0385018/10/1951SAINT-BENOIT
Mais le secret de fabrication est jalousement gardé.
A quelques kilomètres de Poitiers, tout près de l’endroit où, dit la légende, Calvin vécut pendant les guerres de religion en des grottes qui gardent son nom, on songea il y a plusieurs dizaines d’années, à construire une usine.
Tous les avantages se trouvaient réunis en ce lieu. L’eau que distribue généreusement le Clain, le chemin de fer, avec possibilité de voie privée, la proximité de la commune de Saint-Benoit et de la ville de Poitiers.
Plus tard, les gosses de Poitiers, dont Mauroc et les grottes de Calvin sont le lieu des exploits, jetaient, entre deux courses folles, un regard curieux sur cette énorme cheminée rouge crachant la fumée. C’était l’usine de Saint-Gobain.
Et dans le langage local cette appellation est demeurée bien que les occupants de l’endroit aient changé. C’est maintenant la Société Poitevine de Conditionnement qui exploite l’usine de Saint-Benoit.
Le changement, il y a deux ou trois ans, se fit sans heurts, discrètement…
On s’interrogea un peu sur les nouveaux produits fabriqués, on sut ou on ne sut pas qu’ils étaient à base de D.D.T. et puis, la curiosité publique a demi satisfaite,les conversations changèrent de thème et l’usine commença à tourner.
Elle tourne toujours et fort bien, mais garde un peu de son mystère.
Point question d’alambics géants non plus que de portes blindées, que pourrait évoquer ce terme de « mystère ».
Mais une chose domine tous les gestes, toutes les conversations à l’intérieur de l’usine de Saint-Benoit : « le secret de fabrication ».
.../…
On a coutume de juger de l’importance d’une usine au nombre de personnes qu’elle emploie. Cent ouvriers et employés travaillent à Saint-Benoit, ce qui est déjà un joli chiffre ; mais il faut préciser que le travail de manutention a été réduit à son minimum, diminuant par là même l’importance du personnel nécessaire.
Que fabrique t’on ?
L’usine de Saint-Benoit présente une curieuse anomalie : On y fabrique rien. On « conditionne » seulement. En peu de mots voilà ce dont il s’agit : Un produit découvert en Suisse, fabriqué aux États-Unis, est conditionné à Saint-Benoit pour être exporté ensuite un peu partout. Le Cameroun, notamment , en fait, nous a t-on dit, une grande consommation.
Le produit en question est un insecticide à base de DDT dont on dit le plus grand bien et qui prend différentes formes liquides ou en poudre.
Ces formes il les prend à Saint-Benoit et ce sont ces opérations diverses de conditionnement que nous avons pu suivre mardi dernier.
.../...
Robert Plumereau
le 08/03/2021 à 17:55
Source : Le Libre Poitou
Espace Militants v0.3 - UD CGT 86 - http://cgt-ud86.org