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0352706/12/1936POITIERS

CONGRÈS EXTRAORDINAIRE DE L’UNION DÉPARTEMENTALE DES SYNDICATS OUVRIERS

Le Congrès extraordinaire de l'Union départementale des syndicats ouvriers de la Vienne, s'est tenu à Poitiers, le dimanche 6 décembre 1936, à 9 h, du matin, salle des Fêtes de la Maison du Peuple, sous la présidence du Camarade Bothereau, secrétaire adjoint de la CGT, assisté des camarades Pouilloux, secrétaire de l'Union locale de Châtellerault et Maingot, secrétaire de l'Union locale de Loudun.

Souchaud, secrétaire de l'UD demande qu'une seule séance suffise pour ce congrès. Pouilloux (instituteurs) ne pense pas que l'on puisse épuiser un ordre du jour si important dans une seule séance.

Bothereau, président, demande que chacun soit discipliné afin de pouvoir terminer, s'il en est possible. Il apporte le salut de la CGT et se réjouit d'être parmi les camarades de la Vienne.

Il donne la parole au camarade Gelin, secrétaire adjoint, qui procède à l'appel. Quatre Unions et 54 syndicats sont représentés, 4 sont excusés, 27 sont absents.

Il donne lecture du procès-verbal du précédent congrès qui est adopté à l'unanimité.

Le président donne ensuite la parole au camarade Souchaud qui fait un tour d'horizon sur la situation de l'UD. Il donne un compte rendu du travail fait dans les six derniers mois. Il s'excuse de n'avoir pu donner satisfaction à tout le monde ayant eu trop de travail ces temps derniers.

Il fait remarquer que la situation des travailleurs de la Vienne était véritablemeut désastreuse, les événements récents l'ont démontré. Les grèves qui eurent lieu ont été des victoires à part deux ou trois exceptions. Si les organisations syndicales ont été le maîtresses de la situation, il faut un peu déchanter, car le patronat s'est repris et dan la Vienne, comme dans beaucoup d'autre départements de nombreux militants ont été licenciés avec les moyens habituels.

Pour les conventions collectives, il indique que s'il n'a pu donner satisfaction à tous, c'est que ces conventions ont été rédigées, discutées et signées avec son concours le plus entier et que cela lui a créé un travail considérable. La tâche déjà dure, a été compliquée par l'application des nouvelles lois sociales qu'il a fallu faire appliquer malgré la mauvaise volonté patronale.

Il termine son exposé en disant qu'il pense avoir fait le maximum d'efforts et demande aux camarades, s'ils ont des suggestions ou renseignements à formuler, qu'il est à leur disposition.

Le président déclare la discussion ouverte et donne la parole à Pouilloux qui apporte le point de vue de l'Union locale de Châtellerault.

Pouilloux fait remarquer que si des lois sociales sont votées et appliquées, il constate que malheureusement à la base, dans certains endroits, elles sont inappliquées et il demande que la CGT prenne ses dispositions pour que l'inspection du travail soit renforcée en augmentant le nombre des inspecteurs afin de faire respecter ces lois.

Il fait ressortir que si les salaires ont été augmentés, le coût de la vic a été augmenté de beaucoup plus, lésant ceux dont les salaires n'ont pas été relevés.

Tout en se félicitant du développement des organisations syndicales dans la Vienne, il demande que plus que jamais, la CGT envisage la désignation de délégués à la propagande, afin de parcourir le pays pour éduquer les masses syndicales. Il termine en demandant une réorganisation de notre UD afin de soulager notre secrétaire général dans sa tâche écrasante.

Maingot (Union locale de Loudun) s'associe aux paroles du camarade Pouilloux en ce qui concerne le patronat de combat et la répression vis-à-vis des militants et demande aux responsables de l'UD de venir faire de la propagande à Loudun.

Commelin (métaux de Poitiers) demande qu'elle est la position de la C. G. T. devant le coût de la vie.

Coulonges (banques) indique que le moral n'est plus le même qu'en juin dernier et regrette que le gouvernement n'est pas fait le nécessaire pour l'application des lois, ce qui aurait pu éviter les occupations d'usines et il demande que la CGT intervienne énergiquement pour la stricte application de ces lois.

Pouilloux (Poitiers) dénonce le danger de l'échelle mobile, qui à son avis, léserait les bas salaires, tandis que les haut salaires seraient avantagés et il préfère une augmentation proportionnelle par rapport à ces salaires.

Giraudeau demande que la commission de propagande qui existe pour notre UD soit convoquée de manière à faire la propagande nécessaire dans le département.

Souchaud reprend la parole pour répondre aux orateurs et aux questions posées. Pour l'application des lois sociales, malgré de nombreuses interventions de sa part, des satisfactions n'ont pas toujours été données et serait souhaitable qu'un texte de loi vienne en aide aux organisations syndicales afin de les faire respecter et il indique que sur certains points les Fédérations seraient plus qualifiées pour intervenir avec succès.

Quant à l'inspection de travail pour le département, il fait remarquer qu'il n'est pas possible de faire tout le nécessaire, l'Inspecteur du Travail ayant à sa charge deux départements.

Pour la propagande, s'il n'a pas fait de plus nombreux déplacements, c'est que la situation financière ne permet pas de faire des frais élevés et il demande de faire coïncider autant que possible des réunions avec ses visites dans le département et il indique que, en ce qui concerne Châtellerault, de nombreux militants sont capables de faire ces réunions et cette propagande, sans qu'il soit obligé de se déplacer ce qui évitera des frais supplémentaires.

Bothereau (président) prend la parole pour répondre aux critiques ou questions concernant la CGT. Il indique de suite qu'en ce qui concerne la propagande, des orateurs sont à la disposition des UD chaque fois que celles-ci en font la demande. Pour le respect des lois sociales, 200 inspecteurs nouveaux sont prévus pour l'ensemble du pays ce qui permettra un contrôle plus facile. Pour l'échelle mobile des salaires, il y a certes des inconvénients mais aussi certains avantages. Pour ce qui est du respect des conventions collectives, la loi sur l'arbitrage obligatoire apportera des garanties à la classe ouvrière et il pense que cette loi sera votée par le Parlement.

II termine en demandant si les camarades approuvent l'action du bureau. Il consulte le congrès qui approuve à l'unanimité.

Souchaud donne lecture d'une circulaire de la CGT convoquant les Unions départementales au Comité National Confédéral. L'ordre du jour porte surtout sur la réorganisation de la CGT.

Il donne son avis et est étonné que dans le projet de la CGT il ne soit pas prévu les moyens financiers pour soutenir les petites Unions départementales.

Bothereau répond que la CGT a prévue des subventions aux UD.

Colas (trésorier) indique que la CGT n'a pas toujours répondu favorablement. II donne connaissance du nombre de timbres placés dans l'année et pour répondre à certaines critiques, il cite les émoluments du bureau de l'U. D.

L'ordre du jour du prochain CCN portant surtout sur l'examen de la situation intérieure et extérieure et la position de la CGT, une discussion est ouverte afin de mandater le secrétaire pour ce prochain CCN.

Cette discussion fut très animée et dura plus d'une heure. Pouilloux, Giraudeau (Châtellerault), Coulonges, Pouilloux J., Souchaud (Poitiers) et Bothereau y prirent part et apportèrent chacun leur point de vue particulier. A la fin de cette discussion, Giraudeau déposa l'ordre du jour suivant que le président mit aux voix et qui fut adopté par 49 voix contre 3 et 2 abstentions :
« Le Congrès extraordinaire de l’UD des syndicats ouvriers de la Vienne, réuni à Poitiers, le dimanche 6 décembre 1936, salle de la Maison du Peuple ;
« Considérant que l'évolution des événements d'Espagne pose pour notre mouvement syndical confédéré un problème de plus en plus angoissant du fait de la violation évidente par le fascisme international de l’accord de non-intervention signé par les représentants des gouvernements européens ;
« Considérant que dans ces conditions, l'accord de non-intervention est une duperie qui permet aux gouvernements fascistes de soutenir efficacement la rébellion militaire qui s'est insurgée contre le gouvernement du Front populaire espagnol, émanation directe de la majorité du peuple ;
« Approuve sans aucune réserve la position de la C. G. T. demandant au gouvernement de Front populaire de notre pays de reconsidérer le problème espagnol et de lever le blocus qui permettra au peuple espagnol, luttant héroïquement pour le maintien de ses libertés, de battre et d'écraser définitivement la clique militaire à la solde du fascisme international ;
« S'engage à soutenir énergiquement la CGT pour faire appliquer intégralement le programme du Rassemblement populaire ».

Après avoir fait voté une somme de 100 fr. pour les victimes de la catastrophe de Saint-Chamas, le camarade Souchaud fait préciser le lieu du prochain Congrès ordinaire de l'UD qui aura lieu, après entente avec les camarades, à Loudun, dans le courant du mois de mars 1937.

Bothereau président remercie tous les délégués pour la tenue de ce congrès et leur adresse ses félicitations.

L’ordre du jour étant épuisé, il lève la séance à 13 heures.

L. Gelin, secrétaire-adjoint.

La Vienne Ouvrière et syndicaliste – Janvier Février 1937

 

 

 

le 10/01/2021 à 17:40

Source : La Vienne Ouvrière et Syndicaliste

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