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0424210/01/1914CHATELLERAULT

MANUFACTURE — A PROPOS DE L'ORGANISATION DE LA MASSE DE SECOURS

Comme beaucoup de camarades de la Manufacture, ce n’est pas sans crainte que nous avons vu un décret établir une masse de secours destinée – dit le décret du 7 décembre 1912 – à éviter la marche ascendante des dépenses nécessitées par les soins médicaux et les médicaments donnés au personnel des établissements de la guerre.

Nous pensions que si l’Administration se plaignait tant des augmentations successives causées par le service médical tel qu’il existait précédemment c’était que ce service se perfectionnait, s’améliorer toujours que peu, au grand désespoir des bureaux du ministère dont chacun connaît l’esprit rétrograde. Nous craignions que cette fameuse masse ne nous réservât quelque surprise désagréable et nous ne primes point part au scrutin qui devait désigner les représentants du personnel au sein de la commission chargée d’administrer la masse.Maintenant, s’il faut en croire certains renseignements puisés à la source, nous ne pouvons que nous féliciter de notre attitude.

En effet, la commission chargée d’administrer la masse, à fait en vain appel à la concurrence en ce qui concerne la fourniture des médicaments. Les pharmaciens, après entente, ont fait des offres supérieures aux tarifs en vigueur jusqu’alors. Ils ont fait ressortir la cherté de la vie, la majoration du prix des marchandises durant les dernières années et les charges sans cesse grandissantes d’année en année qui les accablent.

La commission aurait décliné les offres dont il s’agit et aurait fait savoir aux pharmaciens que trois d’entre eux seulement pourrait être agréés comme fournisseurs.

Après plusieurs réunions consécutives les pharmaciens auraient adressé une lettre au Ministre de la Guerre pour l’aviser qu’ils retiraient leurs offres en vue de la fourniture de médicaments destinés au nouveau service médical de la Manufacture de Châtellerault. Ils lui proposaient – à titre de transaction – d’intervenir dans le différend qu’ils avaient avec la commission de la masse en laissant aux ouvriers le libre choix de leur fournisseur parmi ceux des pharmaciens qui auraient accepté un tarif raisonnable.

Le Ministre de la Guerre aurait réservé sa réponse mais en attendant il aurait autorisé les pharmaciens à fournir les médicaments au personnel de la Manufacture, sans tarif.

D’autre part, on nous assure que les médecins traitants vont se voir adjoindre un troisième collaborateur lequel recevrait un traitement égal à ce qu’ils perçoivent actuellement.

Nous n’aurions jamais songé à nous occuper de ces choses si la masse de secours n’avait pas remplacé le service médical d’autrefois. Mais avec la nouvelle organisation nous ne pouvons admettre que les augmentations que pharmaciens et médecins désirent voir approuvées, soient réalisées sur le dos du personnel de la Manufacture, c’est-à-dire que ces augmentations soient prises sur les avantages que le personnel aurait dû recevoir du fait de l’établissement de la masse de secours.

Malheureusement, il y a lieu de craindre cette alternative. En effet, le décret du 7 décembre 1912 dit textuellement :
« Au termes de l’article 19 du décret du 26 février 1897, qui régit la situation du personnel d’exploitation des établissements militaires, les soins médicaux et les médicaments sont donnés gratuitement à ce personnel, quelque soit l’origine de la maladie.
« Or, depuis plusieurs années les dépenses auxquelles à donné lieu l’application de cet article ont subi une marche ascendante qu’aucune justification spéciale ne paraît justifier.
« En vue de remédier à cet état de chose, l’administration de la guerre, d’accord avec les délégués ouvriers à la commission mixte consultative du travail au Ministère de la Guerre, a été amenée à envisager la création dans chaque établissement d’un fonds d’abondement régi dans ses grandes lignes comme le sont les masses qui fonctionnent dans les corps de troupes et les écoles militaires. Ce fonds d’abondement destiné à subvenir aux dépenses d’honoraires des médecins et d’achat de médicaments, serait alimenté par des allocations, fonctions du temps et des effectifs, et basées sur les crédits votés chaque année par le Parlement ».

Je crois utile de compléter ces dispositions par les déclarations faites le 5 décembre dernier par le camarade Lucain, délégué à la commission mixte consultative.

« Le système de la masse de secours, a t-il dit, sera avantageux dans le sens que les économies qui pourraient être réalisées sur les allocations annuelles serviront à payer les honoraires de chirurgiens ou spécialistes qui pourraient être appelés à donner leurs soins au personnel, à payer les frais d’envoi d’ouvriers dans les stations thermales, etc... ».

Alors ?

Dans les conditions où se trouve la masse d’assistance de la Manufacture d’armes de Châtellerault vis-à-vis des pharmaciens de la même ville, y aura-t il économie ou déficit ?

Que peuvent faire les délégués du personnel au sein de la commission de la masse pour la défense des droits des assujettis ?

Il nous est difficile de répondre à la première de ces questions mais après les explications du camarade Lucain, nous croyons qu’il y aurait eu économie sans l’affaire des pharmaciens et celle probable des médecins.

Quant à l’action des élus à la commission, elle nous semble frappée d’impuissance.

Il suffit, pensons-nous de rappeler que cette commission comprend quatre membres de l’Administration de l’établissement contre trois représentants du personnel. C’est dire que ceux-ci ont seulement ont seulement voix consultative.

Peut-être même les camarades Chauffour, Périvier et Poupault auraient-ils mieux fait en déclinant un mandat donné par le tiers à peine du personnel, ce qui est loin de leur donner toute l’autorité qu’ils semblent attacher à leur fonction.

Enfin, de toute façon, ils ne pourront faire œuvre vraiment utile, étant en minorité dans la Commission d’administration de la masse et ce n’est pas le véto de l’un criant aux pharmaciens : « Je ne puis pas vous accepter », qui empêchera la réalisation des désirs des pharmaciens et des médecins si tel est le bon plaisir du Ministre, de ses bureaux ou plus simplement des membres de l’Administration siégeant à la dite commission.

PSTT

 

 

le 22/05/2021 à 07:53

Source : Le Socialiste de la Vienne

social, maladie

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