0413110/11/1953POITIERS
La fédération nationale de l’Éducation nationale autonome avait lancé pour lundi un ordre de grève de 24 heures.
Ce mouvement, dans son ensemble, a été largement suivi.
A Poitiers, une majorité très importante d’instituteurs a fait grève dans le premier degré.
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Réunion à la Maison du peuple
Lundi à 14 h. 30, à la Maison du peuple, les enseignants se sont réunis au cours d’un meeting pour faire connaître leurs revendications.
M. Pouilloux, instituteur en retraite, présidait entouré des représentants des syndicats des divers ordres d’enseignement et de M. Gauthier, président de l’AG.
L’assistance était composée de membres de l’enseignement supérieur, de l’enseignement du second degré, de l’enseignement technique, des instituteurs, des agents des lycées, de parents d’élèves.
Prenant le premier la parole, M. Pouilloux faisait l’historique de la lutte syndicale et déclarait : « Nous sommes engagés dans une longue lutte, dont cette journée de grève est un premier avertissement. Nous devons maintenir à tout prix ce qui a été acquis pour la vraie libération de l’Homme et en particulier, pour la grandeur de notre Université ».
M. Pouilloux passait ensuite la parole à M. Bibault. Le secrétaire du syndicat des instituteurs se félicitait tout d’abord du pourcentage élevé des grévistes. Il poursuivait par l’énumération d’exemples démontrant la pauvreté des réalisations entreprises pour l’enseignement (25 élèves refusés au cours complémentaire de Civray, 45 postes de titulaires occupés par des remplaçants, etc.).
M. Bibault soulignait le malaise actuel en insistant sur le fait que les jeunes enseignants, mal payés, « passent » au secteur privé, que le budget de l’éducation nationale avait été amputé de 33 % de ses crédits, etc.
Pour conclure, il indiquait la ferme volonté de ne pas retourner dans le passé.
La parole était donnée ensuite à M. Jean. Le représentant de l’enseignement technique annonçait d’abord que la grève était effective à 100 % dans son secteur.
Puis il commenta les affiches opposées et indiqua l’état de délabrement de certains locaux et la vétusté du matériel mécanique destiné à enseigner les méthodes modernes de l’industrie. « Aujourd’hui, conclut-il, nous mettons l’accent sur la misère de l’Université, demain notre action se poursuivra plus forte ».
Puis, M. Auger, au nom du personnel de l’enseignement secondaire annonce la quasi unanimité du mouvement au lycée, rappelant d’autre part les principes essentiels de la journée de grève. « La conclusion de la journée, dit-il, est qu’il faut continuer notre action, nous avons démontré que le succès est possible ».
On entendit ensuite le représentant des agents des lycées et collèges demandant l’appui du corps enseignant pour les ressortissants de son syndicat.
Puis M. Blanc, représentant du syndicat général de l’éducation nationale vint à la tribune. Le représentant du syndicat chrétien apporte l’appui de ses collègues qui ont notamment lancé la grève de Châtellerault.
M. Girard, professeur de l’enseignement secondaire, au nom du SGEN, insista à son tour sur la nécessité de la défense des libertés et le prestige de l’Université française.
Autre participant à la manifestation, M. Gauthier, président de l’AG des étudiants, affirma hautement l’appui que ses camarades étudiants tenaient à apporter aux membres des divers degrés de l’enseignement. M. Gauthier s’éleva contre le projet de loi supprimant l’autonomie de l’Université et les bourses insuffisantes, puis demanda une plus large démocratisation de l’enseignement.
Pour terminer, on entendit MM. Gavaudan et Legrand, professeurs de faculté. Les représentants de l’enseignement supérieur s’élevèrent également contre la misère de l’enseignement et des moyens mis à leur disposition, ainsi que « cette sorte d’ordre moral sous la coupe de laquelle certains voudraient mettre l’Université ».
Après l’audition des différents orateurs, M. Pouilloux lut une motion dans laquelle toutes les revendications émises furent condensées. Cette motion sera transmise à M. le Préfet, à M. le Recteur et au Ministre. Et outre, le texte de lettres aux parlementaires fut lu, leur demandant leur sentiment sur les revendications et leur position pour le vote du budget de l’Éducation nationale.
le 07/05/2021 à 10:23
Source : Le Libre Poitou
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