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0350928/05/1949POITIERS

UNE DÉLÉGATION DES CHOMEURS DE POITIERS A ÉTÉ REÇUE PAR M. BLET, MAIRE DE POITIERS

puis par M. Thomassin, Préfet de la Vienne

Mercredi après-midi, les chômeurs de Poitiers se sont réunis à la Bourse du Travail.

M. Vigier, secrétaire général de l’Union départementale des syndicats, prit la parole : « Il est absolument nécessaire, dit-il, qu’après Châtellerault, Poitiers soit doté d’une caisse de chômage. Lorsque nous avons réclamé cette création, il y a deux mois ; on nous avait affirmé que la situation allait s’améliorer et que la reconstruction, en particulier, absorberait une grosse partie de la main-d’œuvre disponible. Nous pensions, pour notre part, que la situation irait, au contraire, en empirant. Et les faits, malheureusement, nous ont donné raison. A la suite du débauchage important aux usines Rocher, à Cenon,les pouvoirs publics se sont émus et, à la dernière réunion du Conseil municipal, M. le Maire nous a devancé en proposant le texte d’un vœu réclamant la création d’ un fonds de chômage à Poitiers.

« Il y a quinze jours de cela, poursuit M. Vigier, et nous n’avons pas encore enregistré de résultat concret. Pourtant, la crise devient de plus en plus grave. On compte dans le département 2.000 chômeurs officiellement inscrits. A Poitiers même, il est facile d’en dénombre 6 à 700 !

« Il est important que ces chômeurs entreprennent une lutte serrée pour obtenir : à la fois des indemnités leur permettant de vivre et l’ouverture de grands travaux capables de résorber le chômage actuel dans toutes les localités, avec participation des organisations syndicales ; accorder à tous les chômeurs, sans distinction, une indemnité égale à 75 % du salaire minimum vital ; attribution de cette indemnité dès le premier jour de chômage ; aucune limitation dans la durée du versement de l’indemnité ; gratuité des transports à utiliser pour la recherche du travail et des pointages ; gratuité des cantines scolaires, des crèches et des colonies de vacances pour les enfants des chômeurs ; gratuité complète des soins médicaux et pharmaceutiques dans la Sécurité sociale, remboursement par l’État des dépenses ainsi occasionnées à l’assurance sociale ; maintien intégral de la totalité des allocations familiales y compris le salaire unique à tous les chômeurs ; allocation pour personnes non salariées à charge et n’ouvrant pas droit aux allocations familiales ; octroi de bons de charbon aux sans-travail ; création de soupes populaires pour les chômeurs ; dégrèvement dans les dépenses d’eau, de gaz et d’électricité ; dégrèvement des impôts proportionnellement à la diminution des ressources résultant du chômage.

Pour les chômeurs partiels : Pour les heures de travail effectuées, calcul du salaire horaire sur la base du salaire minimum garanti mensuel divisé par 173 heures, paiement des heures perdues sur 40 heures au taux de 75 % du salaire minimum vital, avec extension de ces dispositions à tous les salariés, y compris les travailleurs à domicile, et avec suppression de tout plafond de ressources ; paiement des indemnités de chômage partiel aux mêmes dates et mêmes lieux que le paiement des heures de travail effectuées.

Plusieurs personnes de l’assistance, dont M. Bouloux, Conseiller municipal, s’élevèrent contre l’emploi de la main-d’œuvre étrangère et réclamèrent que les grands travaux envisagés, la construction de la passerelle des Rocs et l’aménagement du terrain de Biard soient profitables à des ouvriers de Poitiers.

Enfin, un Comité fut formé. Il est chargé de mettre au point un texte de résolution, dont un exemplaire sera porté à M. le Préfet et à M. le Maire.

Les chômeurs chez M. Blet, maire de Poitiers

A l’issue de leur réunion de mercredi, les chômeurs de Poitiers ont voté des résolutions. Vendredi matin, ils se sont rendus en délégation – conduite par M. Vigier – à l’Hôtel de ville de Poitiers où ils ont été reçus, vers 11 h. 30, par le maire, M. Blet. Ils ont communiqué la résolution suivante :
« Les chômeurs de Poitiers, réunis le 25 mai 1949, à la Bourse du Travail,
« Enregistrant le vœu unanime du Conseil municipal dans sa séance du 5 mai 1949, tendant à la création d’une caisse de chômage à Poitiers, en demandent la mise en place immédiate ;
« Considérant d’autre part, que l’indemnité de chômage prévue est insuffisante, ils réclament de la part de la Municipalité, les mesures suivantes :
« 1) Gratuité des cantines scolaires, des crèches et des colonies de vacances pour les enfants des chômeurs ; 2) octroi de bons de charbon aux sans-travail ; 3) création de soupes populaires pour les chômeurs et leur famille ; 4) dégrèvement des impôts proportionnels à la durée du chômage ; 5) dégrèvement dans les dépenses d’eau.
« Les chômeurs de Poitiers décident de renforcer leur unité pour l’obtention rapide de toutes ces revendications ».

Un cordial entretien a suivi au cours duquel M. le Maire a assuré qu’il était tout entier acquis à la gratuité des colonies de vacances pour les enfants des chômeurs.

Il a ajouté, d’autre part, que la question de la création de soupes populaires serait vraisemblablement examinée dans une des prochaines séances du Conseil municipal.

… Et M. Thomassin, préfet de la Vienne

Vendredi après-midi, la délégation, toujours conduite par M. Vigier, s’est rendue à la Préfecture. Elle a été reçue par M. Thomassin, préfet, qui s’entretint avec les délégués, après avoir pris connaissance de la résolution que nous publions ci-dessous.

« Les chômeurs de Poitiers, réunis le 25 mai 1949, à la Bourse du Travail, considérant la situation difficile qui leur est faite et l’impossibilité dans laquelle ils se trouvent de trouver un emploi, réclament que toutes les mesures soient prises pour l’ouverture de grands travaux sur le plan départemental.

« Tenant compte de la crise aiguë du chômage dans le département, ils réclament :
Les chômeurs totaux
« 1) Le retour intégral à la semaine de 40 heures sans diminution de salaire par le calcul du minimum vital sur la base de 173 heures par mois ;
2) Arrêt complet de l’immigration.
3) Du travail pour les chômeurs sur la base des tarifs syndicaux.
4) Inscription de tous les travailleurs sans emploi, sans distinction d’âge et de catégorie, y compris les jeunes libérés du service militaire, les jeunes sortis des écoles professionnelles ou d’un établissement public d’enseignement, les travailleurs à domicile et sans aucune obligation de délai de résidence ;
5) La création de fonds de chômage dans toutes les localités avec participation des organisations syndicales à leur gestion et contrôle par elles de l’inscription et de la radiation de tous les chômeurs ;
6) Accord à tous les chômeurs sans distinction d’une indemnité de chômage égale à 75 pour cent du salaire minimum vital, sans aucun plafond de ressources ;
7) L’attribution de cette indemnité dès le premier jour de chômage et quel que soit le temps qui s’est écoulé entre les périodes de chômage ;
8) Aucune limitation dans la durée du versement de l’indemnité de chômage ;
9) Gratuité des transports à utiliser pour la recherche du travail et des pointages ;
10) Gratuité des cantines scolaires, des crèches et des colonies de vacances pour les enfants des chômeurs ;
11) Gratuité complète des soins médicaux et pharmaceutiques dans la Sécurité sociale, remboursement par l’État des dépenses ainsi occasionnées à l’assurance maladie.
Maintien intégral de la totalité des allocations familiales y compris le salaire unique à tous les chômeurs.
Allocation pour personnes non salariées à charge et n’ouvrant pas droit aux allocations familiales.
12) Octroi de bons de charbon aux sans-travail, création de soupes populaires pour les chômeurs ;
13) Dégrèvement dans les dépenses d’eau, de gaz et d’électricité ;
14) Dégrèvement des impôts proportionnels à la durée du chômage.
15) Diminution du taux du loyer proportionnellement à la diminution des ressources résultant du chômage.

Pour les chômeurs partiels
1) Pour les heures de travail effectuées, calcul du salaire horaire sur la base du salaire minimum garanti mensuel divisé par 173 heures ;
2) Paiement des heures perdues sur 40 heures au taux de 75 % du salaire minimum vital, avec extension de ces dispositions à tous les salariés, y compris les travailleurs à domicile, et avec suppression de tout plafond de ressources ;
3) Paiement des indemnités de chômage partiel aux mêmes dates et mêmes lieux que le paiement des heures de travail effectuées.

Ils s’engagent à rester unis et vigilants pour l’application de ces ressources indispensables à la justice pour tous les citoyens.

 

 

le 29/12/2020 à 17:59

Source : Le Libre Poitou

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