0350223/05/1949POITIERS
Se prononce : contre la hausse du prix du blé, du vin et de l’essence ; pour une réduction des crédits militaires.
Dimanche, s’est tenu à Poitiers le deuxième congrès départemental « Force Ouvrière » sous la présidence de Mme Rose Etienne, secrétaire du bureau confédéral avec MM. Landry et Delbos comme assesseurs.
Ce congrès a été marqué par l’activité de tous les délégués et par les discussions précises et approfondies de l’ordre du jour.
D’une façon générale, l’orientation des débats a été axée sur les conventions collectives. En toute objectivité, il est de notre devoir de souligner que les syndicalistes ne sont pas loin les uns des autres mais que, seules, semble t-il, des conditions de forme séparent les différentes organisations syndicales. L’action commune n’est d’ailleurs nullement écartée. C’est pourquoi, Monsieur Souchaud présentera une motion adoptée qui n’entraîna que 3 votes contre et 1 abstention, motion incorporée dans la motion générale qui fait sienne la devise : « Pas d’augmentation du prix du blé, de l’essence et du vin, et réduction des crédits militaires ».
M. Paulet présente le rapport moral
Dans son rapport moral, M. Paulet, retrace l’activité du syndicat FO depuis un an, précisant, en ce qui concerne la baisse des prix, que le Gouvernement « ne nous a pas aidé », alors que la politique FO était orientée formellement « vers la baisse et non pas vers la psychologie de baisse ».
Quant à la hausse des salaires, « nous n’avons accepté cette hausse que parce que, mal soutenus et pour faire face aux besoins de la vie, nous l’avons considérée comme impérative ».
Poursuivant, le secrétaire général explique les raisons qui ont entraîné la rupture avec la FSM.
En ce qui concerne les loyers, le rapport de M. Paulet, souligne que « quoique cette augmentation soit logique, il est bon de noter qu’il faudrait que l’ouvrier puisse payer ».
Le chômage : « Il est dû, en ce qui concerne les tracteurs par exemple, au fait que les tracteurs américains coûtent 200.000 francs de moins que les mêmes instruments français et ainsi, profitant de la scission syndicale, sur le dos de tous les travailleurs, les collaborateurs débloquent des capitaux et remontent à la surface. Donc, pour contre-balancer l’aide, quelques fois néfaste de l’extérieur – utile par ailleurs - que l’industrie française soit suffisamment soutenue – et elle peut l’être – afin que le chômage, par la production, soit résorbé en faisant face à la concurrence. Il suffirait de demander aux grosses industries de réviser leurs prix ».
Des spécialistes apportent des précisions.
La Paix : Seule une entente entre l’URSS et l’Amérique peut la garantir.
La discussion
La discussion a porté en même temps sur le rapport moral et sur l’unité d’action avec les autres syndicats.
Trois tendances : une minorité écartant systématiquement tout rapport, une deuxième minorité acceptant une action totale, enfin une majorité s’est prononcée pour un engagement de conversations, sans que cela implique une unité d’action car, à la base, la tendance FO est pour les conventions collectives nationales, alors que la CFTC et la CGT s’en tiennent à des conventions collectives locales.
La résolution finale
Votée à l’unanimité nous reproduisons ci-dessous la résolution finale du congrès :
Le Congrès :
« Engage le Bureau confédéral à poursuivre sans relâche la défense des revendications formulées par le dernier congrès confédéral : conventions collectives nationales, suppression des zones de salaires, revalorisation du pouvoir d’achat des masses laborieuses, baisse des prix industriels en corrélation de la baisse qui s’est manifestée sur les prix agricoles, circuits directs d’approvisionnement par l’intensification de l’action coopérative, reclassement de la Fonction publique et accélération du paiement des tranches de reclassement.
« Le Congrès marque son opposition à toute nouvelle hausse du prix du blé, du vin et de l’essence.
« Plus spécialement sur la question des conventions collectives, le Congrès estime que des contrats locaux ou départementaux peuvent être pris avec les représentants des autres centrales syndicales en vue de confronter les divergences de pensée pouvant exister sur la forme et la nature des conventions collectives. Ceci n’implique nullement que de ces contrats, une unité d’action puisse résulter. Ce n’est que dans le cas où les représentants des autres centrales seraient disposés à adopter le principe des conventions collectives nationales avec avenants locaux ou départementaux, que la CA de l’UD FO pourrait éventuellement décider de toute action circonstanciée et occasionnelle que les évènements justifieraient.
« Sur la question du chômage, conséquence d’une crise économique naissante, le Congrès réclame une politique cohérente et efficace de reconstruction financée d’une part par une réduction des crédits militaires et, d’autre part, par le produit de répression de la fraude fiscale.
« En outre le Congrès se prononce pour l’extension de l’allocation logement aux salariés dont la rémunération est insuffisante et pour la défense des nationalisations sous réserve que celles-ci soient rendues rentables par une gestion saine.
« Attaché au grand principe de la Sécurité sociale qui constitue une des plus belles conquêtes ouvrières, le Congrès déclare que les travailleurs ne permettront pas que l’on porte atteinte à cette législation humaine. Il se prononce en outre pour l’institution de l’assurance-chômage dans le cadre de la Sécurité sociale.
« Sur le grave problème de la paix, le Congrès se référant à la position traditionnelle du mouvement syndical attaché à l’internationalisme prolétarien, lequel s’est toujours élevé contre la guerre ou la préparation de la guerre, constate que les accords de Yalta et de Postdam ont partagé le monde en zones d’influence et que cet état de choses n’est pas étranger aux menaces de guerre qui pèsent sur le monde.
« Le Congrès pense que s’il existe des blocs antagonistes, la classe ouvrière n’a pas et ne doit pas prendre position pour l’un ou l’autre de ces blocs. La classe ouvrière constitue elle-même un bloc qui, lui, est attaché à la paix, c’est à ce bloc ouvrier groupé dans chacune des centrales nationales de tous les pays, qu’il appartient de clamer sa volonté pacifiste et d’œuvrer en ce sens par tous les moyens jusqu’à et y compris, la grève générale en cas de menace de guerre.
« Pour mener à bien cette tâche, le prolétariat international doit obtenir que la plus grande liberté individuelle et syndicale soit consentie à tous les citoyens de tous les pays.
« Pour toutes ces raisons, le Congrès demande au Bureau confédéral d’orienter son activité vers l’organisation d’une véritable internationale syndicale débarrassée de toutes considérations chauvines.
« C’est par millions de tous les travailleurs du monde entier que la paix pourra être imposée aux fauteurs de guerre, quels qu’ils soient et quels que soit les prétendus intérêts nationaux en jeu ».
Le bureau
Le secrétariat est transféré de Châtellerault à Poitiers.
Secrétaires : MM. Roux et Paulet ; secrétaire-adjoint : M. Robinet ; trésorier : M. Chaussebourg ; trésorier-adjoint : M. Pothet ; archiviste : MM. Texier et Grandjean.
Rectification parue le 24 : « Le congrès estime que des contacts locaux » et non pas des « contrats ».
le 29/12/2020 à 13:42
Source : Le Libre Poitou
Espace Militants v0.3 - UD CGT 86 - http://cgt-ud86.org