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0350325/05/1949POITIERS

LES SYNDICATS DE CHEMINOTS DE POITIERS FONT DES PROPOSITIONS PRÉCISES

Les syndicats de Cheminots de Poitiers, réunis le 18 mai 1949, communiquent :

Mise au point

Une campagne sans précédent tend à désorganiser la SNCF, à discréditer l’action des cheminots aux yeux de l’opinion publique et à saboter cet outil qu’est le chemin de fer. Cette campagne est visiblement orchestrée par des puissants intérêts particuliers : trusts pétroliers, capitaux internationaux, grosses entreprises de transport qui veulent tuer le rail sans tenir compte des nécessités économiques et sociales du pays.

Elle tend à peser sur les décisions qui doivent être prises en matière de coordination sur avis du Conseil supérieur des transports et du Conseil économique.

Depuis la Libération, jusqu’en 1947, le gouvernement, la presse et le public n’avaient que félicitations à adresser à la corporation des cheminots qui, la première, avait relevé ses ruines, remis en état le parc ferroviaire et aidé puissamment au relèvement économique du pays.

A cette époque, les perspectives d’un redressement paraissaient favorables. Il n’en est plus de même aujourd’hui.

Le déficit que les cheminots avaient annoncé comme inévitable tient à trois causes essentielles :
1° Disproportion entre les tarifs raisonnables de la SNCF (indice 10,7 pour les voyageurs, indice 14 pour les marchandises) et les prix industriels dont dépend le chemin de fer (indice 24 pour le charbon, 22 pour l’acier, etc).
2° Concurrence ruineuse due à l’anarchie qui règne dans les transports.
3° Réduction des tarifs voyageurs et marchandises résultant de la conjoncture économique.

A ces causes profondes d’un déficit chronique s’ajoutent des causes accidentelles :
a) 9 milliards d’impôts nouveaux depuis le 1er janvier 1949 (24 milliards en 1948) ;
b) Tarification rigide que lui impose son caractère de Service public, tout d’abord obligation d’avoir des tarifs dont la limite maximum répond à des nécessités d’économie national, ensuite obligation – pour la SNCF seulement – de transporter n’importe quelles marchandises à première demande et sur n’importe quelle relation. Or la SNCF ne peut pas lutter à armes égales avec cette concurrence ; elle doit faire face à des charges que ne connaissent pas les routiers. Ces derniers prétendent que l’impôt sur l’essence paie les frais d’entretien des routiers, encore que ce soit douteux, ce n’est pas la voiture à essence, mais les camions qui usent la route et le gaz-oil ne paie presque pas d’impôt.

Les dépenses de personnel de la SNCF, toutes charges sociales comprises (sans omettre les retraites) ne peuvent être mises en cause pour expliquer le déficit de la SNCF.

Elles représentaient, en 1947, 60 % des dépenses ; en 1948 : 58 %; en 1949 : 55,6 % (prévisions).

Comparées à celles des administrations ferroviaires étrangères, elles sont tout à l’avantage des chemins de fer français. Exemple, aux USA 64,6 %.

Nos propositions.

La SNCF existe :

Partie prenante du patrimoine national, elle constitue l’ossature possible d’un système de transport qui n’entraînerait pas de charge à l’État, autres que celles résultant d’impératifs nationaux.

Les efforts individuels de chaque mode de transport, revêtant une forme anarchique, se traduisent obligatoirement par une charge pour la nation.

Il importe donc qu’une politique rationnelle des transports s’instaure sur le plan national.

Les principes directeurs devraient être :
1° Le transport sous toutes ses formes est un service public.
2° Obligation de transporter.
3° Égalité des charges.
4° Publicité et homologation des itinéraires, des tarifs et des horaires.
5° Interpénétration des différents modes de transport.

Nous demandons le rétablissement des lignes suivantes :
Poitiers-Argenton ;
Poitiers-Loudun ;
Châtellerault-Le Blanc ;
Port-de-Piles-Le Blanc ;
Montmorillon-Le Blanc ;
Lussac-les-Châteaux-Saint-Saviol
Châtellerault-Châteauneuf-Loudun ;

Nous pensons que ces lignes desservies par des services routiers insuffisants pourraient retrouver une vie normale et une rentabilité certaine par une exploitation moderne au moyen d’autorails.

C’est la raison pour laquelle vous avez été amenés à entendre parler d’un certain nombre de réouvertures de lignes au trafic voyageurs à l’aide d’autorails FNC particulièrement conçus par les cheminots pour le service des lignes à faible trafic (43 places assises, consommation 20 litres gaz-oil au 100 kilomètres, vitesse 45 km.heure).

Nous sommes certains que cet autorail est appelé à rendre d’imminents services aux populations.

Son utilisation sera en même temps qu’une satisfaction pour la clientèle, une œuvre d’intérêt général, puisqu’elle permettra au capital investi par les communes, lors de la construction des lignes, de continuer à se valoriser.

Pour les syndicats, les secrétaires :

Robineau (CGT) ; Michaud (FO) ; Boisdron (CFTC) ; Austrui (Cadres autonomes).

 

 

le 29/12/2020 à 13:53

Source : Le Libre Poitou

revendications, SNCF, lignes, concurrence

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