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0356306/11/1944POITIERS

UNITÉ ET ACTION NÉCESSAIRE

Après une disparition volontaire de 5 années, notre journal « La Vienne Ouvrière et Syndicaliste » fait, aujourd'hui, sa réapparition. Nous sommes surs que les travailleurs manuels et intellectuels de notre département accueilleront avec joie ce premier numéro.

C'est qu’en effet, la réapparition de notre presse ouvrière et syndicale marque la reconstitution de nos syndicats, laquelle s’effectue chaque jour sous le signe de l'unité totale.

La classe ouvrière de notre pays a trop souffert pendant ces cinq dernières années pour ne pas comprendre aujourd'hui que son salut et celui de la Nation toute entière repose sur la bonne volonté que chacun, en ces jours difficiles, doit manifester.

Qu'il soit seulement permis d'évoquer les leçons qui découlent de ces vingt.cinq dernières années. On verra, sans entrer dans le détail, que lorsque la classe ouvrière fut divisée, lorsque des luttes fratricides opposèrent des tendances ou des fractions, aucune réforme sociale, aucune amélioration au sort des prolétaires, ne fut possible et encore moins réalisée.

Bien au contraire, au cours de ces périodes de querelles, la régression se manifesta - souvenons-nous des décrets-lois qui préludèrent la politique dite de déflation - et pendant ce temps, les trusts et le capitalisme en général profitèrent des divisions ouvrières pour imposer leur intolérable tyrannie.

Ce ne fut que du moment de l’unité syndicale réalisée dès le début de l'année 1936, qu'il fut possible d'enregistrer un prodigieux essor dans le domaine social.

Ces conquêtes sociales ont été mises en péril durant ces dernières années. Il nous appartient, aujourd'hui, de les préserver et de les étendre. Notre unité ouvrière est retrouvée et réalisée, tous les sacrifices doivent être consentis pour la maintenir.

Ces sacrifices doivent nous paraître légers en face de certains autres que nous n'avons pas hésité à faire au cours de ces années passées. Que chacun médite cela. Pour maintenir et fortifier notre unité nécessaire, il faut sans doute pratiquer la tolérance mutuelle, c'est-à-dire respecter les idées et les convictions particulières. Nous ne devons pas y manquer car le syndicalisme de la CGT n'exclut personne. Il faut aussi pratiquer réciproquement la plus grande loyauté et n'avoir en vue que la défense des intérêts moraux et matériels tant dans le domaine social que dans celui de l'économie où demain nous devrons jouer un grand rôle.

C'est une tâche déjà considérable et capable d'absorber à elle seule toutes nos bonnes volontés. C’est de grand cœur que nous y convions tous les travailleurs animés d'un esprit de justice sociale et d'émancipation prolétarienne.

 

La guerre n'est malheureusement pas terminée et la situation économique de notre pays laisse à penser que des efforts considérables sont à réaliser de toute urgence.

Une tâche énorme doit être accomplie, et là classe ouvrière, partie intégrante de la nation, ne se dérobera pas, elle fera son devoir. Nous demanderons seulement et exigerons au besoin que les parias d'hier, les déshérités de toujours. connaissent désormais une vie digne et un peu plus de bien être.

Durant quatre années, nous avons dit aux ouvriers : « Ne travaillez pas pour les boches, sabotez votre travail », ils ont suivi nos conseils. Aujourd'hui, nous leur disons notre pays est dans une situation : grave, travaillez pour la France et ils accomplissent des efforts pour que le pays se relève.

Nous avons connu tous les maux, enduré toutes les misères : La guerre de 1939-40, la captivité, les stalags, le travail forcé, la déportation. les privations, les salaires de famine ; de bon cœur nous avons été dans la résistance active ou dans les maquis ; partout et toujours la classe ouvrière a payé son tribu.

Nous avons nos héros et hélas aussi nos martyrs, aussi nous croyons avoir conquis quelques droits. Nous n'en abuserons pas car nous sommes conscients de nos devoirs. Nous voulons faire confiance au nouveau gouvernement de la République Française et à son chef le Général de Gaulle afin que notre pays renaisse dans la justice par la liberté, l'égalité et la fraternité.

La Vienne Ouvrière - novembre 1944

 

 

le 21/01/2021 à 10:50

Source : La Vienne Ouvrière et Syndicaliste

guerre, journal, déclaration

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