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Mardi soir une réunion d’une grande tenue à eu lieu à la Bourse du Travail de Châtellerault. Y assistaient 90 postiers grévistes et des cheminots qui étaient présents pour marquer la parfaite communauté de point de vue et la solidarité des deux mouvements. Nous tenons à remercier dans ces colonnes le Comité de grève qui a toujours eu le rare souci de faciliter la tâche de la presse, dans toute la mesure du possible, en particulier son président que nous avons pu brièvement interviewer.

La réunion

La réunion groupe au total entre les postiers et la délégation des cheminots, une large centaine de participants. La salle est comble. La séance est présidée par le Comité de grève, composé du président, non affilié à un syndicat, ainsi qu’un autre des membres, mais chaque centrale est représentée par un membre. Nous donnons ces précisions pour montrer l’ampleur du mouvement qui n’est pas seulement le fait des employés syndiqués, mais porte aux postes de direction des hommes sans appartenance.

Les postiers sont bien décidés à faire aboutir leurs revendications. A Bordeaux, ils entrent aujourd’hui dans leur 10e jour de grève, alors qu’à Châtellerault ils ne sont qu’à leur 8^e jour, certes, après les sacrifices consentis, ils ne veulent pas reculer. De plus, les nombreuses marques de sympathie et de solidarité qu’ils reçoivent ne les incitent pas à composer à l’heure où ils peuvent croire que le pays, ou une fraction de celui-ci, les suit. N’est-ce pas à Poitiers que c’est passé ce geste : des Vieux travailleurs prenant sur leur « nécessaire » quotidien 1000 fr qu’ils versaient au fond de solidarité ?

L’ordre du jour

On évoque le cas d’employées des PTT, des téléphonistes requises croyons-nous savoir, n’ayant pas répondu à la réquisition dont elles étaient l’objet, viennent de se voir frapper de suspension. Ces employées sont attachées à Châtellerault. Néanmoins les postières décident avec une unanimité sans faille de continuer leur mouvement. Ils sont selon l’expression du président de leur Comité de grève « gonflés à bloc ». La délégation cheminote près de laquelle nous sommes restés un moment dans la salle, approuve.

Les faits de la journé

Comme notre édition d’hier en faisait état, le police assure un service réduit quoiqu’aussi étendu qu’il est possible. Bien qu’ils connaissent mieux la ville que nos soldats, nos agents ne connaissent pas chacun comme le facteur. Les locaux de l’hôtel des postes de Châtellerault affectés au tri du courrier sont occupés par les agents qui effectuent ce travail.

Un membre du Comité s’est rendu à Poitiers, d’ailleurs le Comité est en relation avec Poitiers et avec l’administration centrale. C’est pourquoi, à l’unanimité les grévistes ont pensé que céder sur le plan local, alors qu’il s’avère que l’action prenait plus d’ampleur sur le plan national, serait un lâchage qu’ils ont estimé tout à fait déshonorant et inutile.

Geste de solidarité

Un membre du Comité met ensuite l’assistance au courant d’un geste des ouvriers de la Manu. Ces derniers proposent une quête dans l’établissement pour constituer un fond de secours aux grévistes. La proposition est accueillie par acclamations. Seules ses modalités d’exécution sont mises en discussion. Le principe est adopté néanmoins comme une marque de solidarité des travailleurs.

Dernière heure

Des commerçants anonymes ont apporté leur concours aux grévistes par des dons en nature. Cette aide n’est pas la seule que nos postiers aient reçue de la population châtelleraudaise. Un retraité des PTT, à l’instar de celui de Poitiers, s’est présenté à la Bourse du Travail. Cet homme aux moyens de vie très réduits à néanmoins voulu, malgré l’insistance pressante du président du Comité, donner 500 francs. Son nom est en tête de liste des donateurs pour la cagnotte. Il est reparti les larmes aux yeux ayant donné plusieurs jours de son nécessaire.

Les postiers ont été particulièrement touchés de ce geste, les autres ne les ont pas trouvé insensibles.