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0458717/10/1957POITIERS

LA GRÈVE DU PERSONNEL EDF-GDF A TOUT PARALYSÉ

L’ordre de grève lancé pour mercredi par les centrales syndicales de l’Électricité et du Gaz de France a été suivi par le personnel. Toutefois les services de sécurité étaient assurés dans les usines électriques et à l’usine à gaz. Les poitevins en ont subi les conséquences comme tous les français puisqu’à partir de 6 h. 35 pas un kilowatt n’est pratiquement passé dans les lignes électriques de tout le territoire.

Si cette grève a occasionné de nombreux ennuis à tous, elle a également été à l’origine de graves perturbations dans les services publics.

Dans les hôpitaux

C’est ainsi que l’Hôtel-Dieu et toutes les cliniques de Poitiers ont été privés de courant durant plusieurs heures. Cette interruption causa de gros soucis aux responsables de ces établissements. A l’Hôtel-Dieu, le groupe électrogène de faible puissance fut secondé par celui de l’ENSMA beaucoup plus puissant. Cette présence a permis d’assurer le fonctionnement des services les plus importants, c’est-à-dire : le service des prématurés, la banque de sang. Fort heureusement il n’y avait pas de malade dans le poumon d’acier.

Un problème se posait également aux cuisines qui fonctionnent en majorité à l’électricité. Là, toutefois, le gaz malgré sa pression diminuée, a pu permettre de parer au plus pressé.

Dans les autres cliniques de la ville la situation était aussi grave, c’est ainsi qu’à la clinique de Pont-Achard, les opérations chirurgicales prévues dans la matinée n’ont pu être faites.

A 10 h. 35, tous les établissements hospitaliers ont été alimentés grâce au courant des usines de l’Isle-Jourdain.

Dans les chemins de fer

A la gare de Poitiers, la situation était également très confuse. En effet, à 6 h. 35 tout le trafic électrique avait cessé, des trains de voyageurs étaient en panne, celui d’Angoulême à Anché-Voulon, celui de Tours à Ingrandes ; d’autre part de nombreux trains de marchandises étaient stoppés à l’endroit même ou l’arrêt de l’énergie électrique les a surpris.

Les locomotives électriques furent aussitôt remplacées par des locomotives à vapeur ou diesel. Il s’ensuivit évidemment de sérieuses perturbations dans le trafic. Le train « Drapeau » en direction de Paris fut remplacé par un autorail.

Au service des eaux

L’inquiétude régnait au début de la matinée au service des eaux de Poitiers. En effet, du fait de l’interruption de courant les stations de pompage étaient paralysées et ne pouvaient alimenter les châteaux d’eau de la ville. De telle sorte que Poitiers a vécu toute la journée sur ses réserves en eau potable.

Au cours de la matinée une inquiétude nouvelle surgit, l’usine à gaz ne pouvait plus fonctionner, même à pression réduite, sans eau, aussi les responsables demandèrent aux services des eaux d’assurer le ravitaillement de l’usine à gaz, ce à quoi il fut répondu : « donnez-nous du courant électrique pour alimenter les châteaux d’eau, nous vous fournirons de l’eau ». Finalement une faible quantité d’énergie électrique fut dispensée au services des eaux en fin de matinée.

Toute la vie économique de notre région fut paralysée par la grève de l’EDF, aucune industrie ne fut en état de travailler normalement, le commerce lui-même connut de sérieuses difficultés. Les grands magasins de Poitiers s’éclairaient à l’aide de moyens de fortune, la plupart des magasins de la ville faisaient de la « vente aux chandelles ».

Les services de trolleybus furent eux aussi paralysés. On les remplaça par des autobus. Dans nos rues, aux carrefours, les gardiens de la paix ont remplacé les signaux déficients. Bref, pas un poitevin ne fut épargné par le manque d’électricité. Cette journée du 16 octobre fut celle des « mal rasés », en effet tous ceux qui utilisent des rasoirs électriques on répugné à revenir en arrière et à reprendre le rasoir mécanique d’autrefois.. pour 24 heures ils sont restés barbus.

Dans les boulangeries aussi on a connu des difficultés et dans bien des cas les fournées du jour n’ont pas été cuites.

Si la baisse de pression du gaz ne fut pas très sensible dans certains quartiers, dans d’autres elle occasionna des désagréments aux ménagères ne serait-ce que par la lenteur que les aliments avaient pour cuire.

Enfin, douze heures après le déclenchement de la grève, c’est-à-dire à 18 h. 30, le courant électrique était rétabli. A la même heure la pression du gaz redevenait normale. Les activités reprenaient leur cours.

Un communiqué

A l’issue de la grève, les syndicats nous ont adressé le communiqué ci-dessous, avec prière d’insérer, que nous publions à titre d’information :

« Le personnel des industries électriques et gazières de la Vienne, tout entier, a suivi l’ordre de grève d’avertissement d’une journée lancée par les organisations syndicales CGT, CFTC, CGT-FO et UNCM (CGC).

« Les ouvriers, employés et cadres de tous grades qui ont participé au mouvement, entendaient relever le défi jeté par les « barons des finances » à la face d’un personnel qui ayant toujours été conscient de ses devoirs, ne peut admettre un tel mépris de ses droits.

« A l’issue de cette grève dont l’ampleur est à souligner, qu’il soit permis d’espérer que ce solennel avertissement aux « dictateurs des finances » sera compris.

« En tout état de cause les organisations syndicales de la Vienne se déclarent prêtes à reprendre le mouvement, en l’intensifiant au besoin.

« Ils font connaître leur inébranlable volonté de lutter :
« - Pour assurer au personnel des salaires décents ;
« - Contre l’étatisation d’EDF et GDF ;
« - Contre l’ingérence illégale du Ministre des Finances ;
« - Pour que vive et prospère un « Service public » dont la France peut s’enorgueillir ».

 

 

le 06/08/2021 à 09:46

Source : Le Libre Poitou

grève, gaz, unité, perturbations

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