
Puis l’orateur, parlant de la loi de 1884 sur les syndicats en dégagea deux traits essentiels qu’il développera : la défense des libertés humaines et l’affranchissement économique des masses ouvrières.
Où en sommes-nous depuis 100 ans ? Et l’orateur de rappeler les progrès réalisés, à savoir : la loi de 40 heures, les congés payés, le repos dominical, la Sécurité sociale, qui place la France à l’avant-garde de tous les pays du monde, les délégués du personnel dans les entreprises, les comités d’entreprise, les nationalisations enfin les timides essais de contrôle ouvriers sur la gestion de certaines entreprises.
« Est-ce à dire qu’il faut se reposer sur nos lauriers ?, poursuit-il ? Non ! ». Puis il en arrive au plan qu’il se proposait d’abord, l’examen de la défense des libertés humaines.
La défense des libertés humaines
« Ces libertés sont menacées, en France et dans le Monde entier ».
A l’intérieur, 3 périls nous guettent : la dictature d’un homme, de Gaulle, qui est entouré de gens dangereux ; la dictature d’un parti, le parti communiste qui suit aveuglément la politique de Moscou et celle de l’État, actuellement omnipotent dont le meilleur exemple est celui des élections algériennes pour le collège musulman. « Il faut démontrer que démocratie n’est pas le synonyme de toutes les bassesses diffusées par ses ennemis ».
Dans le monde, la paix et les relations internationales sont menacées et ce, 3 ans après la fin du carnage que nous avons connu et dont on reparle. La guerre ne doit pas avoir lieu. « Notre tâche est de ne rien faire pour aggraver les deux impérialismes qui s’affrontent et qui ont peur l’un de l’autre. Ce qu’il nous faut, c’est dissiper cette peur en combattant énergiquement cette psychose ».
Pour obtenir la vraie paix, il faut encore supprimer le fascisme qui sévit encore en Espagne, en Grèce et en Allemagne. Pour cette dernière l’unité économique doit être indispensable sous le seul contrôle des organisations syndicales.
Enfin « les adversaires de l’école laïque n’ont pas désarmé, de plus l’État montre une désaffection vis-à-vis de sa propre école dont le sort du personnel enseignant et l’état de vétusté des bâtiments en sont les meilleures preuves ».
M. Mellé poursuit en traitant la position du syndicat autonome des instituteurs et de l’éducation ouvrière.
L’affranchissement économique de la classe ouvrière
Cette seconde partie de l’exposé verra le délégué combattre la hausse des salaires pour préconiser la baisse des prix industriels et agricoles « freinée par le CNPF, la CGA et la CGT, tous démagogues ». M. Mellé en arrive à la création des groupements d’achats coopératifs qui doivent être développés au maximum.
En ce qui concerne la reconstruction, M. Mellé déclare :
« Nous ne pouvons reconstruire seul notre pays, car nous avons eu des pertes de substances trop considérables. D’autre part l’Angleterre, la Belgique, l’Italie et l’Europe entière sont dans l’impossibilité de nous aider ayant eux-mêmes à subir de grandes dévastations et ne pouvant se suffire à eux-mêmes. Nous n’avons pas à rougir à demander une aide à l’étranger car nous avons contribué aussi à sauver l’humanité.
« Vers qui se tourner ? Vers l’URSS, nous pourrions attendre longtemps. Il reste l’Amérique. C’est pour cela que nous acceptons l’aide qu’elle nous fournira. D’ailleurs nous ne l’acceptons pas les yeux fermés car nous ne voulons pas d’empiètement sur notre souveraineté territoriale ou spirituelle. Les communistes combattent l’aide parce qu’il faut bien conserver le mécontentement et les électeurs. Quant à nous, ce que nous désirons avant tout c’est l’amélioration du standard de vie des ouvriers français ».
Abordant les nationalisations et les comités d’entreprise, M. Mellé déclare que, dès 1906, les syndicats en furent partisans : « Conservons ce que nous avons acquis, dit-il, mais nous voulons autre chose, une participation plus considérable des ouvriers à l’entreprise ».
Il conclut ainsi : « Pour certains le syndicalisme est un moyen, pour nous il est un but. Montrons-nous dignes des vrais syndicalistes, vive le syndicalisme français, vive la CGT-FO ! ».
Mme Rivereau remercia l’orateur, parla du syndicat des instituteurs de la Vienne qui s’uniront et donna lecture de la motion que nous reproduisons ci-dessous et qui fut portée à M. le Préfet par une délégation.
La motion finale
« Les travailleurs de la Vienne réunis le samedi 1er mai 1948, à la Maison du peuple à Poitiers, pour célébrer la Fête du Travail dans la plus pure tradition syndicaliste,
« Après avoir entendu les exposés des camarades Bernard Mellé et Paulet, décident à l’unanimité de remettre aux Pouvoirs publics la motion suivante, réclamant notamment :
- La revalorisation du pouvoir d’achat des classes laborieuses ;
- Des achats prioritaires à la production et la répartition des biens d’une façon plus équitable et plus directe entraînant la suppression des intermédiaires inutiles ;
- L’importation massive des denrées de première nécessité ;
- La révision en baisse des produits agricoles et industriels ;
- L’application sévère de la législation contre la hausse et la spéculation ;
- L’augmentation de la retraite des Vieux ;
- La revalorisation de la Fonction publique et les reclassements des fonctionnaires.
En outre, sur le plan social, les travailleurs guidés par l’idéal « Force Ouvrière » qui est celui de tous les Travailleurs libres et indépendants exigent :
- La défense de l’école laïque menacée ;
- L’intégration immédiate des salariés agricoles dans le régime de Sécurité sociale ;
- La défense de toute la Liberté que menace la dictature personnelle ou partisans ;
- La coopération mondiale de tous les peuples sur les plans moral, social et économique.
Il faut que demain les Travailleurs du monde entier puisse vivre honorablement du fruit de leur travail et que disparaissent à jamais le peur de la guerre, de la misère et de la famine ».
le 30/11/2020 à 19:10
Source : Le Libre Poitou
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