0433319/01/1955POITIERS
aux Conseillers généraux
Les organisations syndicales CGT, CFTC et Autonomes viennent d’adresser la lettre suivante aux conseillers généraux du département :
Les récents décrets sur la coordination des transports, parus au JO du 12 novembre permettent maintenant au ministre des T.P. de fermer les lignes de chemin de fer sans consulter au préalable qui que ce soit (organismes départementaux ; CTD et Conseil général, SNCF, Conseil supérieur des Transports).
Le ministre des T.P. a informé la SNCF et les organisations syndicales qu’il comptait fermer très rapidement 400 gares, 3.000 km de lignes au service des voyageurs, 3.000 km de lignes au service marchandises et 2.000 km de trains omnibus.
La suppression du trafic marchandises et voyageurs sur ces lignes risque de désorganiser l’économie régionale.
En 1944, une affiche disait : « Où le train passe, la vie reprend » et aujourd’hui nous pourrions dire : « Où le rail disparaît, la vie s’éteint ». Les exemples de Loudun qui, à la suite de la disparition d’une partie de la desserte par fer, voit sa population descendre de 7.000 à 4.000 habitants, Le Blanc qui disparaît économiquement à la suite de la fermeture de son étoile ferrée, nous montrent le sort réservé demain à : Neuville, Chauvigny, Montmorillon, Civray et toutes localités desservies encore actuellement par le rail.
La fermeture des lignes entraînerait des difficultés accrues pour la petite industrie de nos régions et inévitablement l’exode de nos populations vers la ville. Il ne faut pas que nos silos et nos coopératives qui font la gloire du département subissent la mort par asphyxie par suite du manque de moyens de communication.
Le chemin de fer est un moyen de transport populaire et sa suppression serait pour l’ensemble de la population une charge supplémentaire, un nombre important d’usagers bénéficiaires de réduction allant jusqu’à 75 % du prix du transport (familles nombreuses, invalides, mutilés, militaires, abonnements de travail, 1/2 tarif pour les scolaires, congés payés). Il est évident que la suppression de ces avantages irait à l’encontre du bien-être social.
Le chemin de fer c’est la sécurité, la régularité, le confort.
Bien sûr on agite l’épouvantail du déficit, mais la SNCF est au service du public, elle est assujettie à tout transporter et à des tarifs imposés. Le prix du transport est actuellement au coefficient 18,4 par rapport à 1938 alors que celui des marchandises achetées (machines, rails, charbon, etc.) est au coefficient 70. Les ristournes de 10 à 50 % faites par voie de détaxe aux transports supérieurs à un certain tonnage se chiffrent par milliards. Il en est de même pour les propriétaires d’embranchements et de wagons particuliers, aux services routiers, aux agences de voyage, etc.
Pour orienter le choix des usagers vers le mode de transport le plus économique pour la nation, il faut prendre des mesures d’intérêt général, notamment la taxe au poids qui aura l’avantage d’établir une saine concurrence entre les routiers publics et routiers privés, droit pour la SNCF d’exploiter la route comme cela existe dans les pays étrangers.
Les fermetures de lignes ne règlent pas la question. Les entreprises routières qui remplaceraient le fer seraient subventionnées par les collectivités départementales qui verraient ainsi leurs charges augmenter.
Nous espérons que les doléances que nous émettons retiendront tout particulièrement votre attention et nous vous serions très obligés de bien vouloir nous faire connaître votre position sur les graves problèmes qui préoccupent actuellement les cheminots.
le 28/06/2021 à 17:46
Source : Le Libre Poitou
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