0354209/09/1949POITIERS
M. Paulet, secrétaire de l’Union départementale des syndicats confédérés CGT-FO de la Vienne et du syndicat de la MAC, nous communique :
La période des congés étant maintenant virtuellement terminée et notre établissement national ayant repris son activité normale, après une courte fermeture, nous pensons qu’il n’est pas sans intérêt de voir comment se présente la condition humaine des travailleurs, à la veille d’un hiver qui s’annonce particulièrement dur à la suite d’un été qui fut d’une sécheresse exceptionnelle.
Certains de nous ont pu partir en vacances chez des parents ou des amis, par variante avec les tracas de la vie courante et aussi par un besoin impérieux de repos et de désintoxication de l’air vicié des ateliers et bureaux. D’autres, et c’est la grande majorité, se sont contentés de rester à la maison ! Sans doute, ces laisser pour compte auraient-ils pu aussi profiter de la cure de désintoxication si le gouvernement et le parlement avaient accepté la modeste revendication de l’indemnité de vacances que nous leur avions instamment réclamée. Ceci posé, voyons quels sont les symptômes majeurs du malaise ouvrier en général et à la Manufacture en particulier.
Deux constatations prévalent : la hausse constante du coût de la vie et la hantise des prochains délestages ; d’une part les statistiques officielles font ressortir une montée générale des prix de détails de 6,5 %. Rien de surprenant à cela et nous y sommes habitués depuis... la Libération. Les causes en sont multiples : sécheresse, marges bénéficiaires excessives des grosses entreprises, hausses provoquées allègrement par le gouvernement sur le blé, les cuirs, les transports et incapacité du dit gouvernement à compenser ou à stabiliser les prix industriels et agricoles.
D’autre part le manque d’eau dans les centrales hydrauliques laisse présager pour fin septembre ou début octobre, d’importants délestages qui se solderont en fin de compte mensuellement par plusieurs billets de mille en moins dans le budget familial. Si l’on ajoute à cela les dépenses saisonnières de bois, de charbon, d’électricité – malgré les coupures -, de vêtements chauds, de livres pour la rentrée des classes, on a autant d’indices certains du mécontentement des classes salariées.
Pour revaloriser leur pouvoir d’achat, nous demandons :
1) La liberté des salaires par le retour aux conventions collectives nationales avec fixation d’un nouveau minimum vital ;
2) L’alignement du bordereau de salaires ouvrier sur celui du secteur privé de la métallurgie ;
3) Le paiement immédiat d’un acompte à valoir sur le nouveau bordereau ;
4) Une indemnité différentielle du manque à gagner du fait des délestages, basée sur le salaire moyen de chaque catégorie ;
5) La sortie rapide du statut des agents de maîtrise et techniciens contractuels ;
6) La troisième tranche de reclassement pour les fonctionnaires.
Il faut que le Ministre de la Défense nationale réunisse d’urgence la Commission interministérielle des salaires s’il veut éviter que, le cas échéant, nous ne passions à l’offensive. Nous ne voulons pas servir de masse de manœuvre aux agitations stériles et aux grèves, qui ont comme unique conséquence de servir le parti qui en tire les ficelles, mais nous voulons faire respecter notre droit à la vie.
Nous demandons donc à nos camarades de n’obéir qu’aux mots d’ordre de la CGT-FO qui va prendre dans les jours qui viennent une attitude énergique pour la défense des travailleurs.
le 15/01/2021 à 15:58
Source : Le Libre Poitou
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