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Le Comité de grève des PTT nous communique

Le public poitevin qui, dans le passé, a pu voir sortir de la Poste nos facteurs munis de leur boîte ou de leur sac lourdement chargé (plus de 20 kg) se rend compte de l’inefficacité des distributions actuelles du courrier lorsque les chômeurs récemment recrutés partent en tournée avec une malheureuse poignée de lettres.

Les fanfaronnades de la radio annonçant la distribution d’un million de lettres dans la journée du 13 août sont en effet une confirmation de la vanité que constitue la prétention d’assurer un service convenable avec des unités recrutées dans des conditions que l’ensemble des postiers considère à juste titre comme anormale et dont l’embauche semble s’effectuer avec une certaine légèreté.

C’est d’ailleurs pourquoi les postiers en grève, qui ne craignent pas de se voir supplanter par ces auxiliaires très occasionnels, déclinent toute responsabilité concernant les conditions de manipulation des correspondances ainsi distribuées et le respect du secret professionnel.

Jusqu’à ces derniers jours, le Comité de grève avait assuré le service de sécurité dans de bonnes conditions. Or, dans certains services, l’Administration a jugé qu’elle était en mesure de remplacer les piquets de sécurité dans des conditions satisfaisantes : ce n’est pas notre avis et les échos que nous recueillons journellement à ce sujet, confirment entièrement notre point de vue. Là encore, le Comité de grève ne pourrait être tenu pour responsable des incidents qui pourraient se produire.

D’autre part, nous apprenons que des pressions sont exercées par les pouvoirs publics sur les chômeurs pour qu’ils se mettent au service de l’Administration. Nous tenons à saluer ici les chômeurs de Carcassonne qui, placés devant le dilemme de se voir supprimer l’allocation de chômage ou d’assurer la distribution du courrier, ont refusé de se faire les briseurs de grève.

Nous faisons appel aux chômeurs de Poitiers dont les intérêts sont liés à ceux de la classe ouvrière en lutte, pour qu’ils refusent de se faire les instruments des pouvoirs publics, car il est bien certain que la satisfaction des revendications des postiers aura des répercussions sur leur propre sort ne serait-ce que parce que nous nous opposons à la réduction des effectifs.

C’est également la raison pour laquelle les jeunes filles qui seraient tentées de se présenter pour remplacer les grévistes doivent réfléchir avant de le faire. Celles-ci et leurs familles doivent comprendre qu’un des buts de la grève est d’augmenter le recrutement d’un personnel actuellement insuffisant et que le gouvernement entendait réduire encore.

NB. - Nous apprenons qu’une dizaine de chômeurs de Poitiers ont refusé également de travailler à la place des postiers en grève.