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Voici une déclaration du syndicat des Cadres, Employés et Ouvriers (CFTC) de la Banque de France :

« L’expansion économique, dont les salariés n’ont pas eu leur juste part, dégénère en inflation dont ils sont les premières et principales victimes.

« Alors que l’entrée de la France dans le Marché Commun Européen devrait stimuler la vitalité économique du pays, le déficit de la balance des paiements épuise les réserves de change, accroît notre endettement à l’égard de l’étranger et, par la réduction des importations menace de récession d’importantes branches d’activité.

« Alors que l’absence d’un pouvoir politique assuré de l’autorité et de la durée inquiète et décourage les Français, l’importance du déficit budgétaire et la crise de la trésorerie se traduisent par des recours trop faciles aux avances de l’Institut d’Émission, ce qui ne résout pas les problèmes.

« La hausse inflationniste des prix, dont les Gouvernements ont été pour une bonne part responsables et qu’entretiennent les spéculateurs à la baisse du franc, atteint douloureusement le pouvoir d’achat des travailleurs, tout particulièrement lorsqu’ils sont chargés de famille.

« Pourtant la puissance économique de la France ne cesse de s’affirmer. L’inflation peut être jugulée et l’expansion réalisée dans la stabilité monétaire et le progrès social.

« Encore faut-il que, sans plus tarder, des hommes d’État plus sensibles aux avis éclairés des experts qu’aux luttes stériles de la politique, prennent avec courage les mesures qui s’imposent. Un plan d’ensemble doit être élaboré et mis en œuvre avec le concours des centrales syndicales.

« Ainsi, avec l’adhésion des travailleurs, pourraient être prises au service de l’intérêt général des mesures efficaces pour contenir les prix, assainir les finances publiques, encourager les investissements de façon sélective, réformer la fiscalité et les circuits de distribution, répartir plus équitablement le revenu national.

« La Banque de France, par tradition gardienne de la monnaie et devenue Service public, a toujours participé aux redressements financiers. Son rôle, en particulier dans le domaine du crédit et des changes, qui est de stimuler l’expansion en évitant l’inflation, peut s’affirmer au dessus des intérêts privés et en dehors des pressions des gouvernements passagers.

« Son personnel est prêt à participer plus largement aux tâches d’assainissement et de développement de l’économie dont dépend l’avenir de la France.

« C’est dans cet esprit que le Syndicat des Cadres, Employés et Ouvriers de la Banque de France s’associe à l’avertissement solennel lancé par la Confédération Française des Travailleurs Chrétiens pour condamner : la hausse des prix et l’inflation ; la diminution du niveau de vie des travailleurs et de leurs familles ; la récession économique et la régression sociale ».