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0352112/01/1936POITIERS

CONGRÈS D’UNITÉ DE L’UNION DÉPARTEMENTALE DES SYNDICATS DE LA VIENNE

Le congrès de fusion de l'Union départementale des syndicats de la Vienne s'est tenu le dimanche 12 janvier, à la Bourse du Travail de Poitiers, La première séance s'est ouverte à 10 heures sous la présidence du camarade Chertreau, un des plus vieux militants de l'UD et Quintard, des Cheminots de Poitiers.

La commission de vérification des mandats est venue annoncer que 44 syndicats sur les 50 invités au congrès sont représentés par 80 délégués disposant de 137 mandats.

En déclarant ouvert ce congrès d'Unité, le président a rappelé très brièvement le passé douloureux, il a demandé aux militants de prendre l'engagement de faire l'unité non pas seulement au sein du congrès, mais aussi dans leurs cœurs et de ne se considérer désormais que comme des frères unis.

Le secrétaire a tenu à rappeler la mémoire de deux bons camarades, militants syndicalistes, qui sont décédés ces temps derniers :

Flagelle, des Cheminots, et Biarnais, secrétaire de la céramique de Chauvigny. Le congrès s'est levé et a observé une minute de silence.

Après lecture du procès-verbal du précédent congrès, la Commission de contrôle est venue annoncer le résultat de ses travaux et le trésorier a donné lecture de son rapport financier qui fait apparaître un avoir net de 27.498 francs. Des félicitations sont adressées au trésorier pour sa bonne gestion et le rapport financier et celui de la commission de contrôle sont adoptés.

Les statuts

Aussitôt après, la discussion des statuts a commencé. Elle fut passionnée, sans que toutefois la cordialité en fut exclue. L'ensemble des statuts, sauf un article, avait l'ait l'objet d'un accord unanime de la Commission mixte qui s'était réunie la veille du congrès.

C'est donc sur un seul article, l'article 7, que la discussion s'engagea, le texte portait sur la durée du mandat des membres du bureau et sur l'incompatibilité des mandats politiques et syndicaux. Après une longue discussion, la thèse accordant un mandat de trois ans aux membres du bureau et leur interdisant d'être candidats à une fonction politique rétribuée, a été admise à une assez grosse majorité.

Le bureau

A la suite d'un vote de solidarité morale et matérielle à l'égard des syndicats des tramways de Lille et environs, le congrès a désigné son bureau qui est ainsi composé :
Secrétaire général : Henri Souchaud ; secrétaires adjoints : Louis Gelin, Pierre Quintard ; trésorier général: André Collas; trésorier-adjoint : Roland Boussarie.

La Commission exécutive a été choisie à raison de six membres à Poitiers, trois à Châtellerault, deux à Chauvigny et un à Loudun.

L'adhésion au Front populaire

Lors de la reprise de la séance, l'après-midi, l'assemblée fut présidée par Piquemal, des indirectes, assisté de Raymond des PTT et Joué des carriers de Chauvigny.

Les délégués de la Charente, de la Haute-Vienne, de l'Indre-et-Loire et des Deux-Sèvres, ont apporté le salut fraternel de leur organisation respective.

La discussion s'anime lors des débats relatifs au Front populaire vis-à-vis des syndicats.

Le camarade Pouilloux, de Poitiers, donne lecture d'un remarquable rapport.

Des avis très différents sont donnés par plusieurs camarades, notamment Robert (instituteurs), Foucteau (employés), Quintard (cheminots), Pouilloux, de Châtellerault, et Sorin (receveurs spéciaux).

En définitive, l'Union départementale, décide par 68 mandats contre 37 et 7 abstentions, son adhésion au Front populaire avec certaines réserves.

Le secrétaire donne ensuite lecture de plusieurs ordres du jour relatifs aux décrets-lois et au chômage et Pouilloux, présente une motion qui a trait à la grève générale. Le Congrès adopte ces ordres du jour ainsi qu'un rapport sur l'orientation syndicale présenté par Pouilloux Jules, que nous publions plus loin in extenso.

Les revendications particulières de certains syndicats sont annoncées par le secrétaire de l'UD ainsi que l'action en cours engagée auprès des pouvoirs publics et du patronat de certaines entreprises.

Le congrès se termine alors qu'il est près de 19 heures et le président en remerciant tous les délégués les engagent à rester vigilants devant la grave menace qui pèse sur tous les travailleurs.

En résumé ce fut un beau congrès tant par la parfaite cordialité qui n'a cessé de régner que par l'intérêt que tous les délégués ont apporté à la discussion des importantes questions contenues dans l'ordre du jour.

Ordres du jour adoptés par le Congrès

Les syndicats ouvriers de la Vienne constatent que chaque année le chômage s'accroît dans des proportions inquiétantes sans que pour cela des mesures efficaces soient prises pour protéger les ouvriers qui en sont victimes .

Outre les suggestions et remèdes proposés par les centrales syndicales pour remédier à ce triste état de choses, le congrès attire tout particulièrement l'attention de MM. les Sénateurs de la Vienne sur la nécessité impérieuse de remédier à la situation très critique des ouvriers en chômage et qui, faute de ressources, ne peuvent plus arriver à payer leur loyer.

Il leur rappelle qu'un texte de loi tendant à exonérer les chômeurs de leur loyer a été voté par la Chambre le 21 mai 1935.

Ce texte de loi, sans être absolument parfait, donne cependant quelques apaisements et il serait opportun qu'il fut voté sans délai par le Sénat.

C'est pourquoi les syndicats ouvriers demandent à Messieurs les Sénateurs de la Vienne d'user de leur influence pour faire sortir et voter au plus tôt ce texte de loi.

A l’ouverture de son 24e Congrès l’Union départementale des syndicats ouvriers de la Vienne salue les camarades des tramway à de Lille et des environs qui luttent pour obtenir leurs légitimes revendications et en particulier l'abrogation des décrets-lois frappant leurs salaires.

Le 24e Congrès de l'UD s'associe de tout cœur à la grève que mènent les camarades des tramways, il les assure de son entière solidarité morale et financière pour soutenir leur magnifique mouvement et décide de voter la somme de 100 francs pour aider à ces camarades à défendre une cause qui est aussi celle de tous les travailleurs.

Les syndicats ouvriers de la Vienne constatent, non sans regret, que le budget a été voté sans qu'il y ait été apporté quoi que ce soit contre les décrets-lois frappant les fonctionnaires et agents des services, Ils déplorent également que le souci d'un vote rapide du budget ait esquivé le véritable débat qui aurait dû s'instituer relativement aux décrets-lois.

Prenant acte de cette nouvelle carence du Parlement, les syndicats ouvriers déclarent qu'ils continueront à mener la lutte pour l'abrogation totale de ces décrets dont l'iniquité soulève la colère et la réprobation populaires.

Comme citoyens, les membres des syndicats ouvriers affirment qu'ils n'apporteront leurs bulletins de vote qu'à ceux des parlementaires ou candidats qui s'engageront à s'opposer énergiquement à cette absurde politique de déflation qui conduit le pays à la ruine et à la misère.

Ils renouvellent aux parlementaires de la Vienne leurs protestations réitérées en leur demandant de faire en sorte qu'à la rentrée des Chambres. la question des décrets-lois soit examinée et leur abrogation votée.

 

 

le 08/01/2021 à 14:03

Source : La Vienne Ouvrière et Syndicaliste

congrès, fusion, unité, politique

Les fichiers joints :

La photo du congrès
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