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L’ordre de grève général, lancé par la centrale syndicale de la CGT et auquel celle de la CGT-FO et les autonomes avaient décidé de s’associer, tandis que la CFTC, jugeant le mouvement « inopportun » avait engagé ses fédérations à s’abstenir d’y participer, n’a été suivi que partiellement à Poitiers.

Si la population a été privée de journaux par la grève des Travailleurs du Livre, encore que celle-ci ait surtout été effective dans la branche journal, on pouvait remarquer dès les premières heures de la matinée que la plupart des services publics fonctionnaient normalement. C’est ainsi que les services du nettoiement assurèrent l’enlèvement des ordures ménagères. Le courrier fut normalement distribué, les administrations, banques et magasins ouvrirent à l’heure normale, tandis que les cars assuraient leur service sur toutes les lignes. Par contre dans la SNCF, on enregistra un nombre important de grévistes.

Voici comme se présentait la situation dans les différents secteurs d’activité d’après les renseignements que nous avons pu recueillir tant auprès des directions d’établissements que des organisations syndicales.

Dans les PTT
Dans les PTT, la situation était normale vendredi avec, cependant, un pourcentage insignifiant d’agents qui n’ont pas pris leur service. Les tournées ont été assurées, le tri effectué et les communications téléphoniques et télégraphiques fonctionnaient avec l’ensemble du territoire.
Dans le département, les services de portage des lettres et télégrammes on subi un léger retard, mais ce qui n’a en rien modifié l’acheminement quotidien des courriers. La recette principale était ouverte.
Au Ponton : la brigade de jour des employés des PTT qui sont affectés au service de la gare (ponton) a pris son service au complet à 4 h. et 6 h. vendredi matin et a procédé aux travaux ordinaires, classement, etc... dans la mesure où les arrivages ont eut lieu.
La brigade de midi elle aussi était au complet, comme celle du matin.

Trolleybus
Tout le personnel employé au trolleybus a pris son service régulièrement, tant dans les bureaux que sur les lignes.

Trésorerie générale
A la Trésorerie générale, malgré quelques absences, les bureaux ont été ouverts normalement et les opérations se sont poursuivies durant toute la journée de vendredi.
Au service du Trésor, 1/3 de l’effectif environ a arrêté le travail.

A la Mairie
Les employés et les cadres de la mairie de Poitiers étaient tous présents à leurs bureaux vendredi matin et ont travaillé comme à l’accoutumée.

A la Sécurité sociale
Tout le personnel de la Sécurité sociale a observé l’ordre de grève lancé par les centrales syndicales.

Aux Ponts et Chaussées
Aucun mouvement de grève n’a été signalé.

A la Préfecture
La situation étant identique, chacun à son poste.

A l’usine DDT à St-Benoit
Chaque ouvrier a pris vendredi matin son poste aux différents services de l’usine DDT à Saint-Benoit, ainsi que les cadres dans les directions des travaux.

Un cas particulier à l’usine Leclanché
La direction de l’usine Leclanché a reçu des délégués des deux syndicats CGT et CFTC, au cours de la semaine, une note indiquant que les ouvriers avaient l’intention d’obéir à l’ordre de grève lancé par les centrales.
La direction, envisageant un fonctionnement partiel de l’électricité et des transports, avait donc décidé de ne pas « tourner » vendredi et de faire assurer des travaux prévus pour vendredi. En foi de quoi, il est, ce matin impossible de déterminer de façon précise, l’importance qu’aurait pu revêtir à la Pile Leclanché, cette grève de 24 h.

Situation confuse à l’EDF
Les cadres de l’EDF n’ont pas suivi l’ordre de grève, par contre le personnel qui, au complet, s’est rendu au lieu de travail n’a assuré que les services de sécurité tant pour la distribution du gaz que de l’électricité.

A la SNCF
En ce qui concerne les cheminots, la grève a été suivie par la majorité. Les chiffres que nous a communiqués la direction de la gare de Poitiers, sont les suivants :
Étaient en grève : personnel gare, 50 à 60 % ; personnel roulant, 70 %.
Malgré le pourcentage assez élevé de grévistes, les trains omnibus du matins sont partis, ainsi que ceux en direction de Niort dans le courant de l’après-midi et de la soirée.
Le train « express » joignant la frontière espagnole à Paris est parti normalement à 5 h. 15.

Dans l’enseignement
Dans l’enseignement, la grève n’a pas atteint toute la profession. D’après nos renseignements 50 % environ des instituteurs et institutrices étaient vendredi à leur poste. D’une façon générale, les garderies ont été assurées. Seules les écoles de Poitiers de Coligny (garçons) et Condorcet (filles) avaient portes closes.
Le personnel de l’enseignement technique que nous n’avons pu joindre, semble avoir obéi à l’ordre de grève.

A la Reconstruction
Dans ce secteur aucun employé n’a cessé le travail.

Au Cadastre
Au cadastre, où n’existe aucun syndicat autonome, les syndiqués n’ont pas assuré leur service, toutefois les non syndiqués étaient à leur poste.

Enseignement technique
La grève était totale chez les syndiqués FO.

Hôpitaux
Grève partielle, sécurité assurée.

Parc d’artillerie
Au parc d’artillerie de Poitiers la grève a été presque totale.

Autobus
Les départs ont été assurés dans la journée de vendredi dans toutes les directions aux heures habituelles.

Chez les artisans
A la Chambre des métiers, le personnel a pris son service normalement. Aucune défection n’a été signalée parmi le personnel des ressortissants.

Dans le commerce
Aucune incidence dans le commerce poitevin. Tous les magasins ont ouvert normalement leurs portes à la clientèle. Dans ceux employant du personnel, celui-ci s’est présenté à l’heure d’embauche. Il en est de même dans les différents ateliers de la ville. Il y a lieu de signaler que l’appel lancé par l’association des patentés de France, recommandant à ceux-ci de fermer leurs magasins vendredi n’a pas été suivi.

Industries particulières
Dans les diverses grosses maisons industrielles de la ville, la grève n’a pas été suivie en masse. Selon les positions syndicales, les ouvriers se sont, ou ne se sont pas rendus, au lieu de travail. D’une façon générale, le pourcentage des grévistes n’a pas atteint un chiffre important.