CGT

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Nous connaissions bien la rapacité de certains patrons, cependant nous ne pouvions croire que cette rapacité pouvait prendre chez certains d'entre eux des proportions inimaginables. Qu’on en juge. A Grand-Pont, commune de Chasseneuil, à l'ex-fabrique de masques à gaz, on fabrique des musettes et des vêtements de troupe (il n'y a que les industries de guerre qui ne chôment pas) une trentaine d’ouvrières y sont occupées ; la majeure partie d'entre elles habitent Poitiers et prennent l'autobus à leurs frais matin et soir pour se rendre à leur travail et en revenir. De ce fait elles doivent déjeuner hors de leur domicile et par conséquent il leur faut gagner un salaire en proportion aux frais ainsi causés.

Alors, tenez-vous bien ; certaines de ces ouvrières, celles qui sont classées parmi les meilleures, ont touché 55 francs pour 9 jours. Une mère de famille pour lc même temps a touché 25 francs !

C'est un scandale ! La direction gagne sûrement plus cher, certains signes extérieurs semblent le démontrer !..

Cependant pour ne pas effaroucher les ouvrières (dont on a besoin) on a pris soin d'inscrire en grosses lettres sur la feuille de paie « apprentissage ».

Non, mais des fois, quelle plaisanterie!

Des femmes de 40 ans ne sont pas des apprenties couturières ou piqueuses ; si elles travaillent, c'est pour gagner leur vie et non 4 francs par jour.

Il faudra les payer normalement, faute de quoi toutes partiront et elles auront raison. De plus, il ne faudra pas compter sur les femmes inscrites au fonds de chômage pour travailler à ce taux-là, car elles n'iront pas.

De plus nous pourrions sans doute rappeler que les travaux qui s'exécutent dans cette boite sont des marchés passés pour le compte de l'Etat et que, par conséquent, ils tombent sous le coup des décrets de 1899 et qu'à l'occasion, les organisations syndicales pourraient se charger de rafraîchir la mémoire de la Direction en intervenant auprès de M. Qui-de-droit.

Nous l'avons fait autrefois, nous n'allons pas manquer de recommencer.