0350628/02/1935CHAUVIGNY
Le mouvement syndicaliste, dans toutes les localités industrielles surtout, est né du besoin qu’a toujours eu la classe laborieuse de vouloir s’unir contre l’exploitation de son misérable sort, autrefois esclave, aujourd’hui salarié.
A Chauvigny, si en 1791 la loi Le Chapelier fit dissoudre les corporations des cordonniers-savetier-tanneurs, des carriers-tailleurs de pierre, des sergetiers-tisserands, etc... celles-ci se reformèrent sous divers noms au cours des ans et des circonstances. En 1792, les travailleurs aidés par les artisans et marchands organisèrent la résistance sous le nom de Club des républicains-patriotes. Ce club fut dissous sous le Directoire et prit le nom de Club des Philanthropes sous Louis-Philippe. Sous la République de 1848, le Club des Philanthropes pu se réunir librement ; il se transforma en Société philanthropique. Sous le IIe Empire, ces travailleurs, traqués de toutes parts, furent dénoncés comme « Société de résistance » et celle-ci fut dissoute en 1866.
Aussitôt le besoin de se sentir les coudes raffermit l’idéal de solidarité et de fraternité des travailleurs chauvinois ; la société continua ses séances à la lueur des bougies sous les marches de l’ancienne mairie. Tous les ouvriers adhérèrent en masse à la « Philanthropique » qui fonctionna secrètement jusqu’en 1870. Ce fut sous l’autorité du maire démocrate de franc-maçon, A. Vautelon, élu en 1871, que les travailleurs respirèrent. En 1884, des philanthropes créèrent le « Petit syndicat » des carriers, et en 1896, ils prirent le nom de Chambre syndicale des carriers et tailleurs de pierre.
Le mouvement syndical s’éveillait, mais c’est surtout à la suite du mouvement de préparation à la grève générale du 1er mai 1906, mouvement national, que votre serviteur, délégué du Comité général de la Bourse du Travail de Poitiers, réunissait en avril 1906, les trois syndicats existant à Chauvigny (bâtiment, cordonniers et carriers) et que ces syndicats décidèrent la création d’une Bourse du Travail. Ils se réunirent au siège de la Jeunesse socialiste révolutionnaire, Maison du peuple, rue du Berry (immeuble Gazeau) et le 1er mai 1907, l’Union des syndicats fut créée. Ce n’est que l’année suivante que la municipalité chauvinoise dirigée par M. Rousseau, maire, donna à l’Union un local dans l’École maternelle de la rue de Châtellerault. Après l’horrible guerre de 1914-1918, la nouvelle municipalité ouvrière et artisane, dirigée par M. Magnon, donna à l’Union deux locaux au rez-de-chaussée de l’Hôtel de ville.
L’union y installa son siège et sa Bourse du Travail. Une subvention municipale fut accordée pour assurer le fonctionnement de sa propagande et de son office de placement. En 1922, l’Union suivit la CGT Unitaire pour devenir aujourd’hui autonome.
Elle fut l’initiatrice de la création de l’Union unitaire départementale. Des rivalités s’élevèrent bientôt entre la politique communiste et socialiste et le syndicalisme en supporta les frais ; puis le laisser-aller d’un trésorier indélicat fut la cause de l’arrêt de l’Union de 1931 à 1934. Aujourd’hui l’Union syndicale est à l’ordre du jour, ce qui a contribué largement à la réorganisation de l’Union locale. Cinq syndicats y adhèrent : bâtiment, carriers, bois, céramistes et section des employés communaux. Espérons que les Chauvinois d’aujourd’hui continueront la lutte, tels leurs ancêtres, toujours frondeurs, toujours hospitaliers, toujours d’esprit libre et indépendants mais révoltés contre la mauvaise société et cherchant à préparer un régime meilleur pour tous dans le travail souverain.
Pol Jouteau
Sécrétaire général de l’Union locale
le 29/12/2020 à 17:23
Source : La Vienne Ouvrière et Syndicaliste
Les fichiers joints :
Espace Militants v0.3 - UD CGT 86 - http://cgt-ud86.org