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On avait parfaitement raison d’envisager un nouveau mouvement car, à la suite de mots d’ordre lancés sur le plan national, des débrayages massifs se produisaient mardi matin à partir de 7 heures à la gare de Poitiers.

CGT, FO, Autonomes et inorganisés, quittaient le travail. Seuls les travailleurs chrétiens qui n’avaient point reçu d’instructions de leur centrale, ne se joignaient pas officiellement au mouvement, bien qu’un certain nombre d’entre eux aient imité leurs camarades des autres syndicats.

Mardi, en fin de matinée, la CFTC tenait réunion et il apparaissait vraisemblable qu’elle ne tarderait pas à se joindre au mouvement.

Après la grève limitée de la fin de la semaine dernière, c’est, cette fois une action illimitée qui est engagée.

Quelques trains ont circulé mardi matin, mais ils étaient pilotés par des grévistes rejoignant leur port d’attache. Plus tard, le trafic devenait pratiquement nul.

 

Quelques voyageurs d’une Micheline venant de Niort étaient bloqués à Poitiers, au moment même où les cheminots tenaient une grande réunion à la Maison du peuple, réunion qui fit ressortir la volonté de poursuivre le mouvement jusqu’à satisfaction.

La résolution des cheminots

Le Comité de grève des cheminots de Poitiers, composé de camarades CGT – FO – FGAAC – CFTC – inorganisés, s’indigne et proteste contre le premier train de décrets Reynaud-Laniel, paru le 10 août à l’Officiel, malgré un sévère avertissement les 7 et 8 août et appliqué par le gouvernement.

Ces décrets se traduisent pour les cheminots par :
1. - Le blocage de toute augmentation de salaire et de prime de toute sorte.
2. - Arrêt de l’avancement en échelon.
3. - Arrêt de l’avancement en grade en raison de la compression accrue du personnel.
4. - Le principe de recul de l’âge de la retraite pour aboutir à un allongement de carrière de sept années.
5. - Possibilité de réduire le taux de la retraite dont le calcul se fera sur les 60^e au lieu des 50^e ce qui se traduira par une perte sèche de 20 % du taux de la retraite pour le même temps de service.

Le Comité de grève des Cheminots de Poitiers, s’élève contre cette odieuse décision gouvernementale et exige d’urgence le convocation immédiate du Parlement.

Décide en conséquence de poursuivre la grève totale dans l’ordre et l’unité jusqu’au retrait des décrets pré-cités, et réclame le paiement intégral des journées de grève.

FO : Texier ; FGAAC : Pradeau ; CGT : Guérin, Chaumont ; CFTC : Charles ; Inorganisés : Joubert.