0423904/10/1913CHATELLERAULT
Salle de la Rosée du matin
Le samedi 27 septembre, à 8 heures 1/2 du soir, salle de la Rosée du matin, a eu lieu la réunion du personnel de la Manufacture d’armes pour la fusion du syndicat des ouvriers libres avec le syndicat des immatriculés et anciens apprentis.
Le bureau est ainsi constitué :
Président, le camarade Duchesne ;
Assesseurs, les camarades Cabannes et Plat ;
Secrétaire, le camarade Schmitt.
Le camarade Duchesne, après avoir remercié l’assemblée de l’avoir nommé président, donne la parole au camarade Jourand.
Le camarade Jourand, président du syndicat des immatriculés et anciens apprentis, expose le but de la réunion : faire une entente entre le personnel de l’établissement pour arriver à constituer un syndicat unique. Il parle des démarches, des entrevues et des correspondances échangées avec les organisations des autres établissements de la Guerre pour arriver partout à une fusion identique à celle de Châtellerault. L’idée commence à faire son chemin, les syndicats de notre ville doivent donner l’exemple, ils seront suivis par les organisations des autres établissements.
Le camarade Jourand fait ressortir que nos revendications seront présentées avec beaucoup plus de force par un syndicat unique que par plusieurs qui, souvent, se contrarient. Il montre que l’augmentation de la production par un machinisme de plus en plus perfectionné doit profiter à l’ouvrier, les salaires de certaines catégories laissent à désirer, il faut arriver à la journée de 8 heures et à la semaine anglaise. Dans le personnel de notre établissement, il y a des indifférents, des égoïstes et des gens raisonnables ; les indifférents ne s’intéressent à rien et n’adhèrent pas au syndicat, les égoïstes qui ne pensent qu’à eux-mêmes et se reposent sur les autres pour les efforts nécessaires à l’amélioration de la masse, mais qui s’estiment bien heureux de profiter de tous les avantages acquis sans y contribuer aucunement. Avec des égoïstes aucune organisation n’est possible, enfin les gens raisonnables, tels les camarades venus en si grand nombre à cette réunion pour y faire bonne besogne.
Le camarade Chauffour, secrétaire du syndicat du personne libre, remercie les camarades d’être venus en si grand nombre à cette réunion, puis parlant des débuts du syndicat, il montre toutes les difficultés éprouvées par les militants de la première heure, l’hostilité d’une directeur de la Manufacture ne voulant pas d’organisation à l’intérieur de l’établissement, les vieux ouvriers renvoyés après 25 et 30 années de service et ne trouvant plus de travail dans l’industrie et recevant pour toute indemnité une somme de 250 fr. Il montre la progression du chiffre de la pension attribuée à nos vieux camarades, la demi journée de salaire en cas de maladie pendant les 8 premiers mois, puis le quart de journée pendant 3 mois suivants accordés d’abord aux seuls commissionnés, puis étendu ensuite à tout le personnel, grâce aux efforts du syndicat. Les 15 jours de permission avec solde et le salaire des manœuvres relevé de 3 fr. 60 à 4 fr. 20 obtenus grâce à l’organisation syndicale et le camarade Chauffour regrette que le syndicat des commissionnés n’ai pas cru devoir fusionner avec les organisations représentés à cette belle réunion. Le citoyen Chauffour termine en engageant tous les camarades à adhérer en masse au syndicat.
Le citoyen Pageault donne des détails sur la future organisation. Le nombre des administrateurs sera porté de 23 à 27, chaque syndicat sera représenté proportionnellement à son nombre d’adhérents. Puis, passant à un autre sujet, le camarade Pageault, dit que les ouvriers, qui ont des réclamations à présenter, doivent désigner un camarade de même profession pour aller avec les délégués du syndicat soutenir ces réclamations devant l’administration.
Pageault parle des efforts de la Fédération pour obtenir la titularisation par ordre d’ancienneté et par profession, de la création d’ouvriers brevetés remplaçant les immatriculés et des démarches qui ont été faites pour relever le salaire des manœuvres, jusqu’à présent la côte de cette catégorie professionnelle n’ayant pu être portée que de 4 fr. à 4 fr. 20 ; il termine en engageant les camarades employés civils à adhérer à l’organisation syndicale.
Le citoyen Jourand rappelle que sauf ce qui concerne le passage de la 2e classe à la 1re classe pour les immatriculés et le cas des veuves d’immatriculés avant le 8 avril 1910, dont le mari avait moins de 25 années d’immatriculation, mais plus de 25 années en y ajoutant les services civils pour lesquelles l’organisation demandera la même pension qu’aux veuves d’ouvriers libres ayant 25 années de service, les revendications des deux syndicats sont absolument les mêmes et rien ne s’oppose à la fusion.
Le citoyen Joubert demande que chaque catégorie professionnelle nomme un délégué pour accompagner les membres du Conseil syndical en cas de réclamation à porter devant l’administration.
Le citoyen Chalin prie le camarade Pageault d’expliquer le fonctionnement de la Confédération Générale du Travail.
Le citoyen Pageault donne les renseignements sur la CGT, il dit que la Fédération de la Guerre adhère à la CGT qui est la grande famille ouvrière. Il parle des deux tendances qui dominent dans la grande organisation ouvrière, il dit que la Fédération est en grande majorité réformiste, qu’il n’a pas à critiquer l’une ou l’autre de ces tendances, chacune ayant son utilité. Le citoyen Pageault termine ses explications en disant que la CGT ne peut être que ce que les syndicats la font.
Le citoyen Chalin donne connaissance d’une décision du Congrès relativement à la carte confédérale.
Le citoyen Chauffour répond que le syndicat est en règle en ce qui concerne la CGT et que la question sera discutée à la prochaine réunion syndicale.
Le camarade Duchesne dit qu’une nouvelle réunion aura lieu pour nommer les administrateurs des deux syndicats fusionnés et que les adhésions seront reçues pendant 1 mois, du 1er octobre au 1er novembre, avant cette assemblée générale, puis il donne lecture de l’ordre du jour suivant :
Ordre du jour :
« Les camarades réunis le 27 septembre, salle de la « Rosée du matin », après avoir entendu les citoyens Jourand, Chauffour et Pageault préconiser l’union entre tous les syndicats, s’engagent à adhérer en masse au syndicat unique pour faire aboutir toutes leurs revendications et se séparent aux cris de : Vive l’Union ».
Cet ordre du jour mais aux voix est adopté à l’unanimité.
Il est 11 heures du soir, lorsque la réunion prend fin. Les camarades se séparent emportant le meilleur souvenir de cette belle réunion.
Schmitt Joseph
le 16/05/2021 à 17:52
Source : Le Socialiste de la Vienne
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