0359929/11/1949MONTMORILLON
Tenu dimanche à Montmorillon, ainsi que nous l’avons déjà relaté, le congrès départemental des syndicats chrétiens de la Vienne, a permis à des représentants du monde salarié de faire le point de sa situation et de poser des problèmes d’avenir quant à sa défense sur divers terrains sociaux.
Le rapport moral de M. Jouitteau
En préambule de son exposé très substantiel, M. Jouitteau parle de la lassitude des salariés par les politicailleries et les manifestations inopérantes.
Les salaires
Dans la Vienne ils n’atteignent pas en moyenne, douze mille francs par mois. Ceux de neuf mille francs sont monnaie courante. La CFTC était beaucoup plus partisane de la baisse des prix que de la hausse des salaires, enchaine le président départemental qui va maintenant s’en prendre à la politique des gouvernements.
« Nous demandons, poursuit-il, le retour à cette liberté des salaires dans le cadre des conventions collectives avec la double garantie du minimum vital et de l’arbitrage. A cet égard les dirigeants de la CFTC ont été effarés par certains termes contenus dans des articles de presse sur les projets de conventions collectives.
Abattements de zones
La position de la CFTC consiste à demander la révision plutôt l’abattement de zones. Il ne faut pas oublier en effet, que les transports, les loyers sont plus chers en ville.
« Nous estimons, dit-il, qu’il vaut mieux chercher à obtenir des choses plus justes et plus honnêtes et tenir jusqu’à satisfaction. Si nous voulons êtres respectés, ne présentons des revendications qu’à bon escient ».
Le devoir des syndicalistes
« Nous n’oublions pas aussi nos devoirs, nous n’avons pas que des droits. Respectons ces conventions collectives, respectons nous-mêmes les engagements que nous avons souscrits ».
La médecine du travail
Dans le cadre des autres activités départementales, on a vu démarrer le 28 octobre 19448, la médecine du travail dans l’industrie. A partir de janvier 1950, elle sera obligatoirement étendue au commerce. Dans la Vienne, 5.914 salariés ont passé la visite, 4.800 la radio.
Primes de vacances
Nous avons protesté à l’UD parce que nous avons estimé que si les salariés ne gagnaient pas leur vie, c’était les salaires qu’il fallait augmenter.
La vie départementale de la CFTC
M. Jouitteau cite les représentations CFTC au sein des commissions et des conseils départementaux puis il aborde l’existence des syndicats chrétiens à l’intérieur du département.
Il se félicite en premier lieu de la reprise du syndicat des ouvriers agricoles, grâce à son trésorier, M. Lion. Si la CFTC à Poitiers continue de vivre, c’est dû à M. Billouin. A Montmorillon une désaffection est remarquée à l’égard du syndicalisme, travail de longue haleine. Les éléments féminins sont devenus peu nombreux. Dans toutes les administrations (exemple l’hôpital), les militants ne sont pas assez récompensés dans leurs efforts. Le secrétaire local doit être secondé. L’orateur appelle les jeunes au premier rang de ceux qui luttent pour améliorer les conditions de travailleurs. Par l’action de M. Bazin, le syndicat de Domine fondé fin mars compte une trentaine d’adhérents. Un salut au passage de M. Raucourt, de la Tricherie. La situation à Châtellerault est à l’optimisme avec un bon noyau. Une résurrection est escomptée dans la bonneterie, le contre-plaqué, aux usines Rocher et à la Manu. Une mention à Chasseneuil et la pile Leclanché, avec M. Bazin.
Ce périple ramène M. Jouitteau à Poitiers pour y noter la résurrection formidable du syndicat du bâtiment dont l’effectif s’est accru de vingt fois en cinq mois, œuvre de M. Morisseau. Lecture est donnée d’une lettre de M. Pré, président honoraire et relative à l’œuvre du trousseau fondée en 1935 par l’Union locale qui par ailleurs s’est distinguée aux élections prud’homales. Des remerciements vont à M. Jean-Louis qui a mis sur pied le Fête du Travail pleinement réussie.
Avec les cours professionnels, des éloges sont exprimés à M. Bessard (comptabilité), à Mlle Uursault (couture) et signalés leurs 31e et 30e anniversaires. Le président départemental passe à divers autres syndicats, fonctionnaires et assimilés, commerce et industrie, PTT, assurances-banques, mutualité agricole, infirmières, enseignement libre, etc.. qui gardent tous leur vitalité et pour la plupart augmente leurs effectifs.
Une large discussion est ensuite ouverte sur le rapport moral.
Le compte rendu financier de M. Billouin
Le trésorier général de l’UD aligne des chiffres qui dénotent une petite balance créditrice à la suite de quoi tout le monde est invité à prendre l’habitude de cotisations mensuelles régulières. La suggestion est émise de la cotisation équivalente à une heure de travail de salarié. Dans le bâtiment, elle est égale à 50 francs.
Les discours au déjeuner
« Le public a accueilli la grève avec une indifférence totale. C’est Me Mistouflet qui, parlant le premier, part sur cette constatation pour déduire que, dès lors, le syndicalisme chrétien ne doit pas se lancer dans des actions hasardeuses. Observant l’horizon international, l’avocat-conseil de la CFTC, situe les deux idéologies en présence, les deux mondes en train de fourbir leurs armes et il démontre les buts du mouvement chrétien pour l’Europe, lancé à Rome il y a un an, dont le travail n’est pas encore très connu du grand public.
Le délégué confédéral, M. Hostein, s’appuie sur son expérience de plus de 30 ans pour dire que le syndicalisme donne des résultats.
La Sécurité sociale par M. Veyssières
Reprise des travaux à 15 h. 30 au Vieux Palais, avec le rapport sur la Sécurité sociale par M. Veyssières, administrateur CFTC.
Prestations
Des difficultés ont surgi entre cette caisse et le corps médical. La convention du 18 octobre 1948 au 15 janvier 1949 a été dénoncée ensuite par les médecins. Plusieurs solutions à ce problème parmi lesquelles le système du tiers payant, la CFTC a voté contre. Le tarif légal fixé par le Ministère, la procédure d’arbitrage. A Poitiers a été ouvert un cabinet dentaire qui a parfaitement réussi. Le vote de principe a été émis d’un cabinet dentaire également à Châtellerault. Il manque l’autorisation ministérielle. Le rapport passe au jeu des prestations dans les maisons d’accouchement puis dans les cliniques privées et les hôpitaux. M. Jouitteau voudrait que l’on rembourse autant pour les cliniques que pour les hôpitaux.
La gestion
M. Veyssières fait à présent état de l’opération considérable que constituent l’achat d’un immeuble rue Saint-Louis à Poitiers et sa reconstruction. Les travaux sont démarrés. Quant à la question du personnel, on a réussi à faire observer les conventions des examens que dorénavant devront passer les postulants à un emploi à la caisse.
La Caisse départementale de la Sécurité sociale est en général bénéficiaire mais le jour où il faudra verser la retraite-vieillesse, la situation pourra se trouver modifiée.
M. Hostein qui intervient, souligne les revendications démagogiques de la CGT « On ne peut pas, dit-il, augmenter les prestations sans augmenter les cotisations. Or, il y a un obstacle car se faisant on accroîtrait le prix de revient chez les employeurs d’où une hausse des produits ».
Les A.F. par M. Thévenet
Le rapport suivant concerne l’action des administrateurs CFTC au Conseil d’administration des Allocations familiales de la Vienne pour le même exercice 1948-1949.
M. Thévenet analyse donc après un schéma de la répartition des membres du Conseil, le travail accompli.
Maison de « Chez Ragon »
Son intérêt s’est révélé efficace pour les colonies de vacances, malgré quelques ennuis au départ. C’est de nécessité absolue qu’elle se montre aussi utile en tant que maison d’accueil de dépannage pour les familles en état d’infortunes d’ordres divers.
Commission d’action sanitaire et sociale
Importante par ses attributions, c’est elle qui fixe les prorata des crédits à affecter à chacune des œuvres privées ou semi-publiques s’occupant de l’enfance.
Primes d’aide familiale
Elles sont destinées à permettre aux mères de famille ayant plusieurs enfants en bas âge de se faire aider pour les soins du foyer. Elles sont attribuées pour les enfants en-dessous de 6 ans ayant moins de deux ans de différence avec leur ainé. 25 % des allocations sont attribuées en complément. La dernière réunion de la Commission sanitaire a (…)
Commission de la population
Elle admet les demandes des allocataires en chômage ou ne pouvant plus travailler. Un vœu a été formulé auprès du ministre, le 23 mars 1949, pour que les fonds donnés par la caisse soient remboursés par l’État.
Aide aux colonies de vacances, camps et placements familiaux
Pour 1949, le taux de subvention aux colonies a été porté à 120 francs par journée pour les enfants de 4 à 15 ans au lieu de 100 francs l’année précédente. Pour les camps, à 60 fr par jour et 50 fr pour les placements familiaux.
M. Jouitteau a demandé récemment que les familles emmenant leurs enfants à la mer ou à la campagne pendant les vacances, bénéficient d’une subvention comme pour les placements familiaux et M. Thévenet que cette aide soit étendue aux localités agglomérées de plus de 2.000 habitants et aux banlieues industrielles de Poitiers et Châtellerault.
Un prochain conseil en décidera.
Garderie d’enfants de Montmorillon
M. Thévenet indique que la carence de l’ancien comité de la Croix rouge de Montmorillon a fait perdre à cette localité l’avantage d’une subvention de trente mille francs pour le démarrage d’une garderie d’enfants comme il en existe à Poitiers et Châtellerault. Une indemnité journalière aurait, de plus, été accordée.
Et, pour terminer, le rapporteur insiste sur la nécessité qu’il y a à dénoncer avec courage les multiples défaillances individuelles ou collectives imputables à l’égoïsme, au laisser-aller, qui vont à l’encontre d’une meilleure adaptation de l’ensemble des lois de Sécurité sociale et notamment des allocations familiales.
Me Mistouflet
L’avocat-conseil, dans son intervention, pose la question de savoir si le bilan national des allocations familiales, qui accuse un déficit de 2 à 3 milliards, pourra être résorbé, et s’il faudra pour cela envisager d’augmenter la cotisation. L’équilibre financier des A.F. dans le département est une impossibilité.
M. Hostein fait un exposé sur la campagne à prévoir pour les élections à la Sécurité sociale au mois de mai 1950. Il confirme qu’elles auront lieu normalement à cette époque mais il se peut que le projet de modalité soit modifié.
Le discours de clôture
Le vice-président de la Gironde, délégué par la Confédération nationale à ce congrès déclare : « Ce qui amène au syndicalisme chrétien, se sont les idées, c’est cette foi qui soulève les montagnes, mais il faut la baser sur des réalités et pour cela s’organiser, constituer des cercles d’études.
« Depuis 60 ans qu’il existe, le syndicalisme n’a pas varié. Dès ce moment-là, il demandait le minimum vital non seulement pour le travailleur, mais pour la famille qui pour lui, à la différence de la CGT ou de FO, est la base de la société. C’est pour cela qu’il a réclamé la semaine anglaise, qu’il s’est raccroché à la Sécurité sociale. Nous pensons aussi que le droit de propriété doit être modifié. Nous sommes pour la nationalisation et non pour l’étatisation.
Ayant développé par d’autres aspects encore ce que veut la CFTC, M. Hostein termine en substance : « La CFTC représente pour nous une amitié. On peut ne pas être d’accord sur des problèmes, on est d’accord sur les principes. Je vous demande de conserver cette amitié fraternelle ».
le 22/01/2021 à 16:51
Source : Le Libre Poitou
Espace Militants v0.3 - UD CGT 86 - http://cgt-ud86.org