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Ce que l’on envisageait devait se produire dans le courant de l’après-midi, à l’occasion de la réunion générale des postiers en gréve.

Commencée à 14 h. 30, cette réunion prit fin à 17 h. 45. C’est dire qu’elle fut très chargée... De fait l’atmosphère était très tendue et les membres de la délégation qui s’était rendue la veille à Paris, ayant fait leur rapport, on aborda bientôt l’épineuse question.

Les Cégétistes et plusieurs autres partisans de la poursuite de la grève attaquèrent d’entrée, recueillants de vifs applaudissements, tant et si bien que l’on pouvait encore envisager une poursuite du mouvement.

Puis les représentants syndicaux CFTC et FO ayant pris la parole, le ton de la discussion monta et on échangea quelques mots aigres-doux. Il apparaissait cette fois que la salle était très partagée.

Ainsi, au fur et à mesure que s’écoulaient les minutes, la température évolua.

Et, lorsque, après une suspension de séance, on confirma que dans plusieurs villes de la région, les postiers avaient repris le travail ou s’apprêtaient à le faire, le vote effectué à main levée fit ressortir une très nette majorité en faveur de la reprise du travail, l’élément féminin (téléphonistes) ayant été unanime pour la dite reprise.

Ainsi se terminait une grève unique dans les annales des PTT ; d’aucuns regrettant qu’elle prenne fin sur des résultats jugés insuffisants.

Il restait à fixer les conditions de la rentrée. Ce fut fait, une délégation allant immédiatement en informer le directeur des PTT.

Les grévistes avaient décidé de reprendre le travail en masse samedi à 8 heures du matin.

Pour conserver l’unité révélée par cette grève, ils avaient également décidé de préserver l’existence, dans les jours à venir, du Comité de grève élargi.

Nombre de militants syndicalistes gaziers, électriciens, cheminots attendaient le résultat des délibérations des postiers. Leur décision sema quelque peu la perturbation.

Aussitôt, les grévistes du gaz et de l’électricité tinrent réunion.

Certes, les fédérations CFTC et FO avaient, dans ce secteur aussi, lancé l’ordre de reprise du travail ; mais sur le plan local, les grévistes estimèrent qu’ils n’avaient point les éléments d’appréciation suffisants quant aux avantages obtenus.

Ils firent connaître leur point de vue par un vote à bulletins secrets organisé sur l’opportunité de la reprise du travail.

Sur 70 votants, 68 réclamèrent la poursuite de la grève jusqu’à plus ample information, 1 bulletin se prononçant pour la reprise du travail, un autre était nul.

La décision était prise à la quasi unanimité. La grève se poursuivait, mais la question serait en fonction des nouvelles reçues au cours de la matinée de samedi.

A l’issue de la réunion, les grévistes gaziers-électriciens de tous les syndicats devaient publier le communiqué suivant :

« Les gaziers et électriciens de Poitiers ont décidé de poursuivre l’action dans l’unité pour l’abrogation des décrets Laniel et obtenir l’augmentation des traitements et salaires, dans le cadre de salaire minimum interprofessionnel résultant de la réunion de la Commission supérieure des Conventions collectives.

« Les gaziers et électriciens renouvellent leur volonté de voir enfin convoquer l’Assemblée nationale très rapidement.

« Ils affirment leur volonté de lutter jusqu’à la victoire et de s’opposer à toute entrevue séparée ».

Puis avait lieu, toujours à la Maison du peuple, la réunion des Cheminots en grève.

Là encore les responsables CFTC et FO firent connaître que leurs fédérations respectives avaient lancé un mot d’ordre de reprise du travail.

Là encore la majorité estima que les renseignements parvenus quant aux avantages obtenus étaient très insuffisants et tous (y compris CFTC et FO) décidèrent de poursuivre la grève d’au moins 24 heures, en attendant de plus amples informations.

Une réunion est prévue ce matin samedi à 10 heures.