CGT

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Samedi matin, à 11 heures, à la Maison du peuple, 3 à 400 syndicalistes avaient répondu à l’appel de la CGT. Sur l’estrade on remarquait M. Bouloux, Conseiller de la République, Mme Papillet, représentant les ménagères, MM. Ardouin du Gaz, Maury des Hôpitaux, Périllaud des Métaux, Aucher du Bâtiment et du Bois, Jeannot du Livre, Bessard des Cheminots, Thibaud de l’UD, Foisnet et J.L. Vigier.

M. Vigier s’adressa aux protestataires : « Un souffle de libération nationale traverse actuellement notre pays chez les petits commerçants, les industriels, les petits paysans, les ouvriers. Le sang généreux du peuple de notre pays a coulé à flot il y a 4 ans, mais on voit aujourd’hui un Bidault signer le diktat de Londres, on voit le pays livré à l’impérialisme américain. Toutes les mesures financières ont amené le chômage, la misère et la guerre pour corollaire. Déjà, en novembre et décembre 1947, la classe ouvrière s’était lancée dans la bataille : nous avions lutté contre les impérialistes ennemis, en particulier le plus sanguinaire d’entre eux, Jules Moch, contre les responsables des hausses et les valets de FO. Nous avons réussi ».

Et l’orateur poursuit : En juillet 1945, le rapport des prix et des salaires était de 90 p. 100, en novembre 1947 les salaires étaient à l’indice de 650 contre 1.336 pour les prix d’où un rapport de 48 p. 100. Aujourd’hui c’est la ruine, la misère et le chômage. La grande CGT ne fait pas de politique lorsqu’elle dénonce la situation gouvernementale. Les camarades de Bergougnan l’ont démontré.

« Ce que nous demandons, c’est l’octroi du minimum vital à 12.900 fr, c’est la baisse effective des prix.

« Les travailleurs se battent, ils se battront encore avec nous et, par leur cohésion ils feront crouler les couches du capitalisme qui porte en lui la guerre. Ils se battent dans la Vienne depuis hier. Les camarades de Survivor sont menacés. On essaie de garder les prisonniers allemands pour licencier les Français, mais les travailleurs allemands se solidarisent avec les travailleurs français ».

« Républicains de Poitiers, en avant, tous unis pour entraîner le peuple français vers une seule pensée, la démocratie ».

Un ouvrier, se levant dans la salle, déclara alors ne pas vouloir s’associer aux petits commerçants et paysans, « les exploitants de la classe ouvrière, dit-il, et les exploités ne peuvent pas être avec eux ».

M. Vigier, après avoir regretté cette intervention, rappela que « l’unité de tous était nécessaire pour arracher la victoire ».

M. Aucher ayant donné lecture d’une résolution, celle-ci fut ensuite votée à l’unanimité et portée à M. le Préfet par une délégation.

La résolution

Les ouvriers, employés, fonctionnaires, agents des Services publics et ménagères de Poitiers réunis le samedi 19 juin à la Maison du peuple à l’appel de la Confédération Générale du Travail ;
Considérant que le Gouvernement refuse de tenir sa promesse de revalorisation des salaires à la date du 1^er juin ;
Tenant compte que les prix augmentent sans cesse, malgré les déclarations trompeuses du Gouvernement ;
Décident de passer à l’action immédiate et à répondre à tous les mots d’ordre de la CGT.
Pour l’obtention du salaire minimum vital à 12.900 francs ;
Pour contraindre les pouvoirs publics et le Gouvernement à prendre les mesures nécessaires pour appliquer une baisse effective des prix ;
Pour obtenir la révision immédiate des zones d’abattement des salaires.
Enregistrant, qu’après les incidents de novembre et décembre 1947, le Gouvernement persiste dans son attitude de répression envers la classe ouvrière défendant son droit à la vie, en conformité avec la Constitution qui reconnaît le droit syndical et le droit de grève et continue, par le matraquage des ouvriers de Clermont-Ferrand et l’emploi des gaz lacrymogènes, à appliquer les mesures chères à Hitler et à Trumann.
Ils tiennent à élever une vigoureuse protestation, fermement décidés à élargir leur unité pour faire aboutir leurs revendications.