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Voir défiler dans les rues un cortège aussi pittoresque que celui qui pouvait être vu vendredi en fin de matinée aux alentours de la Sous-préfecture, n’est guère coutumier. Le texte des pancartes que certains participants portaient était assez clair pour qu’on devine facilement quel était le but exact de la manifestation.

Il n’avait rien de provocant et on pouvait dire que le caractère révolutionnaire lui avait été enlevé. C’est pour cela qu’aucun incident n’eut lieu et que les services de sécurité qui avaient été prévenus n’ont pas eu à intervenir.

Tout le monde sait qu’elle est la situation des Établissements Maurice Rocher, à Cenon-sur-Vienne. Jusqu’à ce jour, aucune solution réelle n’a été donnée à cette situation, ce qui peut faire craindre le pire aux ouvriers de cette usine.

Les réactions qui peuvent se produire chez eux sont donc légitimes en soi et les mouvements de grève sont prévisibles.

Le motif de la manifestation d’hier se trouvait inclus dans la motion que nous avons publiée le 9 décembre dernier, lors de la reprise du travail après grève. Cette motion disait en substance :
« Constate avec regret qu’une vente de machines-outils actuellement en service doit avoir lieu début janvier, d’autres ventes suivant de trois semaines en trois semaines jusqu’à liquidation des machines-outils existantes ».

Craignant qu’on démantèle les usines à un tel point qu’aucun travail n’y soit plus possible, ce qui provoquerait le chômage, les ouvriers des Établissements Rocher manifestaient en signe d’avertissement, estimant que les Pouvoirs publics se montreront assez perspicaces pour que rien ne soit fait qui puisse provoquer la misère chez un bon nombre d’entre eux.

Voilà pourquoi, hier, en fin d’après-midi, les ouvriers de ces Établissements ont défilé pacifiquement et sont allés présenter une motion à M. le Sous-préfet.

Une motion

On nous prie d’insérer :

Le personnel des Usines Rocher, réuni le 26 décembre 1957, à 11 h. 45, a décidé de déposer auprès de M. le Sous-Préfet de Châtellerault la motion suivante :

« Devant les mesures draconiennes prises par l’administration des Domaines tendant à vendre les machines-outils des usines, instruments de travail de plus de 200 personnes, mesures faisant suite à toutes celles prises jusqu’à ce jour et qui n’ont fait qu’entraver son travail,

« Le personnel s’élève contre cette décision qui entraînerait également la fermeture des établissements, le privant ainsi de son pain quotidien,

« Demande avec véhémence que soient annulées ces dispositions, se réservant d’employer tous les moyens légaux en son pouvoir pour attirer l’attention des autorités sur cette situation ».

 

 

Les fichiers joints :

Manifestation devant la sous-préfecture
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