0340907/01/1949POITIERS
Arrêt à quinzaine
On se rappelle les faits qui amènent à comparaître pour la troisième fois devant une juridiction M. Camille Aucher, secrétaire de l’Union locale des syndicats CGT. Le jeudi 28 octobre M. Montet, chef de chantier à l’entreprise Ortal, chargée du draguage du Clain en amont du Pont neuf, prévenait la police que M. Aucher avait menacé son personnel pour que celui-ci observe le mot d’ordre de grève lancé par la CGT. Arrêté le 30 octobre, M. Aucher comparut aussitôt devant le tribunal des flagrants délits qui ordonna un supplément d’information. Le 19 novembre, le Tribunal correctionnel était saisi de l’affaire et relaxait l’inculpé.
Mais le ministère public fit appel et jeudi matin, à 9 h. 30, M. Aucher comparaissait devant la Cour d’appel présidée par M. Blanchard.
Après un bref rappel des faits, on entendit l’audition de quatorze témoins.
M. Vignolles, contremaître à l’entreprise, relata ce qu’il vit et entendit.
Puis M. Montet, le chef de chantier, vint dire que le représentant syndical fut à la base de la cessation du travail « Il a bien dit la phrase incriminée : « si vous ne débrayez pas 1.000 camarades viendront vous le faire faire de force » ; M. Charles Beaudet dit ne rien n’avoir vu, ni entendu ; M. Jacques Pierreville déclara que tous les ouvriers étaient d’accord à midi pour effectuer la grève de solidarité.
M. Jacques Croizon, qui est syndiqué, mais qui ignore de quel syndicat il fait partie, a suivi le mouvement, de même que M. Vaquié qui vient témoigner dans un jargon hispano-français ; M. Antonio Pineda : « J’ai fait comme tout le monde ; personne ne m’a menacé » ; M. Miguel Juan entendit une discussion mais n’en comprit pas le sens ; M. Marcel Taveau a suivi le mouvement ; M. Inzano : « Tout le monde a dit d’arrêter le travail, j’ai arrêté » ; M. Mohamed Sahali : « M. Aucher et un autre nous ont dit de faire comme les autres « ; M. Simon était veilleur de nuit. Il n’a pris son service qu’à 18 h. M. Subiratz : « Rien vou, rien entendou ! » ; M. Louis Lehoux, mécanicien à la drague : « Nous étions à moitié décidés de débaucher. M. Aucher nous a demandé de suivre le mouvement ».
L’audition des témoins terminée, M. Aucher pris la parole pour protester contre les mesures prises à son encontre.
M. Loignon, avocat général, demande une condamnation « parce que, dit-il, on ne peut passer sous silence les témoignages donnés sous la foi du serment ». Me Chevalier, défenseur, se rangea à la décision des juges de première instance et demanda l’acquittement « le lien de cause à effet, dit-il, n’existant pas ».
La Cour mis l’affaire en délibéré et l’arrêt sera rendu sous quinzaine.
le 14/12/2020 à 16:57
Source : Le Libre Poitou
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