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0453318/04/1957POITIERS

90 % DES CHEMINOTS SONT EN GRÈVE À LA TRACTION

et 50 à 60 % à l'exploitation
Trafic très réduit : quelques express ont circulé mais aucun départ d’omnibus n’est prévu.

A minuit, mercredi, répondant à l’appel lancé sur le plan national par les Syndicats, les Cheminots poitevins se sont mis en grève.

Il est difficile de donner le nombre des grévistes. Toutefois, dans la matinée de mercredi, on avançait les pourcentages suivants :

30 % pour la traction, 50 à 60 % pour l’exploitation.

La gare de Poitiers était presque totalement déserte. Il n’y avait aucun employé aux guichets et évidemment aucun voyageur.

Cependant le trafic n’était pas totalement interrompu. Au cours de la nuit, les express en direction de Paris et Bordeaux ont circulé normalement. Mercredi, dans la journée, trois trains étaient prévus : le Bordeaux-Paris de 15 heures ; le La Rochelle-Poitiers de 14 h. 50 et le Poitiers-La Rochelle de 15 h. 31. Par contre aucun omnibus n’a quitté la gare de Poitiers et le train « Drapeau » n’a pas eu lieu.

Un train de marchandises s’est arrêté dans la nuit à Poitiers. Les mesures nécessaires ont été prises pour préserver les denrées périssables qu’il transportait et notamment une livraison de crabes vivants destinés à Lyon.

A 10 h. 30, les cheminots grévistes ont tenu une réunion à la Maison du peuple, au cours de laquelle plusieurs orateurs représentant les divers syndicats ont pris la parole.

Dans les autres gares du département, la situation est semblable, quais déserts et trafic réduit à l’extrême.

En général les trains qui ont circulé depuis le début de la grève contenaient fort peu de voyageurs, la plupart d’entre eux ayant annulé leur voyage de peur de rester bloquer en cours de route.

Tous les services de sécurité sont assurés.

La situation mercredi

En fin d’après-midi de mercredi, la situation en gare de Poitiers n’avait pas changé. Le train Paris-Bordeaux est passé dans notre ville avec 45 minutes de retard. Ceux venant et partant pour La Rochelle ont également subi des retards.

Aucun train omnibus ne prit le départ, les convois de marchandises ne circulaient pas non plus.

Le nombre de voyageurs était pratiquement insignifiant.

La moyenne des grévistes s’établissait ainsi : service traction : 90 % ; service exploitation : 60 % ; service voie : 50 %.

Le meeting des Cheminots jeudi, à 17 h., Maison du peuple

A la suite de la réunion des cheminots tenue à la Maison du peuple, mercredi à 10 h., il a été décidé, pour l’ensemble des syndicats, qu’une nouvelle réunion se tiendrait le jeudi à 17 h., même lieu. A la suite de laquelle une résolution sera mise aux voix.

Les « roulants » des Chemins de fer nous exposent les raisons de leur mouvement de grève

La FGAAC (section de Poitiers) communique au public les raisons de la grève de ses roulants :

La grève de 48 heures a pour cause, d’une part, des revendications d’ordre général pour l’ensemble des cheminots et, d’autre part, pour les roulants des revendications sur la réglementation du travail.

Le roulant travaille dimanche et fêtes, sans aucune compensation de quelque sorte que ce soit. Il peut, si on l’oblige, travailler autant de dimanche qu’on lui impose, sans qu’il puisse faire valoir son droit à un tour de dimanche. Pour les nuits, c’est la même chose, aucun roulement de nuit qui alterne avec un roulement de jour.

De juin à octobre, douze jours de congés maximum.

Mais tout ceci serait peu de choses.

Mais l’amplitude du travail journalier peut être de 13 heures. L’on peut lui donner son repas de midi à 16 heures et son dîner à 2 heures du matin, sans que l’on tienne compte des lois de la nature.

Pour le service facultatif, après une journée de travail et un repos de 9 heures dans un dépôt étranger, il est obligé de ne plus s’absenter, sans que pour cela il puisse y avoir un décompte de travail.

La semaine de travail est de huit jours. Il peut partir en repos hebdomadaire à 21 heures ou reprendre son travail après un repos hebdomadaire à 6 heures du matin.

Il doit coucher dans les dortoirs plein de bruits, des dépôts où se trouvent des chambres à deux, trois et même cinq agents.

Nous terminons en disant que si nous avons accepté cette réglementation draconienne après la Libération c’était pour permettre à la SNCF de remettre en service ses installations détruites, le plus rapidement possible. Ainsi, maintenant que nous sommes à la pointe des records mondiaux, nous demandons une réglementation qui nous permette de vivre plus normalement.

En conséquence, nous demandons au public qui a confiance en nous, car il prend le train sans aucune appréhension, de réfléchir à notre mode de vie et demandons aux usagers de nous faire rendre justice.

La section FGAAC de Poitiers. Le secrétaire, Merle

 

 

 

le 01/08/2021 à 16:29

Source : Le Libre Poitou

grève, meeting

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