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0327709/06/1948MONTMORILLON

CFTC ET DÉFENSE OUVRIÈRE

L’action syndicale a été lundi soir, passée en revue par l’Union locale CFTC, dont les membres, au nombre d’une quarantaine, étaient réunis au café Renaud, place du Marché couvert. M. Fernand Ledoux présidait cette séance à laquelle étaient venus prendre part M. Jouitteau, président de l’Union départementale et M. Dianoux, des fonctionnaires.

Beaucoup de choses intéressantes ont été dites durant près de trois heures, que ce soit sur le plan local de défense ouvrière ou dans le cadre national du syndicalisme chrétien au lendemain de l’important congrès de Paris.

Après les comptes-rendus financiers de chaque syndicat qui font apparaître un état de trésorerie somme toute satisfaisant dans sa modestie. M Robert Thévenet présenta son rapport moral pour l’année 1947. La CFTC locale se réjouit d’enregistrer depuis sa précédente assemblée les fruits d’une action soutenue. Le nombre des adhérents ne fléchit pas, au contraire. La section inter professionnelle, pour ne citer que celle-là, comptait vingt et un membres à fin 1947 contre dix-huit à la même époque en 1946. Les interventions auprès de divers employeurs, en faveur de la baisse des prix et d’un reclassement dans des zones de salaires se traduisent aujourd’hui par des résultats que la classe ouvrière appréciera. M. Thévenet se fait un devoir alors de rendre publiquement hommage à l’action parallèle et souvent même commune de M. Marcel Dintras de la CGT, malheureusement contraint de cesser une activité syndicale unanimement appréciée et cela par suite de souci de santé dans sa famille à qui, au nom de tous il adresse ses vœux.

Après avoir donné lecture de sa lettre du 5 avril dernier transmise à l’Union départementale et dont copie fut transmise par lui-même à M. Daniel Meyer, Ministre du Travail et de la Sécurité sociale lors de sa visite à Poitiers (elle traitait nos lecteurs s’en souviennent, du coût de la vie à Montmorillon), le secrétaire local renouvela que la sous-préfecture serait dans le prochain reclassement, placée en seconde zone. Il situa enfin les représentations locales diverses de la CFTC, ses entretiens avec les personnalités officielles et en premier lieu M. le sous-préfet et conclut par une invitation à la confiance a propager la nécessité de l’union. La CFTC, dit-il est de plus en plus le guide sûr de la classe ouvrière.

Jeune et dynamique, M. Jouitteau va, dans un large tour d’horizon, examiner la physionomie actuelle de la CFTC d’une part, de l’autre l’activité déployée par elle, plus spécialement dans le département. Il se plait tout d’abord à faire l’éloge de l’activité de M. Robert Thévenet grâce à qui l’Union locale est notée en exemple de la vie syndicale dans la Vienne. La Confédération française des Travailleurs Chrétiens voit ses effectifs progresser dans la Vienne et en France, elle tient à conserver son indépendance totale à l’égard des partis politiques. Il est foncièrement inexact de dire qu’il y ait eu catastrophe au congrès national. Des opinions différentes y ont été émises, c’est la preuve de la vitalité du syndicat et de son esprit démocratique, mais il n’a jamais été question de tension affirme avec force M. Jouitteau qui présidait la délégation poitevine présente aux travaux de Paris.

La CFTC est pour la baisse du coût de la vie plutôt que pour la hausse des salaires. La justesse de cette doctrine est démontrée par l’expérience. Depuis la guerre les augmentations de salaires n’ont cessé d’être suivies d’une hausse toujours plus forte des prix.

Le président départemental détruit ensuite l’accusation de caractère confessionnel attribué à la CFTC à la faveur du terme « chrétien » inclus dans son nom. Il définit une civilisation mais non pas des obligations pour les membres du syndicat avec lequel la vie religieuse, la vie privée, l’opinion politique n’ont rien à voir.

Il est des dirigeants qui ne sont eux-mêmes ni catholiques, ni protestants, ni croyants. Au reste, M. Jouitteau considère que dans les doctrines musulmanes, israélites, il existe aussi bien des projets sociaux capables de servir de base à l’épanouissement de la personnalité humaine.

L’activité départementale se traduit par une poussée sensible des adhésions dans la métallurgie. Cinq nouvelles sections viennent d’être créées dans les diverses branche de fonctionnaires. Une permanence ouverte, puis interrompue, va bientôt rouvrir à Poitiers.

Dans l’ordre de la défense des salaires le syndicat à le ferme espoir de d’obtenir que les nouveaux abattements de zones s’établissent entre 5 et 8 % pour la 1re, 8 et 10 % pour la seconde dans laquelle serait classé Montmorillon, entre 12 et 15 % pour les communes rurales.

La CFTC, pour sa part, s’efforce d’obtenir respectivement 7, 10 et 12 %. Un cartel syndical devait avoir, hier mardi, un entretien avec M. le Préfet de la Vienne à qui serait en premier lieu demandé la réunion de la commission d’abattement.

La lutte contre la vie chère s’amplifie. Partisans des taux de marges bénéficiaires en valeur absolue au lieu qu’ils soient en pourcentage,les syndicalistes chrétiens recherchent l’éducation des consommateurs. A Poitiers, où les ménagères ont refusé d’acheter des artichauts avec queue, des carottes avec fanes, on essaye d’appliquer un programme de baisse semblable à celui pratiqué depuis deux mois à Angers. On demande à l’autorité préfectorale l’autorisation d’une voiture avec haut-parleur pour signaler les commerçants qui acceptent de baisser leurs prix, faire connaître par contre les récalcitrants.

Si tout le monde, déclare le président départemental, était honnête, on arriverait à disposer d’assez de marchandises librement.

Proposition est faite d’adhérer à une coopérative départementale.

M. Dianoux et les fonctionnaires

Jeune militant syndicaliste, il expose que la dispersion des forces et la multiplication des syndicats sont un mal. Son intervention est concentrée sur la propagande syndicale en faveur de la CFTC dont il dégage l’influence citant au passage la personnalité de son président national, Gaston Tessier, en même temps président de la Confédération internationale des syndicats chrétiens et rapporteur à la Commission de l’ONU.

En conclusion il recommande la formation syndicale, sur la base de nos principes nettement affirmés, nos rangs sont ouverts à tous. Plus que jamais nous sommes attachés à notre mouvement syndical, ayons conscience de nos responsabilités.

Le pouvoir d’achat des travailleurs a diminué

Voici quelques chiffres comparatifs dont lecture a été donnée au cours de cette réunion.

Les salaires sont aux coefficients : 9,20 pour les manœuvres ; 8,33 pour les professionnels. En regard les prix de gros sont à 15, les produits alimentaires) 15 et celui des prix de détail à 14. Autres comparaisons éloquentes : une heure de travail permettait d’acheter en 1939, 3 kg 120 de pain, en 1948 elle n’en paye que 2 kg 35. Pour les œufs : 3 unités au lieu de 8. Le beurre : 0 kg 131 au lieu de 0 kg 300. La viande : 0 kg 130 au lieu de 0 kg 400. Quant au lait : 2 litres au lieu de 4 litres 144.

Inutile, n’est-ce pas d’allonger ce tableau.

 

 

le 04/12/2020 à 14:02

Source : Le Libre Poitou

vie chère, effectifs, unité

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