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0330002/08/1948VIENNE

LE DÉPARTEMENT DE LA VIENNE AUX MULTIPLES ACTIVITÉS INDUSTRIELLES ET COMMERCIALES

« L’information économique de la Vienne », l’organe mensuel de la Chambre de commerce de Poitiers et de la Vienne, publie dans son numéro de juillet, l’intéressant article suivant sur les activités industrielles et commerciales de notre département.

La production agricole dont la variété et l’abondance font la richesse de notre département, a entraîné la création de nombreuses industries.

La minoterie est particulièrement florissante.

Plus de 200 moulins à cylindres, à meules à eau, sont disséminés dans nos campagnes.

La Vienne compte de très nombreux établissements laitiers : laiteries à forme coopérative, beurreries-fromageries industrielles dont certaines fabriquent la caséine qui, en 1939, était exportée à 90 pour cent.

Le lait de chèvre et de vache contribue, l’un et l’autre à une production fromagère de grande qualité.

Au temps heureux où les restrictions étaient inconnues, le fameux « chabichou » poitevin avait acquis, à juste titre, une réputation mondiale.

L’huilerie est également une industrie de chez nous.

A côté de nombreuses installations artisanales à travail temporaire, quelques huileries industrielles produisent l’huile de lin ainsi que les huiles de noix.

La distillation des marcs et des vins et eaux-de-vie se fait surtout par l’intermédiaire de distillateurs ruraux qui vont de village en village avec leur alambic. Nous possédons aussi quelques distilleries de liqueurs.

De plus, la culture de la betterave et du topinambour, ont permis l’installation d’une importante distillerie à Saint-Pierre-de-Maillé.

Les farines alimentaires et de régime sont spécialement traitées à Chauvigny.

La biscuiterie compte plusieurs fabriques dans le département.

Parmi les spécialités locales se signalent les macarons de Montmorillon, de Civray et ceux de Lusignan qui, avec les tourteaux fromagers, ont fait les délices des visiteurs de la Foire-exposition.

Poitiers possède maintenant une importante confiturerie-conserverie de fruits dont l’activité aura pour heureuse conséquence de multiplier dans la Vienne la création de vergers et d’amener les producteurs à la sélection des fruits.

Si le sol de la Vienne est fertile, son sous-sol n’est pas moins riche.

De nombreuses sources ferreuses ou ferrugineuses ont été décelées dans la région. Seules, jusqu‘à présent, ont été mises en valeur celles de l’importante station thermale de la Roche-Posay, situées sur les rives pittoresques de la Creuse.

La pierre est une des principales industries de notre département.

Les carrières du Poitou produisent la pierre de taille et les moellons.

Elles expédiaient leur production dans l’Ouest de la France, à Paris, assuraient, avant la guerre, une forte exportation vers les pays étrangers.

Cette pierre est particulièrement appréciée des sculpteurs.

Notons en passant que la Sorbonne, l’Hôtel de ville de Paris et, plus récemment, celui d’Alger la Blanche, ont été construits en grande partie avec de la pierre de la Vienne.

Diverses briqueteries et tuileries sont installées dans le département.

De nombreux fours à chaux sont également en activité pour le plus grand bien de l’agriculture et de la Reconstruction.

Des gisements de terre réfractaire propre à la fabrication des poteries et céramiques se rencontrent aux environs de Tercé, à Vernon, à Fleuré.

Enfin Chauvigny, charmante cité poitevine située sur les bords de la Vienne, à l’ombre des pierres vénérables de ses châteaux historiques, nous offre sa porcelaine et sa faïence, industrie en plein développement.

Il est une industrie spécifiquement locale : c’est la mégisserie des peaux d’oies.

Chaque ferme de nos campagnes possède un troupeau d’oies blanche d’une variété connue sous le nom de « cygnes du Poitou ». Leur chair est abondante et savoureuse. Les peaux préparées, « mégissées », suivant des procédés particuliers, ne conservent que leur magnifique duvet, d’une blancheur immaculée, long et souple, qui les rend propres à la fabrication de manteaux de grand luxe, de fourrure, de garnitures légères dites » bande de cygne » et des délicates houppettes à poudre de riz que nous expédions dans toutes les parties du monde, en particulier en Angleterre.

La Vienne, département forestier, tire de son bois certaines industries : parquets de chêne, bois déroulés et meubles splendides fabriqués à Chauvigny et Lussac et dans de nombreux ateliers artisanaux.

Mais les usines de la Vienne n’utilisent pas seulement les ressources du département, certaines d’entre elles travaillent des matières premières importées.

Poitiers était, avant la guerre, la cinquième ville de France pour la torréfaction du café ; grâce à cette industrie, la Chambre de Commerce a obtenu le bénéfice de l’entrepôt réel des douanes. Bientôt, de vastes magasins généraux seront en mesure d’abriter les marchandises qui ne manqueront pas d’affluer dès que s’affirmera notre reprise économique.

Notons à Poitiers une fabrique de malt et, à Montmorillon une importante brasserie qui brasse bières, limonade, eaux gazeuses et malt.

Le textile est représenté dans notre département par une importante firme, la Société de Filature et de Tissage de Ligugé, qui fabrique des ficelles de chanvre et de jute, des toiles à bâches et à voiles pour la Marine nationale et compte reprendre bientôt sa fabrication des toiles de ménage pur chanvre dites « toiles de Ligugé » ou « toiles du Poitou » si réputées pour leur solidité à l’usage.

La bonneterie a pris chez nous depuis quelques années, une grande extension et l’on trouve de nombreuses fabriques d’articles de sport, de chasse, bas, chaussettes, tricots, chandails.

Si nous nous transportons dans la jolie bourgade d’Angles-sur l’Anglin, nous voyons presque à chaque fenêtre une adroite ouvrière penchée sur un minutieux travail de jours à fils tirés, brodés à la main.

Ce travail d’art dit « jour d’Angles » est accompli soit à l’atelier, soit à domicile dans toute la région.

L’industrie chimique est représentée par deux laboratoires qui produisent des spécialités pharmaceutiques et vétérinaires, ainsi que par plusieurs fabriques de lessives et produits d’entretien.

Notons ici que Poitiers possède un remarquable institut de Recherche et d’Essais de matériaux qui, placé sous la direction éminente de nos professeurs de la Faculté des Sciences et doté d’un équipement très moderne comparable à celui des Instituts de Paris et de Grenoble, est à la disposition des industriels poitevins pour effectuer tous les essais et analyses désirables.

La métallurgie localisée dans la vallée du Clain se développe de jour en jour.

L’établissement le plus important : la Manufacture d’Armes de Châtellerault a fourni, en tant que manufacture d’État, pendant la guerre de 1914 à 1918, un gros effort pour la fabrication de fusils mitrailleurs, de mitrailleuses et la préparation d’armes de touts sortes.

Actuellement elle fabrique des armes de chasse, des machines à bois, des appareils de mesure de haute précision. Elle possède d’ailleurs un outillage incomparable.

La coutellerie châtelleraudaise dont la réputation date du moyen âge, est également l’un de fleurons de notre industrie métallurgique.

Cette production de qualité trouvait, à l’étranger avant la guerre, d’intéressants débouchés qui ne manqueront pas de s’intensifier dès que la livraison des matières premières permettra le développement de la fabrication.

Quelques fonderies, ateliers de chaudronnerie, tôleries, constructions mécaniques et une importante fabrique de pièces détachées, doigts et lames de faucheuses, permettent, avec les fabriques d’instruments agricoles, de fournir à nos agriculteurs le matériel nécessaire à leur activité.

Une fabrique de bicyclettes est installée à Châtellerault.

Les usines Leclanché à Chasseneuil produisent des piles électriques exportées dans tous les pays.

Si la métallurgie est l’apanage de Châtellerault, l’industrie du Livre est particulièrement développée à Poitiers, ville universitaire, centre d’études scientifiques, littéraires, juridiques, théologiques et militaires. De nombreux établissements assurent des publications diverses.

Comme l’industrie le commerce de la Vienne est fonction des produits agricoles.

Poitiers a toujours été le centre important de grains et graines de semence.

Une Bourse des grains, où sont fixés les cours pour toute la région de l’Ouest, se tient hebdomadairement dans notre ville.

Chaque année a lieu, à la mi-Carème, une foire tout à fait particulière, celle de la sauvagine où s’établit le cours des peaux et fourrures. Avant la guerre cette manifestation avait un caractère mondial.

Malgré les difficultés économiques de l’heure présente, la Vienne est en mesure d’exporter les produits les plus divers : céréales, orges de brasserie, graines fourragères, bestiaux, volatiles, pommes de terres, œufs, beurre, vin, conserves de viande, coutellerie, brosses, lessive, peaux d’oies préparées, sauvagine, plume et duvets, toiles de sac, pierres de taille, poterie, porcelaine, faïence et eaux minérales, cumul dont elle s’honore car il est dû, dans ce pays de polyculture, dans ce pays de mesure et de bon sens, à l’union de tous : artisans ou commerçants, paysans ou industriels.

le 04/12/2020 à 23:34

Source : Le Libre Poitou

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