0451407/02/1957POITIERS
Peu de perturbations dans la distribution
Sur l’invitation des diverses centrales : CGT, CFTC, UNCM, GNC, le personnel des industries électriques et gazières du Centre de Poitiers et de la Régie d’Électricité de la Vienne a décidé hier un mouvement « d’avertissement tournant » qui a été suivi par une majorité du personnel.
L’action débuta mardi à 17 heures, par un meeting à la Maison du Peuple auquel assistaient près de 200 gaziers et électriciens.
Le programme revendicatif suivant fut arrêté :
« L’ensemble du personnel des industries électriques et gazières des services de la production, de la distribution du Centre de Poitiers et de la RIEDV, informé du versement d’un acompte contraire aux dispositions du statut national, s’élève avec vigueur contre de tels expédients qui ne règlent pas le problème des salaires, mais qui ne fait au contraire que l’aggraver. Demande :
1) Respect de l’article 9 du Statut National ;
2) Augmentation du salaire de base ;
3) Pas de salaires inférieurs à 32.000 francs ;
4) Respect des 45 % d’ancienneté ;
5) Suppression des abattements de zones ».
Hier, mercredi, on enregistra un délestage technique sur baisse de fréquence. Certaines industries locales ont été légèrement perturbées.
Dans la section « gaz », la grève se manifesta par la suppression des charges dans les usines à gaz de 11 à 13 heures et une légère baisse de pression de 11 h. à 20 h., jusqu’au minimum compatible avec la sécurité.
Le Comité de grève nous a, en outre, fait parvenir les raisons de son action, que nous publions ci-dessous :
« La situation du personnel des industries électriques et gazières se caractérise par les éléments suivants :
« 1) Du fait de l’insuffisance criante des rémunérations actuellement en vigueur, EDF et GDF ne peuvent plus embaucher ni un ouvrier, ni un employé, ni un cadre, ni un ingénieur qualifié.
« 2) Les indices officiels et les salaires statutaires, donc également officiels, établissent que le pouvoir d’achat des traitements et salaires des agents de l’Électricité et du Gaz s’est affaibli : de plus de 40 % par rapport à 1938 ; de plus de 30 % par rapport à 1946.
« En 1946, le salaire mensuel national de base était fixé par décision gouvernementale à 4.400 fr., le niveau de l’indice était au chiffre de 481 ; l’indice officiel actuel étant à 2.682, le salaire national de base devrait être fixé à (4.400 x 2.692 / 481) = 24.625 francs.
Or, il n’est actuellement que de 14.655 francs, soit près de 10.000 fr mensuellement en moins.
« En comparaison la production du gaz et de l’électricité s’établit ainsi depuis 1938 :
« 120.000 agents produisaient en 1938 : 19 milliards de kwh d’électricité et 1 milliard 900 millions de mètres cubes de gaz.
« Actuellement 118.000 agents ont produit en 1956 : 55 milliards de kwh d’électricité et 3 milliards 300 millions de mètres cubes de gaz. Ce qui représente dans l’ensemble plus qu’un doublement de production avec des effectifs de personnel ayant, au contraire, tendance à décroître.
« Si le problème des investissements, c’est-à-dire d’édification de moyens supplémentaires de production nouveaux est à ce sujet à prendre en considération, il n’empêche que ce sont des hommes qui continuent à les mettre en mouvement ;
« En conclusion : les deux industries jouent un rôle immense dans la nation. L’intervention des techniques nouvelles, l’apparition de facteurs énergétiques nationaux (matière atomique, gaz naturels) également nouveaux, déterminent pour les deux établissements publics des tâches toujours plus efficientes pour le pays, mais plus complexes, ainsi que des responsabilités de plus en plus grandes pour leur personnel, du bas en haut de le grille de classement.
« Ce n’est pas dans le moment présent qu’il est nécessaire d’insister sur l’importance des deux industries nationales de l’électricité et du gaz, dont la mission doit être plus que jamais de développer l’exploitation des ressources énergétiques nationales. Ce n’est pas aller dans ce sens que de décourager un ensemble d’agents de haute qualification et d’un sens civique des plus élevé en permettant qu’il soit caractérisé comme le personnel le plus mal payé du pays, ce qui est le cas depuis 1950.
« Électricité de France et Gaz de France sont des établissements publics à caractère industriel et commercial ; leurs agents sont régis par un statut particulier, en l’occurrence le Statut National du Personnel des Industries Électrique et Gazière, lequel comporte une disposition précise relativement aux méthodes de discussion et à la fixation des rémunérations du personnel des deux industries.
« Des revalorisations de traitements et salaires interviennent en ce moment même, non seulement dans le secteur privé, mais également dans le secteur public, par exemple, pour ne citer que deux cas, dans les manufactures des tabacs et dans les services industriels des établissements militaires.
« Alors que pour le personnel des industries de l’électricité et du gaz la réponse est non, invariablement non.
« Voilà les causes du déclenchement des mouvements d’avertissement du personnel du Gaz et de l’Électricité.
le 25/07/2021 à 17:45
Source : Le Libre Poitou
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