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0352230/03/1936POITIERS

CINQUANTENAIRE DU SYNDICAT DE L’IMPRIMERIE DE POITIERS

La première manifestation organisée par la 112e Section du Livre de Poitiers à l'occasion de son cinquantenaire, le samedi 28 mars dernier, a obtenu un gros succès. En effet, la salle de la Maison du Peuple était trop petite pour contenir le public venu là, à la fois pour affirmer ses sentiments de solidarité et passer une agréable soirée.

A 9 heures précises, quand tout le monde ou à peu près eut pris place le camarade Gelin, secrétaire du Livre, prononça l'allocution suivante :

Mesdames, Messieurs, Chers Camarades,

J'ai le plaisir de remercier le nombreux public qui, ce soir, a bien voulu répondre à notre invitation à l'occasion de cette fête qui, nous l'espérons. vous permettra de passer une agréable soirée.

Je remplis cette tâche, qui m'est rendue agréable, par la collaboration qui m'a été apportée par tous mes camarades de la 112e section du Livre de Poitiers et je souhaite que chacun apprécie l'effort que notre section a fait en vue de la réussite de cette fête,

Je n'aurais garde d'oublier de remercier tous ceux, qui de près ou de loin, nous ont aidé dans la préparation morale et matérielle de cette fête, Chacun sait en effet les difficultés inévitables que l'on rencontre pour en mener à bien l'organisation. Les uns et les autres, nous avons nos obligations professionnelles auxquelles nous devons consacrer le meilleur de notre temps, et il nous a fallu prendre sur notre sommeil et sur nos loisirs bien des moments que d'ailleurs nous ne regrettons pas,

Nous-avons trouvé auprès de la population poitevine, toujours si généreuse, le meilleur accueil, et les encouragements ne nous ont pas fait défaut. De même nous remercions certains commerçants pour leur amabilité et pour la générosité dont ils ont fait preuve tant pour notre tombola que pour nous aider dans la réussite de notre fête. Enfin, je n'oublie pas nos camarades des syndicats de Poitiers qui tous se sont dévoués et nous ont apporté une aide précieuse. A tous et à toutes, le syndicat du Livre adresse ses remerciements et sa reconnaissance.

Je tiens également à remercier le camarade Souchaud, secrétaire de la Bourse du Travail toujours si dévoué à la cause des ouvriers, et auprès duquel on ne s'adresse jamais en vain. Il nous a aidé en nous apportant son expérience; sa présence parmi nous, nous sera particulièrement sensible car nous savons l'intérêt qu'if porte à nos organisations syndicales.

Le but de notre fête ? Vous le connaissez tous. C'est l'anniversaire du cinquantenaire de la formation du syndicat du Livre de Poitiers, Il est bien délicat pour un jeune comme moi d'avoir à rappeler une période si riche en exemples syndicaux. Certes il est dans notre syndicat, et probablement dans cette salle, des militants je ne dirai pas de vieux militants, car un militant ne vieillit jamais, qui seraient bien mieux qualifiés que moi-même pour rappeler cette période glorieuse de notre mouvement syndical.

Il est des hommes qui ont vécu cette période et qui depuis sont disparus, mais il en est d'autres qui l'ayant également vécu sont toujours sur la brèche et, je puis bien le dire, sont pour moi, jeune secrétaire de syndicat, des collaborateurs ou plus exactement des conseillers précieux. Je ne citerai que nos camarades Froment, Bonniffet, Bonhomme et enfin notre ami Renault qui ces jours derniers a pris la décision, que nous regrettons, d'abandonner ses fonctions de secrétaire qu'il tenait de la confiance unanime de ses camarades depuis plus de 10 ans.

Notre syndicat du Livre fut fondé en 1886, c'est-à-dire an lendemain de la loi sur les syndicats. De 1886 à 1895 il connut une période difficile, il se produisit même quelques éclipses bien compréhensibles d'ailleurs pour un mouvement syndical accomplissant ses premiers pas.

A partir de 1895, le syndicat se développe à mesure que la classe ouvrière prend conscience d'elle-même. C'est alors la période des revendications. La classe ouvrière, à cette époque, commençait à dresser la tête.

C'est la lutte pour la journée de 9 heures, alors que les ouvriers en faisaient douze. Cette revendication et bien d'autres se poursuivent jusqu'au moment de la guerre. Ce fut une période pendant laquelle les pouvoirs publics étaient plus préoccupés par les problèmes politiques que par les questions sociales et économiques.

Hélas, la guerre arracha à leurs foyers ceux de nos plus jeunes militants, malgré tout pendant cette période tragique notre syndicat continua tant bien que mal à vivre et, cela peut paraître bizarre, à se développer.

C'est ainsi qu'en 1918 à la fin de l'horrible tuerie au cours de laquelle de nombreux camarades du Livre trouvèrent la mort, notre syndicat se trouvait avoir un effectif particulièrement important.

C'était la période qui suivit la guerre, nos camarades typos et imprimeurs, comme l'ensemble de la classe ouvrière, aspiraient à de meilleures conditions de vie et de travail. Ils ne pouvaient accepter en effet une durée de travail de 10 heures et des salaires très bas. Depuis un quart de siècle on parlait des lois sociales, des retraites ouvrières, de la journée de 8 heures, etc ... Dans la bataille sociale qui fut menée aussitôt après la guerre, nos ouvriers ont tenu leur place.

Puis ce fut 1920. Les ressortissants du Livre de Poitiers se mirent en grève pour des salaires mieux ajustés, ils eurent gain de cause.

En 1927, le coût de la vie ayant encore augmenté, nos camarades durent, une fois de plus, recourir à cette arme suprême pour se faire rendre justice.

Aujourd'hui notre syndicat du Livre, que j'ai l'honneur de représenter ici, est en plein développement ; nous groupons plus de 100 membres et chacun sait l'effort mutualiste que nous accomplissons au sein de notre syndicat.

Certes nos cotisations sont élevées, mais au sein de notre organisation, la solidarité n'est pas un vain mot. Nos camarades en versant leurs cotisations font d'abord leur devoir de militants syndicalistes, ils sont fédérés et confédérés ; ils adhèrent à leur Union locale et départementale et puis, en cas de, maladie ou de chômage, ils reçoivent une allocation journalière, de même que des secours d'urgence peuvent être accordés. Enfin notre Fédération a organisé une caisse de retraite et, sur leurs vieux jours nos camarades sont assurés de toucher une petite retraite qui les aidera.

Je ne veux pas passer sous silence une autre œuvre que nous avons accomplie et dont notre syndicat est justement fier : c'est l'organisation d'un cours professionnel d'imprimerie et de typographie qui peut être cité comme modèle. Chaque année et pendant plus de six mois ce cours fonctionne à la Bourse du Travail et tous ceux qui l'ont visité ont pu se rendre compte de la qualité des travaux qui s'y effectuent et de l'assiduité des élèves qui le suivent. Nous préparons là de futurs ouvriers, nous espérons, qu'outre leurs qualités professionnelles, ils marcherons dans le même sillage que nous avons suivi et que plus tard, reprenant le flambeau, ils continueront l'œuvre que depuis cinquante ans leurs aînés ont poursuivi sans cesse et sans défaillance.

Ces quelques explications n'auront sans doute pas été inutiles, elles auront montré notre tâche incessante? Pour mener à bien une œuvre aussi importante que celle que nous nous proposons ; l'effort de tous est nécessaire sinon indispensable ; aussi je me permets de faire appel à ceux qui n'ont pas encore rejoint nos rangs et je leur dis très amicalement : votre place est parmi nous, venez nous rejoindre et travaillons ensemble à l'édification d'une société meilleure afin de donner aux hommes un peu plus de justice dans le travail et dans la liberté.

Craignant de vous importuner par un trop long discours et comprenant votre impatience, je veux en terminer en vous demandant de bien vouloir faire bon accueil à nos camarades chargés de la vente des programmes et en vous souhaitant de passer une agréable soirée.

A toutes et à tous, merci.

 

 

le 08/01/2021 à 15:16

Source : La Vienne Ouvrière et Syndicaliste

cinquantenaire, historique

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