0421513/05/1911POITIERS
Au mois de septembre dernier, nos camarades menuisiers, fortement organisés dans leur syndicat, se mettaient en grève pour obtenir une augmentation de salaire et une meilleure organisation de travail.
Naturellement, Messieurs les patrons crièrent comme des putois que les ouvriers voulaient les étrangler, qu’ils voulaient tout pour eux, que c’était les acculer à la faillite et qu’enfin les ouvriers auraient pu les prévenir quelques mois à l’avance.
Bref, après huit jours de criaillerie, de discussions et pas mal de calomnies de la part de certains patrons, ceux-ci furent obligés de céder et de faire droit aux réclamations des ouvriers.
Quelques jours plus tard, c’est-à-dire au mois d’octobre, nos camarades maçons et tailleurs de pierre, éprouvant eux aussi le besoin d’une augmentation de salaire, résolurent d’exposer également leurs revendications ; mais intimidés par les criailleries des patrons menuisiers, ils prirent la fâcheuse décision de prévenir leurs patrons respectifs qu’ils aient à prendre leurs mesures pour une augmentation de salaire à partir du mois d’avril 1911, c’est-à-dire qu’ils leur donnaient six mois de réflexion.
Je crois qu’en cette occasion nos camarades prenaient plus de souci des intérêts des patrons que des leurs. C’est en tout cas pousser trop loin, à mon sens, une complaisance qui ressemble fort à de la soumission. Nos camarades doivent maintenant s’en apercevoir, depuis six mois que des correspondances s’échangent sans aucune espèce de résultats. J’espère bien qu’ils finiront par comprendre que l’on est en train de les rouler dans les grandes largeurs. Et, s’ils doutaient de l’inefficacité de leur système, qu’ils comparent les résultats obtenus par les menuisiers de Poitiers au mois de septembre dernier et celui tout récemment obtenu par le jeune syndicat du bâtiment de Châtellerault, qui compte dans son sein toutes les corporations réunies du bâtiment ; qu’ils réfléchissent à ce que nous leur avons dit maintes fois sur l’opportunité d’une fusion de toutes les corporations ; nous sommes certains qu’il leur apparaîtra clairement qu’à Poitiers comme partout, l’unité de direction s’impose s’ils veulent obliger les patrons à faire droit à leurs réclamations.
Voici l’exemple de Châtellerault : le 18 avril, toutes les corporations du bâtiment réunies dans un seul syndicat général déclarent la grève, le 24 du même mois, six jours après, le conflit était solutionné en présence de M. le Maire et du Jude de Paix de Châtellerault.
Les ouvriers obtiennent une moyenne de 0 fr. 10 de l’heure d’augmentation pour toutes les catégories du bâtiment ; quelques-unes comme les plâtriers obtiennent 0 fr. 15.
Comparez, camarades de Poitiers, avec votre attitude vague, inconsistante et sans énergie.
Audinet
le 13/05/2021 à 18:13
Source : Le Socialiste de la Vienne
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