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La Rosée du matin

Le vendredi 5 décembre a eu lieu la réunion du personnel de notre manufacture d’armes pour entendre le camarade Lucain, délégué de l’Union fédérative des travailleurs de l’État et membre de la commission consultative, dans sa conférence sur l’action syndicale.

Le bureau est ainsi constitué :

Président, le camarade Blateau ; assesseurs, les camarades Jourand et Couvrat ; secrétaire, le camarade Schmitt.

Le camarade Blateau, après avoir remercié l’assemblée de l’avoir nommé président, donne la parole au conférencier.

Le camarade Lucain parlant des améliorations obtenues, montre que le personnel des établissements de la Guerre se trouve désavantagée par rapport aux travailleurs des postes et de la marine qui eux possèdent la journée de 8 heures et des retraites plus élevées.

Nos vieux camarades attendent toujours leurs 720 fr de pension, car les promesses des ministres ne sont pas toujours suivies d’effet, mais sous la pression des réunions publiques et grâce à l’effort du groupe parlementaire on a pu obtenir l’inscription des 720 fr au budget de 1914. Le conférencier regrette qu’au lieu de chercher à uniformiser nos situations, le gouvernement cherche à créer des divisions, des scissions parmi nos rangs en favorisant la situation des agents de maîtrise et des employés.

Puis le citoyen Lucain expose les principales revendications de l’Union fédérative des travailleurs de l’État : salaire minimum de 6 fr par jour pour les ouvriers classés et 5 fr pour les manœuvres ; 1.000 fr de pension à 25 ans de service et 50 ans d’âge ; journée de 8 h. ou semaine anglaise ; puis engage les camarades à s’unir plus étroitement que jamais pour lutter contre toute atteinte portée à nos revendications.

Le citoyen Chauffour prie le conférencier de donner des renseignements sur le nouveau service médical.

Le camarade Lucain dit que le nouveau règlement qui sera appliqué à partir du 1^er janvier 1914 sera plus favorable que l’ancien, à moins de mauvaise application ou de mauvaise interprétation de la part des Directeurs de nos manufactures.

Comme améliorations, le nouveau règlement prévoit le paiement des frais d’hospitalisation, de séjour dans certains établissements thermaux, le partage de l’excédent des sommes allouées sur les dépenses entre les veuves et les ouvriers ayant eu de longues maladies.

Le camarade Pageault attire l’attention sur les ouvriers demeurant en dehors du périmètre médical, qui n’ont pas droit à la demi journée de salaire en cas de maladie et aux soins médicaux et pharmaceutiques.

Le citoyen Chaufour dit que le périmètre et trop restreint et qu’il serait urgent de chercher à l’étendre.

Le camarade Lucain répond que les ouvriers hors périmètre qui peuvent venir passer la visite ont droit à la demi journée de salaire et aux soins médicaux et pharmaceutiques, quant à ceux qui ne pourraient passer la visite, il sera demandé une modification au règlement qui permettra à ces camarades, moyennant le paiement au médecin d’une taxe kilométrique comptée à partir du périmètre jusqu’à la demeure de l’intéressé. Il sera demandé également l’extension du périmètre actuel qui est trop restreint.

Le citoyen Gerfault dit que si nous avons droit à certains établissements thermaux il n’ y a pas de raison que nous n’ayons droit à tous, quant aux médicament supprimés, ils ont été remplacés par d’autres analogues.

Le conférencier dit que les camarades qui se croiront lésés par le nouveau règlement devront en avertir la Commission consultative. Il peut se faire qu’il y ait mauvaise application ou mauvaise interprétation de ce nouveau règlement, c’est aux camarades de signaler les négligences qui pourraient se produire.

Le citoyen Lucain termine en faisant un pressant appel à l’union entre tous les travailleurs de l’État, il adresse ses félicitations aux immatriculés qui sont venus fusionner avec le Syndicat du personnel libre, il adjure les travailleurs de mettre de côté toutes les questions mesquines et personnelles, de répondre par l’entente la plus étroite, aux manœuvres des dirigeants qui ne cherchent qu’à créer les divisions parmi nous.

Avant de se séparer, le personnel vote à l’unanimité, l’ordre du jour suivant :
« Le personnel de la Manufacture d’armes de Châtellerault, réuni le 5 décembre salle de la Rosée du matin, à 20 heures, après avoir entendu le camarade Lucain exposer d’une façon nette la situation des travailleurs de l’État et l’action syndicale ;
« Remercie le conférencier de son dévouement de propagandiste, assure l’attachement de notre Syndicat à l’Union fédérative des Travailleurs de l’État, et engage tous les camarades non syndiqués à venir grossir les rangs de notre grande organisation syndicale ».

Schmitt Joseph.