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Avec les mauvais jours, le chômage et la misère apparaissent dans les foyers ouvriers. L’usine ferme ses portes, le chantier s’arrête, mais les ouvriers, leurs femmes et leurs enfants doivent manger tout de même.

Hélas cette année la misère apparaît plus hideuse encore, le nombre de sans-travail est plus important que les années précédentes : à Châtellerault plus de cent ouvriers sont employés aux chantiers communaux, à Poitiers le nombre est encore plus important et nous ne sommes qu’au début.

La malgagne est commencée, c’est-à-dire que des centaines d’ouvriers seront employés dans les chantiers communaux et gagneront 17 ou 18 francs par jour. Quelles réflexions amères doivent naître dans les cerveaux de ces ouvriers !

Mais ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que cet état de chose du point de vue local et peut être aussi du point de vue national, n’est que la conséquence de l’égoïsme et de la rapacité patronale. Les chantiers sont fermés l’hiver, mais ils rouvriront au printemps parce que les jours seront plus long et le rendement meilleur. L’été dernier les patrons ont fait travailler les ouvriers 11 et 12 heures, ils ont à leur disposition une main-d’œuvre étrangère aussi nombreuse que passive ; et comme il faut à ces patrons les moyens de violer les lois, ils ont fait de ces ouvriers étrangers des tâcherons travaillant aux pièces mais échappant totalement à la réglementation et la législation du travail.

Ouvriers en chômage, n’oubliez pas non plus que la situation dont vous souffrez, est aussi la conséquence de l’état de chose qu’à maintes reprises nous avons dénoncé. Non respect de la loi de 8 heures, heures supplémentaires, heures de dérogation, emploi exagéré de la main-d’œuvre étrangère ; aussi souvenez-vous bien que toutes les fois que vous ferez des heures supplémentaires l’été, c’est une journée de travail et de salaire que vous aurez en moins l’hiver.

L’Union locale de Poitiers