0451621/02/1957VIENNE
Ils sont relayés aujourd'hui et demain par le personnel du centre de tri de Poitiers-gare.
Le mouvement de grève décidé par les centrales syndicales CGT, CFTC et autonomes des PTT a été suivi à Poitiers.
Mercredi matin, cette grève a touché les services de distribution et les poitevins ont été privés de courrier. Sur la cinquantaine de facteurs que l’on compte à la Poste de Poitiers, une douzaine environ n’ont pas suivi le mouvement de grève. Ce nombre étant insuffisant pour assurer les tournées, ils ont effectué le tri des lettres afin de préparer les courriers de jeudi. Effectivement cette grève est limitée à 24 heures.
Lorsque la grève des services de distribution aura pris fin le mouvement doit toucher, en principe pour 48 heures, les services d’acheminement. Il est donc possible que, par suite de l’interruption du travail au centre de Poitiers-gare, les facteurs poitevins ne puissent effectuer, vendredi, des tournées faute de courrier à distribuer.
A Châtellerault, mercredi matin, la situation était semblable à celle de Poitiers, puisque sur la quarantaine de facteurs, une trentaine ont répondu à l’appel de grève.
Un communiqué des postiers en grèveNous recevons des postiers en grève une communication destinée à exposer les raisons de leur mouvement et que nous reproduisons ci-après :
Pourquoi les postiers sont en grève ?
Telle est encore aujourd’hui la question que se pose la population.
Que se passe-t-il donc dans les PTT ?
Deux causes profondes expliquent et justifient l’immense mécontentement de ce personnel si souvent couvert d’éloges gratuits lors des discussions budgétaires.
Tout d’abord le personnel des PTT partage avec tous les fonctionnaires les déceptions du rendez-vous d’octobre que le gouvernement a manqué une fois de plus.
Des engagements, des promesses avaient été faits, un article de la loi des Finances donnait même à ces promesses l’aspect d’une certitude.
Octobre est passé, puis trois autres mois. Et le personnel des PTT, qui avait cru pouvoir bénéficier enfin d’une véritable remise en ordre des traitements et d’un reclassement unanimement revendiqué, apprend que le gouvernement allonge la durée des carrières et s’apprête à créer le plus effroyable des désordres dans la situation existante. Des dizaines de milliers de postiers ne bénéficieront pas du relèvement de 10 points d’indice que chacun aurait dû obtenir au minimum.
Les conditions de travail se sont aggravées par un travail souvent supérieur à 48 heures.
On refuse aux jeunes télégraphistes, auxiliaires et cadres complémentaires, une prime de risques, obtenue par les catégories dont le travail comporte des dangers.
Enfin, il ne suffisait pas aux facteurs-chargeurs et manutentionnaires d’être moins nombreux qu’en 1938 pour écouler un trafic de 50 % (en moyenne) supérieur à celui de 1949 et incomparablement supérieur à celui de 1938.
Le gouvernement veut aujourd’hui couper arbitrairement leur catégorie en deux, allonger leur temps de service et celui de leur emploi d’avancement de 18 ans en 24 ans, aggraver les conditions d’accès à l’indice maximum.
Résumons simplement en disant que jamais un personnel n’a donné autant de satisfaction et de ressources à des gouvernements mais qui s’est vu, en définitive, l’un des plus outrageusement traité.
Tel est le fond des luttes anciennes et actuelles.
Telle est enfin la raison de l’union au sommet des trois fédérations nationales des travailleurs des PTT, CGT, CFTC, Autonomes et inorganisés.
Une réunion à la Maison du peuple
A 16 h. mercredi, les facteurs grévistes se sont réunis en assemblée générale à la Maison du peuple.
Au cours de cette réunion ils ont décidé, suivant les ordres des fédérations nationales, de reprendre le travail aujourd’hui.
En principe donc on peut compter que le courrier sera distribué. Toutefois, à partir de 20 h. hier, les services d’acheminement (centre de tri de Poitiers-gare) devraient se mettre en grève à leur tour pour 48 heures. Hier à 18 h. on considérait au cours de la réunion de la Maison du peuple, que 50 à 60 % des effectifs suivraient cet ordre de grève.
A la fin de le réunion les facteurs ont voté la motion suivante qui a été remise à la Direction des PTT, à la Préfecture et transmise aux parlementaires.
La motion
Les employés des PTT du bureau de Poitiers CGT, CFTC, autonomes et inorganisés, réunis en assemblée le 20 février 1957, tiennent à marquer leur profond désaccord avec le projet de réforme proposé par l’administration et actuellement en discussion, estiment que toute véritable réforme des employés ne peut se concevoir que :
1° Sur la base de l’échelle unique de 160 à 220 pour les facteurs, chargeurs et manutentionnaires, 250 pour les facteurs-chefs, 295 pour les agents de surveillance et brigadiers chargeurs.
2° L’extension de l’indemnité des risques aux jeunes télégraphistes, aux auxiliaires et cadres complémentaires, le rétablissement de l’indemnité de responsabilité, la revalorisation des indemnités (vélos, chaussures, heures de nuit..).
3° L’amélioration des conditions de travail, l’augmentation des effectifs, les 45 heures.
4° Prise en compte de la totalité des services accomplis en qualité d’auxiliaires pour l’avancement d’échelon.
CGT, CFTC, autonomes, inorganisés.
le 25/07/2021 à 18:33
Source : Le Libre Poitou
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