0422704/01/1913CHATELLERAULT
Le samedi 28 décembre, à huit heures et demie du soir, salle de la Rosée du matin, a eu lieu la conférence sur l’Action syndicale par le citoyen Chaillé, délégué de la Bourse du Travail de Châtellerault et le citoyen Clouet, délégué de la Bourse d’Amiens.
Le camarade Chauffour est nommé président, les camarades Pageault et Bernard assesseurs et le camarade Rideau, secrétaire.
Le citoyen Chauffour, après avoir remercié l’assemblée de l’avoir nommé président donne la parole au citoyen Chaillé.
L’orateur syndicaliste exprime d’abord ses regrets que la classe ouvrière de Châtellerault n’ait pas su comprendre l’intérêt que présente l’action syndicale, une élite ayant seule répondu à l’appel des organisateurs de la réunion. Puis le citoyen Chaillé donne une définition du syndicalisme : l’application de la solidarité ouvrière en face du patronat ; il montre ensuite l’utilité du groupement, la classe ennemie le pratiquant depuis longtemps dans ses syndicats de financiers, de commerçants et de patrons. Il y a encore beaucoup à faire en France sous ce rapport, la majorité des travailleurs de notre pays restant en dehors de l’organisation syndicale, puis mettant en parallèle le syndicalisme français et le syndicalisme allemand l’orateur prend comme exemple le syndicat de la métallurgie qui compte 3.000 adhérents en France contre 80.000 en Allemagne, le chômage du 1er mai imposé au patronat dans les organisations d’Outre-Rhin comptant au moins 75 pour cent de syndiqués. Ensuite le camarade Chaillé fait voir le syndicalisme arrivant à panser les blessures du régime capitaliste mais devant attaquer le mal dans sa racine, c’est-à-dire arriver à la suppression du salariat, le travailleur possédant bien l’égalité politique mais non l’égalité économique. L’orateur termine sa conférence au milieu des applaudissement en conviant toute la classe ouvrière à s’opposer de toute sa force à la guerre et à entrer en masse dans les syndicats.
Le camarade Clenet apporte les saluts des employés de commerce syndiqués d’Amiens, il montre que si les ouvriers ont obtenu davantage par l’action syndicale, cela tient à ce qu’il ont commencé avant les employés de commerce à entrer dans les syndicats.
Puis, parlant de la loi sur le repos hebdomadaire, il s’élève contre les nombreuses dérogations accordées aux établissements commerciaux ; la limitation des heures de travail n’existe pas pour les employés de commerce qui, dans certains cas font jusqu’à seize heures, puis l’orateur démontre que l’action syndicale ne suffit pas elle-même ; prenant comme exemple le syndicat des typographes, un des mieux organisés, qui par son action directe sur le patronat a obtenu la journée de 9 heures, il fait voir que dans les petits centres les ouvriers de cette catégorie font plus de 9 heures, étant trop peu nombreux dans les petites villes, ils n’ont pu encore imposer cette réforme au patronat ; cela montre que cette revendication importante doit être sanctionnée par la loi, d’une façon générale les améliorations obtenues par l’action directe sont précaires car le patronat profitera d’une crise ou d’un fléchissement du syndicat pour retirer les avantages consentis, il n’en serait pas de même si les réformes étaient imposées par la loi.
Puis, parlant de la situation internationale, il montre que le différend austro-serbe tient à une cause économique. La Serbie demandant un débouché sur la mer Adriatique pour écouler ses cochons ; le refus de l’Autriche pouvant amener un conflit qui se généraliserait par le jeu des alliances, la classe ouvrière organisée s’opposera de toute son énergie à une guerre stupide qui moissonnerait le fleur de la jeunesse et ruinerait toutes nos organisations ; le citoyen Clenet termine son intéressant exposé, interrompu fréquemment par les applaudissements, aux cris de : Guerre à la guerre.
Avant la fin de la réunion, l’Assemblée vote l’ordre du jour suivant :
« Les travailleurs de toutes catégories réunis le 28 décembre 1912, salle de la Rosée du matin, après avoir entendu les camarades Chaillé et Clenet dans leur exposé de l’action syndicale, considérant qu’une guerre dans les circonstances actuelles serait un défi au bon sens, un recul d’un demi siècle pour la civilisation, le progrès et les revendications ouvrières et aurait pour effet de déchaîner la famine, la peste et le choléra, de surexciter la misère et de transformer l’Europe en un vaste charniers. Les travailleurs s’engagent à entrer en masse dans leurs syndicats, de manière à pouvoir s’opposer aux menaces patronales et à hâter la chute du régime capitaliste, seul responsable de toutes les iniquités et de la misère de la classe ouvrière et se séparent au cris de : Vive l’organisation syndicale ! Guerre à la guerre ».
le 15/05/2021 à 13:29
Source : Le Socialiste de la Vienne
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