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Depuis le commencement de l'année les réunions se succèdent à la Bourse du Travail. La plupart des syndicats se sont réunis en assemblée plénière pour leur compte rendu moral et financier. Tous constatent une augmentation notable de leurs membres.

Sous le patronage de la Ligue de l'Enseignement une série de conférences éducatives a été organisée par le Comité générale de la Bourse. La première par M. Mamy, professeur au Lycée, le samedi 6 janvier sur la prévention des accidents, le rôle de l'initiative privée, les mesures de prévention des accidents, l'hygiène industrielle. Malgré l'aridité du sujet à traiter M. Mamy a su intéresser son nombreux auditoire et c'est avec intérêt que les ouvriers présents ont suivi ses démonstrations.

Samedi 13 janvier M. Levrault, le sympathique directeur de l'École annexe de l'École Normale, a également, dans un autre ordre d'idée, su plaire à son nombreux auditoire. « Béranger, ses chansons - était le titre de la conférence. (...) Il a démoli bien des légendes sur le vieux chansonnier et a nettement établi la portée morale et sociale de son œuvre. M. Levrault a pu constater que, contrairement aux racontages des ennemis de la classe ouvrière, on pouvait dans une réunion de travailleurs parler littérature et être écouté avec attention.

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Samedi 20 janvier M. le docteur Malapert fera une conférence sur l'hygiène. (....)

En dehors de ces conférences éducatives d'autres réunions ont eu lieu. Mardi 9 janvier le camarade Coupat, secrétaire de la Fédération des mécaniciens, exposait devant de nombreux travailleurs les conceptions syndicalistes de son importante fédération. Cette réunion était d'autant plus intéressante que l'on sait que la Fédération des mécaniciens est classée parmi les réformistes. Coupat a démontré les résultats que les travailleurs groupés et organisés pourraient obtenir en procédant méthodiquement. C'est à l'unanimité qu'un ordre du jour approuvant sa tactique et le remerciant, a été voté.

Dimanche 14 janvier avait lieu la réunion générale des syndiqués. L'ordre du jour comportait le compte rendu moral et financier de la Bourse ainsi qu'une conférence de M. Aubertie, inspecteur du travail. Malgré les réunions de semaines précédentes un grand nombre de syndiqués étaient présents.

Dans un rapport très détaillé le bureau de la Bourse expose ses conceptions syndicalistes et ce que doivent être les syndicats et les Bourses du Travail pour que ces institutions puissent rendre les services pour lesquels elles ont été créées. Il démontre que la nécessité du groupement se fait de plus en plus sentir dans toutes les classes. L'homme seul dans la société actuelle n'est rien. L'ouvrier qui se croit le plus certain d'avoir du travail régulier assuré est, comme les autres, souvent victime des hasards de l'existence.

Examinant ensuite les divers services de la Bourse, le rapport constate le succès croissant du bureau de placement gratuit en 1905. Les demandes de travail se sont élevées à 2.710, les offres des patrons à 1.969 et les placements à 1.640 ce qui, à 5 francs en moyenne, forme une économie de plus de 8.000 francs pour la classe ouvrière.

La commission du contentieux constate les services rendus par cette institution. Un grand nombre de procès ont été évités. Les autres ont presque tous été tranchés suivant les résolutions prises par la commission. Ceci prouve le soin avec lequel ils sont étudiés et la vigilance de l'avocat-conseil de la Bourse, le citoyen Georgel.

L'action de la commission du contentieux, dit le rapport, doit aller plus loin encore : elle doit tarir même la source des procès. Les patrons, les compagnies d'assurances qui ne trouveront plus en face d'eux des ouvriers isolés s'empresseront de provoquer eux-mêmes une entente.

Le rapport de la commission des cours professionnels est particulièrement intéressant. Il indique les progrès faits dans l'organisation de ces cours, progrès constatés par l'Inspection de l'Enseignement technique sur le rapport duquel le Ministre du Commerce a accordé de nombreux ouvrages traitant des questions techniques et 35 modèles sortant de l'École nationale de Cluny

Les rapports des divers autres services constatent également les améliorations qui ont été apportées notamment à la bibliothèque qui a vu décupler les demandes de volumes. Il a pu y être donné en partie satisfaction grâce à la bibliothèque de l'Université populaire et à l'obligeance de la Ligue de l'Enseignement.

Plus de cinq cents francs de secours ont été distribué aux ouvriers de passage en chômage.

Le rapport très documenté du Conseil des Prud'hommes est renvoyé à la commission du contentieux pour examiner les différentes questions soulevées.

M. Aubertie, Inspecteur du travail fait ensuite une conférence sur les lois ouvrières. Il répond, à la satisfaction de tous, aux renseignements qui lui sont demandés.

A l'unanimité l'ordre du jour suivant est voté.:

" Les ouvriers syndiqués de la ville de Poitiers, réunis le 14 janvier 1906 à la Bourse du Travail, félicitent le bureau de la Bourse pour sa vigilance et son activité dans ses fonctions, invitent les conseillers prud'hommes à persévérer dans leur conduite, remercient le citoyen Georgel, avocat-conseil de la Bourse, pour le soin et le dévouement avec lesquels il a défendu les travailleurs que la Bourse lui a adressé et félicitent M. Aubertie, Inspecteur du travail, de l'énergie et de l'impartialité avec lesquelles il surveille l'application des lois ouvrières.