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0386410/11/1951VIENNE

LA GRÈVE A ÉTÉ SUIVIE PAR LES INSTITUTEURS DE LA VIENNE

Le mouvement de grève lancé sur le plan national parmi les instituteurs pour l’abrogation des lois Marie et Barangé, a été suivi dans le département de la Vienne à la presque unanimité des instituteurs exerçant dans les écoles primaires.

La proportion des grévistes en cette journée du vendredi 9 novembre atteignait en effet plus de 95 %. Dans l’Éducation physique et les sports et l’Enseignement technique, c’était l’unanimité qui était réunie.

Par contre le mouvement le mouvement n’a pas été suivi ou peu chez les instituteurs exerçant dans l’enseignement secondaire.

Non qu’ils ne soient pas d’accord avec le but poursuivi par leurs camarades ! Mais ils ont fait connaître à leurs dirigeants nationaux qu’ils ne participeraient à aucun mouvement tant qu’une explication valable ne leur sera pas donnée en ce qui concerne l’arrêt de la grève du Bac, décidé on le sait, sur le plan national.

Très peu d’enfants se sont présentés

En général les parents n’ont pas envoyé leurs enfants à l’école.

D’ailleurs les portes de certaines de ces écoles étaient résolument closes, une affichette posée à proximité, expliquant les raisons de cette fermeture.

Quelques garderies

Pourtant, dans certaines écoles, les enfants se sont présentés à l’heure habituelle, en petit nombre il est vrai.

Aussi, pour rendre service à certains parents, des garderies complètes ou à mi-temps ont-elles été assurées.

Dès ce matin, samedi, les instituteurs reprendront leur poste et les cours se dérouleront normalement.

Un meeting à Poitiers

Jeudi, à 18 h. 30, les instituteurs de la Vienne se sont réunis à la Maison du peuple à Poitiers pour un meeting de protestation.

La salle de la Maison du peuple était trop petite pour contenir tous les participants à ce meeting.

Au premier rang on notait la présence de nombreuses personnalités et notamment MM. Pichard, inspecteur d’Académie, Besson, directeur régional de la Jeunesse et des Sports, Bradeau, Inspecteur principal de l’Enseignement technique, Paitrault, Inspecteur primaire et de nombreux directeurs de collèges, lycées et écoles, professeurs, instituteurs, etc.

M. le docteur Roux, ancien Président du Conseil général, conseiller du canton de Vouillé, fut désigné à l’unanimité comme président de séance. Il avait à ses côtés, M. Rousseau et M. Foisnet.

En ouvrant la séance, M. le président Roux exposa les raisons et les buts de ce meeting.

Puis de nombreux orateurs se succédèrent à la tribune parlant au nom des différentes formes d’enseignement ou de syndicat.

On entendit notamment MM. Bibault (Enseignement primaire), Roos (Syndicat national de l’Enseignement secondaire), Jean (Enseignement technique), Fuzier (secrétaire du syndicat des Écoles Normales), Briand (Sports), les représentants des syndicats CGT et CGT-FO, Martinet (Ligue de l’Enseignement), Foisnet (Secrétaire du Comité départemental de Défense laïque), Pannier (Parents d’élèves).

Les uns et les autres s’élevèrent vigoureusement contre les lois Baranger et Marie.

M. Foisnet devait donner lecture d’une lettre de M. Legrand (Enseignement supérieur) faisant connaître l’appui de son syndicat. D’autre part, un normalien, M. Daniau, lut une motion des élèves-maîtres de 4e année affirmant combien les futurs instituteurs sont prêts à défendre la laïcité.

Nous ne nous étendrons pas sur les différents exposés, la substance de ceux-ci étant contenue dans la motion que nous publions ci-dessous, motion qui fut adoptée à l’unanimité et qui sera portée à M. le Préfet de la Vienne par une délégation.

Signalons cependant que M. Foisnet invita tous les présents à se rendre à Luçon pour un meeting qui doit être une démonstration de masse.

La motion

Le personnel enseignant du département de la Vienne et les représentants de nombreuses organisations républicaines réunis à la Maison du peuple, le vendredi 9 novembre 1951, protestent contre la loi Marie qui accorde des bourses d’État à certaines familles pour qu’elles ne confient pas leurs enfants à l’enseignement public.

Contre la loi Barangé qui prétend mettre « une allocation à la disposition de tout chef de famille ayant des enfants recevant l’enseignement du premier degré » mais qui, en s’opposant au versement direct de cette allocation aux chefs de famille, reprend et aggrave les dispositions de la loi de Vichy du 2 novembre 1941 accordant des subventions aux écoles primaires privées.

Attirent l’attention de tous les français sur l’extrême gravité de ces deux lois anticonstitutionnelles.

Rappellent que l’école laïque accueille tous les enfants, tous les adolescents sans s’inquiéter de savoir si leurs familles sont croyantes ou non, si elles sont de droite ou si elles sont de gauche.

Elle leur apprend à se connaître et à s’aimer les uns les autres.

Soucieux de maintenir au sein de l’école, du collège, du lycée l’union de l’enfance et de l’adolescence et, hors de l’école, du collège, du lycée, l’union de tous les braves gens de France.

Dans l’intérêt des enfants et des adolescents, dans l’intérêt des parents, dans l’intérêt de la République et de la France.

Ils réclament l’abrogation de ces deux lois de discorde nationale et le retour au vieux principe laïque :
« aux écoles publiques, fonds publics »
« aux écoles privées, fonds privés »

s’engagent par serment à lutter de toute leur foi, de tout leur enthousiasme, sans trêve et sans défaillance jusqu’au jour où seront intégralement rétablies dans leur lettre et dans leur esprit, sur tout le territoire de la République, les grandes lois laïques, rempart de la paix religieuse, des droits sacrés de l’enfance, des libertés républicaines et de l’unité française.

La journée du 9 novembre dans les écoles normales de Poitiers

On nous communique :

Les professeurs des écoles normales d’institutrices et d’instituteurs de Poitiers, unanimes ont tenu à s’associer à la protestation du 9 novembre contre la loi Marie-Barangé en entretenant leurs élèves de la laïcité.

S’appuyant sur les écrits des fondateurs de l’école laïque ils ont expliqué l’origine, la valeur et la noblesse de cette école. De plus ils ont montré les dangers que représentent pour l’école publique française et pour l’unité de la nation, les textes votés par le parlement.

 

le 09/03/2021 à 08:27

Source : Le Libre Poitou

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