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0334802/10/1948POITIERS

LA GRÈVE DU GAZ ET DE L’ÉLECTRICITÉ

La grève de 4 heures ordonnée sur le plan national par les dirigeants syndicaux du Gaz et de l’Électricité a été observée vendredi matin à Poitiers. Mais elle n’a eu aucune répercussion sur la distribution du gaz et de l’électricité.

Les représentants syndiqués des cadres de la CGT et de la CFTC ont adressé à M. le Préfet la motion que nous reproduisons ci-dessous. Cette motion est destinée au Président de la République.

« Les syndicats représentant le personnel d’Électricité de France ont demandé à M. le Président du Conseil l’abrogation du décret du 18 septembre 1948, concernant la réduction des effectifs.

« Les services d’EDF avec le concours de tout le personnel ont procédé à une réorganisation de notre industrie qui commence à porter des fruits et à laquelle les personnalités compétentes et de bonne foi ont bien voulu rendre hommage.

« La réorganisation a permis dans le cadre du Centre (départements de la Vienne et des Deux-Sèvres, secteur nationalisé), de réduire les effectifs de 9 % entre le 1er mai 1946 et le 1er septembre 1948. Une réduction supplémentaire ne peut être obtenue de suite sans désorganisation totale. Les services techniques, comme suite aux suggestions du Comité mixte ont mis au point un programme d’aménagement permettant des réductions de main-d’œuvre. Ces aménagements nécessitent des investissements pour la réalisation desquels il semble pas que l’on ne veuille accorder les crédits nécessaires.

« Le statut du personnel (décret du 22 juin 1946) est un contrat qui lie le personnel à sa direction. Il a été décrété par le Gouvernement et agréé par les agents. Nous ne pouvons admettre que ce contrat soit modifié sans accord des parties en présence. Or, le décret du 18 septembre a été rédigé en violation de ce contrat en ce qui concerne l’avis des organismes officiels.

« Ce statut fait suite à la loi de nationalisation, le personnel ne permettra pas qu’on porte atteinte à cette loi, surtout par des voies détournées.

« Électricité et Gaz de France sont des sociétés à caractère industriel et commercial. Dotées d’un Conseil d’administration où figurent 6 représentants de l’État. Le directeur général est nommé par décret. La gestion de ces sociétés est entre les mains du Conseil d’administration et non entre les mains du Gouvernement qui, renseigné régulièrement, peut user de son droit de contrôle et faire des observations précises. Il existe en outre le Conseil supérieur national de l’électricité qui doit être consulté sur tout décret et règlement intéressant le gaz et l’électricité.

« Dans le cas contraire, on ne comprend pas qu’un Gouvernement aille contre l’avis autorisé des personnalités impartiales et compétentes dans la profession et, à ce moment là, il n’aurait pas fallu que le Gouvernement impose à EDF du personnel provenant d’administrations de l’État ou d’organismes institués par Vichy (OCRPI).

« Étant donné que M. le Ministre de la Production industrielle a déclaré qu’il n’avait pas l’intention d’appliquer le décret et qu’ensuite Monsieur le Ministre de l’Industrie et du Commerce a déclaré que les organisations professionnelles seraient consultées, nous demandons :
   1) Que le décret soit rapporté ;
   2) Qu’on utilise les organismes prévus par la loi pour contrôler la gestion d’EDF (Commissaires aux comptes) et améliorer si besoin est le service (Conseil d’administration après consultation du Conseil supérieur de l’électricité, si besoin est) ;
   3) La publication des résultats d’enquête faits par ces organismes impartiaux qui permettra de dissiper le malaise actuel dû aux informations tendancieuses.

« Nos légitimes revendications n’ayant pas été agréées, le personnel des organisations syndicales soussignées a décidé, sur le plan national de les appuyer d’une grève de 4 heures, le vendredi 1er octobre 1948, de 8 à 12 heures.

« Il regrette qu’un tel acte soit nécessaire et déclare qu’il lui est imposé par la nature injurieuse et néfaste des textes visés.

« Tout le personnel,Cadre, Maîtrise, Employés, Ouvriers, conscient de ses devoirs vis-à-vis de son industrie, décide de procéder à une grève totale et illimitée si le décret n’était pas rapporté ».

 

 

le 06/12/2020 à 17:23

Source : Le Libre Poitou

grève, protestation, motion, nationalisation, statuts, emploi

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