« Retour

0366631/03/1950POITIERS

MANIFESTATION PLACE DU PALAIS

Curieux et manifestants - ceux-ci venus à l’appel des « Combattants de la Paix » - s’étaient groupés dès 13 h 45, place Alphonse Lepetit. Six cars, dont un car-radio de CRS donnaient avec cela, aux abords du Palais, un petit air de mobilisation.

La raison de ces concentrations, c’était le jugement devant la Cour des « dockers » (un docker, un caréneur, un découpeur, un ajusteur, une infirmière, un journaliste, un manœuvre) de La Rochelle.

A l’intérieur, comme à l’extérieur du Palais, les forces de police étaient également nombreuses. CRS sur les marches, police et gardiens de paix dans la salle des Pas perdus, agents et gendarmes aux abords et dans la 2e Chambre.

État-major de police, commissaires, officiers d’une part, état-major du Parti communiste, députés, responsables et des « Combattants de la Paix » d’autre part, formaient les noyaux de conciliabules contradictoires.

Cependant l’audience était montée comme de coutume. Tout au plus remarquait-on une assistance inaccoutumée dans la salle ; mais jamais le bruit ne dépassa le ton du léger murmure.

Dehors, par contre, ce fut plus agité. Vers 14 h .30, se servant du toit d’une voiture comme piédestal, un étudiant harangua les manifestants. Les CRS entrèrent alors en action pour disperser les manifestants. Quelques vifs orions furent échangés à hauteur de l’Office des Combattants tandis qu’une opération de repli vers la rue Gambetta était poursuivie. Pas de blessé (heureusement). Quelques vérifications d’identité. Puis les choses se calmèrent pour se ranimer un peu plus tard, à la fin de l’audience. Aux cris de « libérez les dockers », un cortège se forma en direction de la Maison du peuple. Il se dispersa assez vite.

A 18 h. 30, toute agitation avait cessé.

Entre temps, à 15 heures, une délégation conduite par M. Michel Bloch était reçue à l’Hôtel de ville par le maire. Cette délégation ne fut pas reçue à la Préfecture.

L’affaire

A la suite d’une manifestation publique organisée, selon certains, spontanément selon d’autres, qui avait suivi une réunion privée de protestation contre le chargement d’armes à destination de l’Indochine, à bord du cargo « Auray », le 21 février, à La Rochelle, sept personnes comparurent devant le Tribunal correctionnel de cette ville, sous l’inculpation de manifestation non déclarée, d’outrages et de violences à agents. Quatre furent condamnées : Pierre Reutin, 22 ans, manœuvre, à 2 mois de prison ; Yvon Mailhé, docker, à 1 mois de prison ; Marcelle Jedot, femme Prevost, 37 ans, infirmière, à 6 jours de prison et Jean-Pierre Berrardi, 32 ans, caréneur, à 15 jours de prison. Trois furent relaxées : Raymond Agasse, 24 ans, rédacteur en chef de la « Voix des Charentes », son père Félix Agasse, 63 ans, ajusteur et Roger Lamiraux, 46 ans, découpeur au chalumeau.

Le Parquet général à fait appel contre tous.

Ils se présentent à l’audience, présidée par M. Gorphe, assisté de MM. Bertrand, Favard et de Larboust.

Raymond Agasse est l’orateur du groupe et transforme des explications en thème de propagande. Les autres s’en tiennent aux faits. Reutin reconnaît avoir lancé « quelques petites pierres » ; Mailhé p ar contre nie avoir mordu un agent. Mme Prévost affirme n’avoir pas injurié les agents, mais Reutin lorsqu’il lancait les pierres.

Dans ses réquisitions, M. l’avocat général Giraud se cantonne dans le domaine du droit. Il abandonne l’accusation en ce qui concerne Félix Agasse et Lamiraux. Il laisse à l’appréciation de la Cour le soin d’apprécier la responsabilité possible de Raymond Agasse et l’application des peines.

Me Grandon plaide pour Reutin et demande l’indulgence.

Me Bry plaide pour les autres prévenus.

Jugement aujourd’hui vendredi.

 

 

le 31/01/2021 à 15:44

Source : Le Libre Poitou

procès, manifestation, paix

« Retour

Espace Militants v0.3 - UD CGT 86 - http://cgt-ud86.org

Site UD 86 - Espace militants - Espace formation