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L’Union locale des syndicats CGT nous communique copie de la lettre qu’elle vient d’adresser aux parlementaires de la Vienne.

« Les délégués de l’Union locale des différents syndicats ouvriers CGT de Châtellerault, réunis le 17 novembre 1948, à la Bourse du Travail, ont été profondément émus par la lecture des projets de loi déposés par le Gouvernement sur le bureau de l’Assemblée nationale.

« Il est évident, à simple lecture, que sous prétexte de renforcer l’autorité de l’État ces lois, si elles étaient adoptées par le Parlement, annihileraient le Droit syndical, le Droit de grève et la liberté de la presse, Droits et Libertés inscrits dans la Constitution que s’est librement donné le peuple de notre Pays.

« Les syndiqués châtelleraudais ont déploré déjà les marques trop violentes d’autorité du Gouvernement qui se sont manifestées à Marseille (morts à Valence de Puzzuoli et de Voulant), à Merlebach (mort du mineur Jansek), à Firmini (mort du mineur Barbier), à Alès et finalement à Paris, avenue des Champs Elysées le 11 novembre 1948. Ils estiment que la législation en vigueur est amplement suffisante pour maintenir l’ordre républicain.

« Ils ont l’impression, sinon la conviction, que ces nouvelles lois seraient l’instrument d’une répression dirigée vers la classe ouvrière et, par conséquence, un instrument de lutte contre le peuple de France, contre la Constitution et contre la République.

« Les syndiqués châtelleraudais attirent très particulièrement votre attention sur ces projets de lois anti-ouvrières. Vous pouvez être certain qu’ils suivront avec un intérêt soutenu les votes qu’émettront à ce sujet les Parlementaires de leur département et qu’ils sauront, pour l’avenir, en tirer toutes conclusions pratiques.

En même temps que leur émotion et leur inquiétude, les syndiqués de Châtellerault tiennent également à vous transmettre leur volonté farouche de lutter sans peur, malgré toutes les menaces, contre les ennemis quel qu’ils soient de la Liberté, de la Démocratie et de la République. Est-il nécessaire de vous rappeler que la liste de leurs martyrs, qui ont fait le sacrifice suprême dans la lutte contre le nazisme, est longue ? Les survivants sont prêts à suivre le même exemple dans la lutte contre toute oppression.

« Dans l’espoir que leur appel sera entendu et que votre civisme saura empêcher le mauvais coup préparé contre le Peuple et la République, les syndiqués châtelleraudais vous prient, Monsieur le Député, d’agréer leurs respectueuses salutations syndicalistes.