0439020/10/1955POITIERS
Le mouvement pourrait recommencer et s'étendre
Hier après-midi, une grève a éclaté dans le bâtiment à Poitiers, lancée par les syndicats CGT et CFTC. Cette grève fut décidée à la suite d’une demande d’augmentation des ouvriers du bâtiment qui réclamaient :
- 146 fr pour les manœuvres et aides ;
- 150 fr pour l’ouvrier qualifié 1er échelon ;
- 158 fr pour l’ouvrier qualifié 2e échelon ;
- 167 fr pour l’ouvrier qualité 3e échelon ;
- 174 fr pour l’ouvrier hautement qualifié.
Alors que les propositions patronales étaient celles-ci :
- 116 fr pour les manœuvres à l’embauche ;
- 120 fr pour le manœuvre Bâtiment ;
- 125 fr pour le manœuvre spécialisé ;
- 130 fr pour l’ouvrier 1er échelon ;
- 135 fr pour l’ouvrier 2e échelon ;
- 140 fr pour l’ouvrier hautement qualifié.
Avec possibilité d’augmentation de 5 fr dans 2 ou 3 mois.
A 14 heures, hier après-midi 400 grévistes environ se rassemblaient à la Maison du peuple sous la présidence de M. Chambet, trésorier du syndicat CGT du Bâtiment, entouré de M. Garreau, du syndicat CFTC et de M. Laumont, secrétaire de l’UD des syndicats CGT et des responsables syndicaux.
Les revendications devaient être examinées et M. Laumont devait énumérer notamment les entreprises poitevines en grève : chantier Briard de la gare ; chantier de Moulin et de Chasseneuil de l’entreprise Faure ; un chantier de l’entreprise Moreau-Lathus ; un chantier de l’entreprise Garnier ; la Société Le Progrès ; l’entreprise Sire et Martinière, un chantier de l’entreprise Morgat, le chantier de l’entreprise Charpentier aux abattoirs. Puis les ouvriers, à 15 heures, étaient invités à se rendre à la Préfecture, pour accompagner dans le calme et le silence, une délégation qui fut désignée. Elle comprenait MM. Laumont, Lusseau (Briard), Garreau (Briard), Gest (Le Progrès), Maingot et Neslin( Charpentier), Boutet (Sire et Martinière), Brouet (Moreau-Lathus), David (Garnier), Michaud (Morgat), Arlot (Faure), Chambet (Faure).
En cortège, les grévistes se rendirent à la Préfecture où la délégation fut reçue par M. Merleaud, directeur de cabinet de M. le Préfet, puis quelques instants plus tard par la délégation patronale qui siégeait en Commission paritaire et comprenait : MM. Garnier, Poupin, Lucien Moreau, Schmitt, Toussaint, Bouchet, Hérault, Thébault, Bonneau, Guignard, Joubert et Cognet. Les représentants ouvriers à cette commission étaient : MM. Nelser, Ganiel, Origné, Pavaillon pour la CFTC et MM. Ragonneau, Prouteau, Lenfant, Arlot, Gest, Jeanneau Viannet pour la CGT.
L’entrevue de la délégation ouvrière et des représentants patronaux se solda par une impasse, les patrons proposant une augmentation variant de 7 à 9 fr, qui fut jugée insuffisante par les grévistes.
A l’issue de l’entrevue, ces derniers se réunirent à nouveau à la Maison du peuple ou M. Ragonneau annonça qu’une convention collective avait été signée pour les primes diverses mais que devant le désaccord avec les patrons, il convenait de poursuivre l’action pour une augmentation des salaires qui, malgré les hausses du coût de la vie, sont restés les mêmes que ceux de 1951.
Cette action fut décidée ensuite à l’unanimité. Ce matin, les ouvriers embauchent sur leurs chantiers et décideront dans chaque entreprise de l’opportunité de la grève. En outre des grèves surprises seront effectuées.
le 10/07/2021 à 16:04
Source : Le Libre Poitou
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