0373827/12/1950POITIERS
Où il est question d’un 19e avenant et de revendications du personnel
Verrons-nous un arrêt des voitures préluder à une nouvelle phase de l’affaire ?
Au cours de la séance du Conseil municipal de vendredi soir, un écho a été entendu du débat tripartite qui se poursuit actuellement à l’arrière-scène de l’actualité poitevine : les transports en commun en étant le sujet. Il est probable qu’avant peu cette question passera à la toute première actualité locale.
Nous avons déjà publié un entretien avec un représentant du Comité d’entente du personnel. Aujourd’hui, c’est un véritable monologue du même représentant que nos lecteurs vont connaître. Ils verront que le débat des transports a de multiples aspects et qu’à côté du point de vue de l’usager, de la compagnie, de la ville et de l’employé comme agent d’exécution – points de vue d’ordre technique, financier ou pratique – le point de vue de l’employé comme salarié doit être également retenu et qu’il intervient dans le problème.
Ne préjugeons pas de l’issue de celui-ci, puisque nous n’en sommes qu’aux données mais notons dès maintenant que l’arrêt revendicatif des transports urbains peut, sous certaines conditions intervenir.
Mais cette introduction est assez longue, laissons la parole à notre interlocuteur.
L. Ch. D.
« Les usagers des trolleybus et autobus ont pu prendre connaissance dans « Le Libre Poitou », nous dit le représentant du Comité d’entente, de la position du personnel au sujet de la marche du réseau et de la surcharge. Le personnel avait été amené à cette mise au point pour que les clients ne voient pas en lui le pelé, le galeux responsable de tous les maux.
« Pour remédier, dans la mesure de leur possible, à une situation rendue délicate s’il faut employer ce mot, car il semblerait plutôt que le nombre des clients augmentant, il n’y ait pas lieu de s’en plaindre, les délégués du personnel ont pris contact avec la Compagnie et la Ville, d’abord pour voir la possibilité d’y apporter remède, donnant ainsi satisfaction à tous et par la même occasion, pour faire aboutir leurs justes revendications.
« Du côté de la Compagnie, il n’apparaît pas de grande difficultés. Une juste compréhension des revendications ferait pencher en faveur des demandes formulées par le personnel ; à la condition toutefois que jouent les avenants en cours d’approbation au Ministère et qui permettrait de donner une peu d’aisance à la trésorerie.
« Devant cette position, le personnel se retourna vers la Ville. Ici autre son de cloche. La ville dit à la Compagnie de gérer et d’équilibrer ses affaires et de ne pas avoir de déficit. Un 19e avenant est en cours de signature au Ministère, pour assurer un prix au km, (garantie de X) pour les autobus car, comme tout le monde le sait, il y a un voyage à plein et un voyage à vide et vice-versa, donc en principe le service autobus n’est pas viable sans subvention ou alors à des tarifs relevés. Quant aux trolleybus, il y sera vu par la suite.
« En définitive, chacun se rejette la balle et pendant ce temps la vie augmente tous les jours et les épouses des employés font la constatation journalière, comme toutes les autres épouses d’ouvriers, qu’elles ne peuvent malgré tous leurs efforts, joindre honnêtement leur budget. Les maris harcelés se retournent vers leurs délégués, demandent à ceux-ci de faire un ultime effort, car ce qui les intéresse, comme toute la classe ouvrière, ce ne sont pas les discours, mais des actes.
« Ne pouvant être juge et partie, voulant rester en dehors des différents Ville et Compagnie, le personnel pense néanmoins qu’il peut avoir dans la gestion du réseau son opinion personnelle et, pourquoi ici ne la dirait-il pas, elle vaut ce qu’elle vaut et chacun en pensera ce qu’il voudra.
« La Ville dit à la Cie : Gérez votre affaire en commençant, ne faites pas de déficit et bouclez votre budget en équilibrant honnêtement dépenses et recettes. Sur cette question, d’accord en tous points mais, car il y a un mais, faut-il que ce commerçant soit libre d’exercer librement et de gérer ses affaires comme il convient, fixer ses prix de vente par rapport à ses dépenses afin de faire une balance équilibrée.
« Or, ici la Compagnie dit que ce n’est pas le cas, la Ville lui impose des tarifs qui n’ont pas été relevés depuis 1948. Ceci, malgré des dépenses en hausse constante telles que ; pneus 47 %, huile, essence, matériel, impôts, etc... et ne veut en aucun cas apporter les possibilités de combler la différence ; divers projets sont à l’étude mais aucun n’a, à ce jour, reçu une application.
« Dans ces conditions, comment trouver une solution au problème si personne ne veut y mettre du sien.
« Le personnel a proposé son avis, Monsieur le Maire lui a offert d’être convoqué à la prochaine Commission de Voirie et d’y apporter les suggestions qu’il croira possibles à une situation qui ne saurait s’éterniser.
« Les délégués ont accepté et se tiennent à la disposition de la Municipalité quand il lui plaira de les convoquer.
« Mais le personnel des trolleybus et autobus, à l’unanimité, quelles que soient les tendances syndicales, tient à prévenir les Poitevins, ses clients et amis, que n’étant en rien responsable de la situation ainsi créée, son fidèle public ne saurait lui en vouloir s’il était amené à prendre ses responsabilités, dans un proche avenir, pour faire aboutir ses justes revendications qui n’ont qu’un but, apporter le strict nécessaire en leurs foyers ».
Ainsi s’est exprimé, au nom du Comité d’entente, un représentant du personnel de la Compagnie des Tramways. Ce n’est sûrement pas le point final.
le 08/02/2021 à 17:08
Source : Le Libre Poitou
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