0446901/08/1956VIENNE
L'industrie trop rare, c'est le bâtiment qui offre le plus de possibilités
Peu de chômeurs cependant !
Le département de la Vienne conserve une économie essentiellement agricole et rurale. Point de grosse industrie mais principalement des commerçants et des artisans travaillant en ateliers. Il ne faut donc pas envisager le problème de la main-d’œuvre sur une large échelle, car Poitiers et sa périphérie ressentent peu le mouvement d’ensemble du monde ouvrier, sinon par remous sporadiques. L’emploi et l’adaptation de la main-d’œuvre chez nous se traitent en conséquence beaucoup plus sur l’étude de cas particuliers qu’en application de règles générales.
L’industrie
Le plus gros employeur de la région est sans contredit, la Manufacture d’Armes de Châtellerault. Deux mille ouvriers y travaillent pour équiper notre armée. A Chasseneuil, après une légère régression, « La Pile Leclanché » a su reconvertir son industrie en adoptant la pile torche américaine. Elle assure à nouveau des débouchés sur les marchés français et étrangers. Elle fournit également à l’armée les stocks de piles qui sont nécessaires soit pour les radars, soit pour les postes émetteurs ou transmetteurs. Cela lui permet ainsi d’assurer du travail à 750 ouvriers recrutés dans un rayon de 20 kilomètres. La « Société Poitevine de Conditionnement » de St-Benoit, spécialisée dans la mise en boîtes ou en bouteilles des divers produits chimiques, notamment de désherbants utilisés par l’agriculture, fait surtout appel à la main-d’œuvre locale. Encore convient-il de signaler que l’emploi n’y est pas garanti car les demandes de produits, variables avec les saisons, déterminent soit l’embauche, soit la mise en disponibilité. Cette industrie est donc quelque peu saisonnière. Le parc d’artillerie de Poitiers emploie aussi plusieurs centaines d’ouvriers. Mais c’est surtout le bâtiment qui, par suite des demandes actuelles, offre le plus de possibilité d’embauches et qui, effectivement, fait vivre une bonne partie de notre population.
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Dans notre région qui, nous l’avons dit, n’est pas très industrialisée, mais qui continue à vivre surtout de son commerce et de son agriculture, le nombre de chômeurs n’est pas considérable. Au cours des six premiers mois de l’année 1956, 1.500 personnes pour tout le département ont eu recours, temporairement, à l’allocation de chômage. La moyenne mensuelle des demandes varie du double au simple de février à juillet. Cela s’explique du fait que l’hiver est une période de basse activité à la campagne.
L’allocation chômage s’élève à 335 fr par jour pour un célibataire, avec une majoration de 140 fr par personne à charge. L’ordonnance du 11 octobre 1940 en confie le financement à l’État et aux communes (ces dernières versent de 5 à 20 pour cent), après une enquête préalable et moyennant un certain nombre de conditions (notamment avoir à son actif 150 jours de travail effectif dans les 12 derniers mois qui précèdent). Il convient de noter que la plupart de ces chômeurs sont âgés ou impotents, et que l’allocation de chômage ne constitue souvent qu’un secours provisoire en attendant l’allocation-vieillesse ou les subsides de la Sécurité sociale.
Les demandes d’emploi
L’office de placement de Poitiers enregistre cependant un mouvement perpétuel ; les demandes de travail sont très nombreuses et beaucoup restent insatisfaites. On en a enregistré environ 3.800 pour les six premiers mois de l’année 1956. Les moyennes mensuelles varient de 1.416 pour le mois de février à 750 pour le mois de juin. A en juger par les statistiques les femmes ont beaucoup plus de difficulté à trouver un emploi, puisque pour les 4 premiers mois de l’année, elles furent 500 à s’adresser à l’Office de placement alors que 258 hommes seulement s’y présentèrent.
le 18/07/2021 à 18:33
Source : Le Libre Poitou
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