0349713/05/1949CHATELLERAULT
Les organisations syndicales font le point et souhaitent que la nouvelle direction redresse la situation.
Jeudi, à 18 heures, s’est tenue une réunion du personnel des usines Rocher, à Cenon-sur-Vienne. Cette réunion avait pour but de mettre au courant les ouvriers de la situation de l’établissement.
Après que l’assistance eut désigné M. Besnault, comme président de séance, M. Petit prend la parole et en quelques mots, explique les raisons de cette réunion.
M. Rivet lui succède et pense, il faut l’espérer, qu’une prompte solution va intervenir. Il rend alors compte de l’entrevue que les délégués des établissements ont eu le matin même avec le Préfet de la Vienne : la situation financière est désastreuse et si la direction actuelle restait, il ne fait aucun doute que l’usine fermerait ses portes. Aussi faut-il accepter comme un bien le nouveau directeur qui sera nommé par le Tribunal civil de Châtellerault. La nouvelle direction doit apporter les fonds et le travail nécessaire qui permettraient une marche normale des établissements et le reprise des ouvriers en chômage.
C’est au tour de M. Granjean de CGT-FO de prendre la parole.
« Il faut trouver l’argent nécessaire pour une reprise de l’usine, dira t-il. La nouvelle direction doit pouvoir fournir les capitaux utiles. Dans ce cas, les deux organisations syndicales doivent faire bloc, c’est urgent, dans l’intérêt des travailleurs. Tous les camarades doivent pouvoir retourner à l’usine. Mieux que cela, il faut espérer que d’ici six mois environ, il n’y aura plus un seul chômeur dans la région de Châtellerault, car il est possible que la nouvelle direction porte l’effectif de l’usine à 800 ouvriers et employés, c’est-à-dire au double d’avant le licenciement ».
M. Petit reprend la parole et annonce qu’il y aura des commandes de guerre à effectuer. Bien que les ouvriers soient partisans de la paix, il faudra malgré tout accepter de faire ces commandes car ce qui compte avant tout c’est le travail.
M. Jamet apporte aux ouvriers des établissements de soutien de l’Union locale des syndicats CGT de Châtellerault. Il se réjouit qu’une nouvelle direction vienne remplacer celle qui fut défaillante. Cependant, il faudra que les ouvriers de l’entreprise se montrent vigilants car, en fait, le problème n’est pas uniquement sur le plan local, mais encore national.
M. Jamet précise qu’il y a dix-huit mois que la CGT a prévu la situation présente qui, selon lui, a pour causes principales la concurrence étrangère et l’application du plan Marshall.
Quant à M. Vigier, secrétaire de l’Union départementale CGT, il apporte toute la sympathie de la Fédération de la Vienne aux ouvriers des établissements Rocher. C’est avec satisfaction qu’il constate que les deux organisations syndicales se sont unies pour travailler au même but : la remise au travail de l’usine. Des différences peuvent se produire sur certaines questions, il importe que les membres des centrales syndicales s’unissent pour défendre la vie des travailleurs et présentent en commun les mêmes revendications légitimes.
« La scission a été regrettable ; il n’en reste pas moins vrai que tous les travailleurs peuvent s’unir pour la même action. C’est cela seul qui compte pour la défense de la classe ouvrière ».
M. Vigier veut bien espérer que le changement de Direction sera salutaire à la bonne marche de l’entreprise. Toutefois les ouvriers devront rester vigilants et unis.
le 29/12/2020 à 11:52
Source : Le Libre Poitou
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