0413717/11/1953CHATELLERAULT
Une délégation FO des « Manu » de Châtellerault, Saint-Etienne, Tulle va demander une audience à M. Pleven, Ministre de la défense nationale
La question des éventuels licenciements à la Manufacture continue à alimenter les conversations des Châtelleraudais, et cela ce conçoit fort bien lorsque l’on connaît le rôle primordial que joue le grand établissement national dans la vie de notre cité.
Nous avons rencontré hier après-midi, M. Paulet, secrétaire du syndicat Force Ouvrière de la Manufacture, qui a bien voulu nous préciser qu’elle était la menace qui pesait sur les Châtelleraudais et la position de son syndicat en face de cette situation.
De le conversation que nous avons eue avec lui, il ressort qu’il est bien exact que 120 à 150 ouvriers sont menacés de licenciement avant la fin de l’année 1953. D’autre part, les dirigeants syndicaux ont été informés que près de 700 employés feraient également l’objet de la même mesure d’ici le mois de juillet 1954. Cette mesure déborde le cadre purement local, puisqu’elle touche également les manufactures de Tulle et de Saint-Etienne.
« Nous nous élevons contre tous ces licenciements parce que nous savons que la Manufacture peut employer actuellement tout son personnel, nous a déclaré M. Paulet. Elle a en effet des commandes pour un an, de quoi faire travailler tous ses employés. Il semble bien que ce soit une nouvelle conception des fabrications d’armements dans les usines françaises qui puisse expliquer cette situation paradoxale. Nous protesterons donc énergiquement contre ces mesures de licenciement, mais nous ne perdrons pas de vue que l’agitation serait préjudiciable aux « Manuchards ». Nous préférons, devant la gravité de la situation, entamer des pourparlers, discuter avec ceux qui tiennent les destinées de la Manufacture entre leurs mains.
« C’est pourquoi notre fédération a rédigé un rapport où elle propose des solutions au problème du plein emploi de la main-d’œuvre actuelle. Ce rapport sera d’ailleurs examiné très prochainement par la Commission de la Défense nationale. Nous nous proposons également très prochainement de demander audience à M. Pleven, ministre de la Défense nationale. La délégation FO serait composée des représentants de Châtellerault, Saint-Etienne et Tulle qui solliciteraient l’appui de leurs parlementaires respectifs.
« Nous demanderons évidemment de faire annuler les projets actuels et au cas où cela ne serait vraiment impossible, nous demanderons que le licenciement s’opère dans un climat de justice sociale, dans cet ordre d’idée que l’application de la loi de dégagement des cadres, qui était facultative, devienne obligatoire. Elle s’appliquerait aux fonctionnaires, agents contractuels et ouvriers. Il semble en effet que cette solution aurait l’avantage d’être la plus équitable, car elle toucherait dans l’ensemble des gens qui ont tous le moyen de vivre décemment (quelques cas particuliers mis à part) en dehors de la Manufacture et de quitter celle-ci avec le maximum d’avantages.
« L’application de la loi de dégagement des cadres permettrait en ce qui concerne la Manufacture de Châtellerault d’arriver ainsi à réduire de 350 ouvriers environ l’effectif d’ici juillet 1954. Toutefois nous tenons avant tout à préciser que nous chercherons à éviter d’abord les licenciements et que nous proposerons au ministre un plan de plein emploi du personnel des usines d’armement.
« Nous ne pensons pas qu’il soit opportun en ce moment de créer une agitation bruyante et c’est dans le but de converser avec le seul souci d’apporter une solution sauvegardant les intérêts châtelleraudais que nous nous rendons à Paris ».
le 07/05/2021 à 14:10
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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