0039101/12/1905POITIERS
LES BOULANGERS DE POITIERS
Le syndicat des patrons boulangers nous demande l'insertion de la lettre suivante qu'il a adressé à M. Deschamps, secrétaire général du syndicat des ouvriers boulangers de Poitiers :
"Le syndicat des patrons boulangers de Poitiers qui devait examiner l'exposé de vos revendications dans sa réunion d'hier ainsi qu'il vous en avait informé et qui, à défaut de leur acceptation, aurait peut-être pu vous émettre quelques propositions de réformes s'est trouvé délié de son engagement devant l'incorrection avec laquelle vous avez procédé en sollicitant directement de chaque boulanger, syndiqué ou non, l'acceptation d'un nouveau tarif, tout de conditions moins acceptable encore, avant d'avoir reçu notre réponse au sujet du premier.
"Nous ne nous départirons pas pour cela de toute la sollicitude que nous avons toujours montrée pour les ouvriers de la corporation et nous sommes toujours prêts à discuter avec vos délégués autant que nos rapports resteront courtois de syndicat à syndicat.
"Toutefois sans discuter ici les conditions de votre nouveau tarif publié dans la presse locale le 26 courant, je dois vous faire remarquer que l'administration du syndicat des patrons boulangers de Poitiers n'eut point accepté telles dispositions qui eussent sacrifié les intérêts de la grosse boulangerie en menaçant ceux de la petite, mais qu'alors, à plus forte raison, nous qui comprenons les principes de la démocratie, surtout dans la défense des petits qui, presque partout, sont les faibles, nos avions le droit de refuser votre tarif qui, dans certain cas, consacrant le prix de la main d'œuvre plus de trois fois moindre pour les grosses boulangeries que pour les petites, eut consommé la ruine de ces dernières à bref délai.
"Pourquoi aussi ne classez-vous pas les ouvriers selon le travail que l'on peut leur faire exécuter et ne faites-vous aucune distinction du service d'un jeune homme de 16 ans sans expérience, sortant d'apprentissage, avec un homme de 30 ans qui a une toute autre valeur.
"Pourquoi, d'autre part, ne voulez-vous tenir aucun compte de la grandeur des fours lorsque leur contenance diffère depuis 200 kilos de pain et plus jusqu'à 160 kilos, 120 kilos et même 100 kilos ?
"Voudriez-vous donc enfin vous opposer à l'émancipation de ceux des vôtres dont la juste ambition d'arriver au petit patronat serait anéantie par les dispositions onéreuses qu'inconsciemment peut-être vous aviez préparé spécialement contre la petite boulangerie.
Veuillez agréer (...)
Le président, Meunier
le 07/04/2020 à 15:18
Source : L'Avenir de la Vienne
Espace Militants v0.3 - UD CGT 86 - http://cgt-ud86.org